La future hausse de la taxe foncière a enflammé les débats, lundi, au conseil municipal de Grenoble. L'augmentation du taux d'imposition pourrait être encore plus élevée que les 15 à 25 % annoncés par la ville. L'opposition a demandé une mise au point.
Ce sera le gros dossier du début d'année. A Grenoble, les finances municipales sont au plus mal et le niveau d'endettement atteint des records. Si la question n'était pas à l'ordre du jour, elle s'est invitée au menu du conseil municipal de ce lundi 12 décembre.
Les échanges étaient électriques autour de la future hausse de la taxe foncière. La Ville a parlé d'une augmentation de 15 à 25 %, mais les rumeurs annoncent plus encore, alors que le taux d'imposition est déjà l'un des plus élevés de France (52,7 %). "On laisse les rumeurs à ceux qui les propagent", a répondu le maire Eric Piolle (EELV), éludant les demandes de mise au point de l'opposition.
A Grenoble, la question est explosive en raison, notamment, des cinq emprunts contractés cette année pour un total de 42 millions d'euros. La Ville cumule désormais près de 320 millions d'euros de dettes.
"L'année 2022 aura battu tous les records d'endettement. La dette Piolle va s'étaler jusqu'en 2050 a minima. Et, en parallèle de la dette, il prévoit d'augmenter les impôts considérablement, entre 20 et 30 %", dénonce Alain Carignon, conseiller municipal (Les Républicains) d'opposition.
"L'insincérité" du budget 2022 en cause
Parmi les explications possibles, le dossier Grenoble Habitat. "Vous vendez les bijoux de famille tout en augmentant les impôts et en ayant recours de manière inconsidérée à l'emprunt", a taclé Cécile Cenatiempo, conseillère municipale PS.
La Ville veut vendre ses parts du bailleur social mais le dossier est au point mort à cause, en grande partie, d'un désaccord politique avec la Métropole. "Les raisons qui font que cet endettement existe, c'est l'intégration dans le budget de la vente de la compagnie de chauffage et de Grenoble Habitat. Ca commence là, c'est l'insincérité dans laquelle on s'est embarqué en 2022", résume Romain Gentil, conseiller municipal (apparenté PS) d'opposition.
Il n'y a aucune entente ou stratégie politique de financement de projets.
Emilie Chalas, conseillère municipale Renaissance d'oppositionà France 3 Alpes
Pour boucler son budget, en fin d'année dernière, la Ville de Grenoble la ville avait intégré la cession à la Métropole de ses actions du bailleur social Grenoble Habitat pour 17 millions d'euros en 2022 - 34 millions d'euros au total. Sauf que la cession n'a pas eu lieu et que son montant pourrait être moindre. Face également à l'inflation, à la crise énergétique, il faut désormais équilibrer les comptes.
"Il y a de l'argent dans les territoires, sauf qu'Eric Piolle passe son temps à se chamailler politiquement avec tout le monde, estime pour sa part la conseillère municipale d'opposition Emilie Chalas (Renaissance). Le Département est à droite, la Région, n'en parlons pas, avec M. Wauquiez. Et à la Métropole, ils sont dans la même majorité mais c'est la guerre perpétuelle. Donc il n'y a aucune entente ou stratégie politique de financement de projets."
L'adjoint aux finances n'a pas souhaité s'exprimer avant le débat d'orientation budgétaire. Rendez-vous fin janvier pour un nouveau conseil sans doute explosif.