Chaque année, le Secours Catholique rend son rapport annuel sur la précarité. En Isère, elle a fortement augmenté après les périodes de confinement et l’arrêt des aides de l’Etat, mais aussi avec les augmentations du prix de l’électricité et des produits de première nécessité. Aujourd’hui, des centaines d'Isérois vivent avec moins de 453 euros par mois.
Au petit-déjeuner du Secours catholique de Grenoble, leur nombre a doublé depuis le début de la crise sanitaire. Les bénéficiaires sont pour la plupart des familles, des mères et des femmes isolées. Gemma a 67 ans. Elle vit dans une situation de précarité depuis une dizaine d’années, depuis qu’elle a eu un AVC, qu’elle est seule et retraitée : "Franchement, je ne m’attendais pas à vivre tout ça. J’étais loin de m’imaginer qu’un jour, je serai concernée. Tout a basculé quand mon mari est parti. ll m’a laissée dans une situation financière catastrophique."
Aujourd’hui, Gemma vit avec une retraite de 760 euros par mois. Cette ancienne AVS (assistante de vie scolaire) en école primaire envisage même de retourner travailler : "Il faut réfléchir à ce que tu as dans le frigo, est-ce que tu vas pouvoir manger aujourd’hui. C’est tous les jours comme ça. J’ai honte de ma situation, j’ai l’impression que ça ne va jamais s’arrêter et j’envisage vraiment de retourner travailler."
57 % des bénéficiaires sous le seuil d'extrême pauvreté
Cette année, le rapport du Secours catholique révèle une forte augmentation de la précarité. En Isère, 57 % des bénéficiaires, soit près de 350 ménages, vivent aujourd’hui sous le seuil "d’extrême pauvreté", c'est-à-dire avec moins de 453 euros par mois, et 82 % sous le seuil de pauvreté soit moins de 1 132 euros par mois.
Éloïse, une autre retraitée, s’en indigne : "Quelqu’un qui est au RSA, qui a 400 euros, ce n'est pas possible, c’est impossible de vivre." Une situation qui empire au fil des semaines, avec l’augmentation du prix de l’énergie et des produits alimentaires : "Ce que nous voyons arriver, ce sont des personnes qui étaient en situation stable et que les imprévus ont fait basculer dans une précarité plus grande. Et eux ne connaissent pas les circuits. C’est à nous d’être un peu vigilants"; révèle Brigitte Gauthier, présidente du Secours catholique de l’Isère.
Quel hébergement pour les plus précaires ?
Un autre sujet préoccupe les bénévoles du Secours catholique : l’hébergement des plus précaires. Tous les jours, ils accueillent des familles avec des enfants, contraints de dormir dans la rue : "Nous, on interpelle l’Etat, c’est sa compétence, et le Département aussi pour les enfants de moins de 3 ans. Il faut qu'ils prennent leurs responsabilités et qu’ils fassent que ces personnes soient logées et hébergées," explique Audrey Mainguy, déléguée au Secours catholique de l’Isère.
Au Secours catholique de l’Isère, l’aide financière a augmenté de 10 % par rapport à l’an dernier. Mais de nombreux précaires, 30 % en France, n’y ont pas recours soit par méconnaissance de leurs droits, soit par renoncement.