Plombées par le contexte sanitaire et de nombreux arrêts maladie, les urgences du Groupe Hospitalier Mutualiste (GHM) de Grenoble ont averti qu'elles ne pouvaient plus prendre de nouveaux patients, sauf cas de force majeure.
Depuis ce mercredi 3 novembre, un message d'avertissement écrit à l'attention des visiteurs est scotché sur la porte des urgences : "Le service n'est plus en capacité d'accueillir de nouveaux patients, sauf urgence vitale". L'annonce est sans équivoque. Depuis quelques jours, les urgentistes du Groupe Hospitalier Mutualiste (GHM) de Grenoble rencontrent une situation de crise.
Victimes du contexte sanitaire, de la saturation d'autres services et d'un épuisement du personnel, les effectifs des urgences ont été vidés par les arrêts maladie. Depuis quelques jours, les soignants sont au nombre de six sur 12 équivalents temps plein.
Trois récents arrêts maladie ont poussé le service à passer en "mode dégradé". Il était devenu impossible de faire face à l'affluence : "C'est du découragement par moment. Lorsque vous arrivez et que vous commencez par faire de la spécialisation, alors que les couloirs sont noirs de monde, notre mission d'urgence n'existe plus", se désole Jean-Pierre Metais, infirmier.
"Quelques tensions"
Les couloirs, d'habitude bondés par une vingtaine de lits, sont inoccupés. Désormais, les urgences du GHM ont demandé aux pompiers et au SAMU de rediriger les pris en charge vers d'autres structures. De plus, un médecin organisateur d'accueil se charge du "tri" : seules les personnes avec des traumatismes graves sont reçues.
Depuis que je travaille ici, je n'ai jamais vu une telle situation.
Jocelyn, urgentiste au GHM.
"Hier, il y a eu quelques tensions avec des personnes qui ne comprenaient pas forcément la gravité de la situation ici", témoigne Jocelyn, un urgentiste : "Mais généralement, après explications, les patients comprennent plutôt bien."
Cela fait une dizaine d'années qu'il travaille au GHM et cette crise est une grande première pour lui : "Depuis que je travaille ici, je n'ai jamais vu une telle situation.".
Il n'est pas le seul à s'inquiéter. Les syndicats témoignent d'un épuisement des soignants, malgré de nombreuses alertes : "Ces arrêts maladie sont une réalité. Ce n'est pas anodin. Ça traduit une alerte, une détresse et une demande urgente d'amélioration des conditions de travail, pour le personnel", explique Thierry Carron, secrétaire FO du Groupe Hospitalier Mutualiste.
Vers un plan blanc ?
De son côté, la direction du GHM évoque une situation nationale : "L'ensemble des services d'urgence en France connaissent d'énormes difficultés dues au manque de médecins urgentistes, en particulier. Mais les difficultés viennent aussi du manque de ressources paramédicales dans les services d'hospitalisation. Aujourd'hui, on cherche des infirmiers et des aides-soignants."
De 95 passages par jour, les urgences en reçoivent désormais moitié moins. Le service pourrait continuer à fonctionner de la sorte pendant au moins une semaine. Avec l'ARS, les établissements du sud de l'Isère évoquent la possibilité de déclencher un "plan blanc", une décision radicale pour faire face à cette crise jugée sans précédent.