Isère. Depuis 10 ans avec Entr'Ailes, Mylène aide les femmes victimes de violences conjugales à se relever

Depuis 10 ans, avec son association Entr'Ailes, Mylène Pech accompagne bénévolement les femmes victimes de violences conjugales dans leurs démarches auprès des avocats, assistantes sociales, psychologues ou forces de l'ordre... Et elle y met tout son coeur et sa détermination.

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C’est une femme comme il y en a peu. Disponible, désintéressée et dévouée à une cause, celle des femmes victimes de violences conjugales.

Mylène Pech a été confrontée au problème pour la première fois il y a un peu plus de 10 ans lors d’un dramatique "fait divers" qui s’est déroulé tout près de chez elle, à Pont-de-Claix, dans l'agglomération de Grenoble.

Elle a été témoin du désarroi de sa voisine. Et a décidé de l'aider à s'en sortir. Peu de temps après, elle a créé son association, baptisée Entr'Ailes. L'association fête cette année ses 10 ans.
 

Rendez-vous dans l'arrière-boutique d'une pharmacie


Sans local, Mylène a d'abord reçu les femmes victimes de violences conjugales dans l'arrière-boutique d'une pharmacie. Nathalie Salerno, pharmacien à Pont-de-Claix, lui a ouvert les portes de son officine et lui laissait utiliser la photocopieuse et le fax pour les différentes démarches nécessaires.

Après avoir bataillé pendant quelques années, Mylène a obtenu un local de la mairie pour son association mais elle continue à rendre visite régulièrement à Nathalie. 

"Mylène est très forte mais elle a un coeur de guimauve" explique Nathalie qui répond toujours présent lorsque Mylène vient frapper à sa porte pour se libérer un peu de "la charge psychologique très forte" qu'elle subit.
 
 

Bénévole depuis 10 ans


Mylène est toujours disponible pour les femmes victimes de violences conjugales : "Elles ont la consigne de m'appeler 24 heures sur 24 si elles ont un problème". 

Elle ne fait rien à la place des femmes qu'elle décide d'aider mais elle les accompagne au tribunal, chez l'assistante sociale, le médecin ou des forces de l'ordre si elles le souhaitent. "Je leur dis voilà le tableau il est noir mais ensemble on va mettre de la couleur (…) ce n’est qu’un parcours du combattant qu’elles ont".

Elle se bat aussi pour les aider à récolter des peuves des violences qu'elles subissent, qu'elles soient physiques, psychologiques, administratives, économiques.

Elle les aide à "s'évader" parfois en échangeant autour d'un café, en organisant des animations ou des sorties.

Et elle trouve, grâce à "son réseau", des appartements pour cacher les femmes qui se sont sauvées dans l'urgence et qui sont menacées par leur conjoint.
 

Déjà 36 femmes accompagnées cette année


C'est le cas d'Asma (ndlr : le prénom a été changé) qui s'est mariée au Maroc avec un français en décembre 2018.

Le conte de fée s'est transformé en cauchemar en juin quand elle est arrivée en France. "Il m'a dit, l'homme que tu as connu à Casablanca tu ne le retrouveras plus jamais". 

Effectivement, Asma a subit privations, cris, insultes et humiliations. Et puis, les coups sont arrivés. Elle se souvient de la première fois : "C'était le 1er août". Après, son mari l'a emmenée chez le médecin. "Il m'a acheté les médicaments, une part de pizza et un éclair au café" explique Asma. Il pensait avoir payé sa dette.

A partir de ce jour, Asma a été frappée régulièrement. "Il aimait me taper la tête, contre les murs contre le sol, il m'attrapait par les cheveux" explique la jeune marocaine. "Il me faisait comprendre que s'il me tapait c'était à cause de moi ou pour mon intérêt."

Depuis deux mois, Asma vit cachée dans un appartement que Mylène lui a trouvé. Elle espère obtenir bientôt une ordonnance de protection. Mais s'échapper, ça n'a pas été simple. Asma n'avait pas d'argent, pas d'endroit où se réfugier.

Ce sont finalement les gendarmes qui ont appelé Mylène à la rescousse. Elle était partie au bord de la mer pour le week-end mais n'a pas hésité un seul instant et a pris sa voiture pour rentrer.
 
En ce moment, Mylène suit aussi Sabrina qui souffre de ne pas voir son fils. Elle n'a jamais osé porter plainte contre son mari violent. Le jour où elle a quitté le domicile conjugal, elle a pu prendre sa fille avec elle mais son fils a refusé de venir car il était en train de jouer. Le juge a considéré qu'il s'agissait d'un abandon de domicile. Il a confié la garde du petit au papa. Pour la grande soeur, une garde alternée a été mise en place.

Le juge autorise Sabrina a récupérer son fils un week-end sur deux. Mais son mari refuse de lui confier. Alors, inlassablement, depuis un an et demi, elle porte plainte tous les 15 jours à la gendarmerie et il ne se passe rien. "La loi n'est pas respectée et il ne se passe rien" tempête Mylène qui accompagne régulièrement Sabrina à la gendarmerie pour la soutenir.

Depuis le début de l'année, Mylène a suivi 36 femmes avec son association.
 

Rien ne change


Depuis 10 ans, Mylène se démène bénévolement avec à ses côtés l'avocate de l'association et une psychothérapeute mais très peu de moyens.

Et elle peste en constatant que rien ou presque n'a changé depuis toutes ces années.

Le plus souvent ce sont les victimes qui doivent quitter le domicile conjugal, elles n'ont pas l'accueil qu'elles méritent lorsqu'elles décident de porter plainte et elles ne trouvent pas suffisemment d'aide lorsqu'elles se retrouvent en situation d'urgence.

Elles ont peur et la société a peur d'elles.

Souhaitons que les nouvelles mesures annoncées le 25 novembre dernier par Edouard Philippe dans le cadre du Grenelle des Violences Conjugales fassent changer les comportements.

En attendant Mylène est à la recherche de bonnes volontés pour l'aider à aider. Vous pouvez la contacter par courriel : entr-ailes@hotmail.fr








 


 
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