Un synchrotron aux capacités d'exploration de la matière cent fois supérieures à l'existant va entrer en service le 25 août à Grenoble. Vingt mois de travaux ont été nécessaires.
C'est une première dans le monde. Un synchrotron de quatrième génération va entrer en service le 25 août à Grenoble. Ses capacités d'exploration de la matière seront cent fois supérieures à l'existant, a annoncé son exploitant, l'European Synchrotron Radiation Facility (ESRF) ce mercredi 8 juillet.
Il s'agit du premier accélérateur de particules à "haute énergie" de cette capacité inauguré à travers le monde. Cependant, quatorze autres projets de modernisation de synchrotrons - de même nature que celui mené dans les 844 mètres de l'anneau grenoblois - sont actuellement en cours.
Qu'est-ce que le synchrotron de Grenoble ? Il fournit des flux de rayons X très intenses, accélérés à une vitesse proche de celle de la lumière dans un grand anneau. La technologie de cette nouvelle génération d'appareils permettra un meilleur examen de la matière, jusqu'à l'échelle de l'atome, grâce à une amélioration de la "brillance" et de la "cohérence" du flux des rayons X projetés.
Développée depuis 2012 par les équipes de l'ESRF, elle fournira "de nouveaux outils d'investigation de la structure de la matière vivante et des matériaux", avec des "applications dans de nombreux domaines tels que la santé, l'énergie, l'environnement, les nouveaux matériaux durables et innovants, mais aussi le patrimoine culturel et la paléontologie".
"La science des rayons X a toujours repoussé les frontières de la Science. Mais la technologie mise en oeuvre ("Extremely brilliant source" ou EBS), est notre plus belle percée de ces derniers mois et va ouvrir des perspectives pour la prochaine décennie. C'est une étape très importante", s'est félicité mercredi Francesco Sette, le directeur général d'ERSF.
150 millions d'euros pour la modernisation
Situé sur la presqu'île scientifique de Grenoble, l'ancien ESRF avait été arrêté le 10 décembre 2018 après vingt-six ans d'activité. Inauguré en 1994, il avait été le premier accélérateur de particules de troisième génération lancé à travers le monde.
Vingt mois de travaux ont été nécessaires pour dépouiller son anneau de ses 1 720 tonnes d'équipements et pour installer dans son tunnel la nouvelle machine, qui pourra scanner des objets longs de 2,50 mètres. Les premiers électrons ont été injectés au sein du nouvel accélérateur de particules en novembre 2019. Vingt-deux pays ont participé au financement de sa modernisation, estimée à 150 millions d'euros.
Avant même son inauguration officielle, le nouvel outil a été utilisé à l'occasion de la crise sanitaire, notamment dans le domaine de la biologie structurale pour tenter de comprendre le fonctionnement et l'interaction du Covid-19 avec le corps humain, afin de contribuer à la recherche d'un vaccin. Des chercheurs se sont également appuyés sur son système d'imagerie 3D pour scanner des poumons et analyser les effets du coronavirus lors de la phase de surinfection.
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— European Synchrotron (@esrfsynchrotron) April 3, 2020
The @esrfsynchrotron is joining forces with its partners of the campus @ILLGrenoble @embl @IBS_Grenoble
▶️ #CryoEM and #MX beamlines can be made available for priority #COVID19 related projects.
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