Un retour à la normale très progressif dans les Ehpad après un confinement difficile, surtout pour les résidents qui ont souffert de solitude. Dans l'établissement l'Abbaye, à Grenoble, les visites ont repris depuis quelques jours et, peu à peu, les animations en collectivités recréent du lien.
Trois mois sans contact direct avec leurs proches, c'est ce qu'ont vécu les 80 résidents de l'Ehpad de l'Abbaye à Grenoble. Au plus fort de l'épidémie de coronavirus, les visites avaient été suspendues dans cet établissement comme tous les autres en France. Aujourd'hui, accompagnés par les soignants, ils reprennent le court d'une longue vie après un confinement parfois mal vécu.
"Au début ça a été long la remise en route parce qu'ils avaient du mal à marcher, à se concentrer, je m'en suis bien aperçue avec certaines personnes qui avaient eu une grande absence. Mais maintenant, ça revient petit à petit (...) on reprend confiance en soi aussi", constate Marie-Claire Charon, animatrice dans cet établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes.
Reprendre de l'assurance, sortir de la chambre et retrouver la famille. Le déconfinement a été tardif dans les Ehpad, et le directeur de l'établissement grenoblois appréhendait ce moment. "Ce sont des gens qui ont tenu la barre et qui se sont forcés à 'rester en vie', surtout à cette période-là. On craignait que, psychologiquement, une fois qu'ils revoient leur famille, tout se relâche un petit peu et qu'on ait une surmortalité due à ce relâchement psychologique", explique Stéphane Abadie.
"On ne peut pas faire autrement"
Cet isolement, Micheline, 90 ans, l'a vécu avec philosophie. "On prend la vie comme elle vient maintenant, dit simplement cette résidente. Je suis bien soignée, les gens sont gentils. Qu'est-ce que vous voulez faire de plus ? On ne peut pas faire autrement, ce n'est pas la peine de se rebeller."
Pour les proches, la reprise des visites a été un soulagement, bien qu'il va falloir s'adapter aux nouvelles contraintes sanitaires alors que le coronavirus circule toujours. "Le masque, je pense que (maman) a fait avec. Elle m'a reconnue malgré tout et ça n'a pas l'air de la choquer. Je viens régulièrement, il faut avoir le masque, on met le masque et puis voilà", témoigne Françoise Piazza, représentante des familles à l'Ehpad de l'Abbaye.
Une reprise lente, par phases, même si les mesures barrières restent en vigueur. Depuis une semaine, les visites des proches peuvent enfin se faire librement.