À la rentrée prochaine, les loyers des hébergements Crous vont augmenter jusqu'à 3,5%. Premier poste de dépenses des étudiants, le logement est un enjeu crucial dans la réussite de leur formation. Déjà très durement frappés par l'inflation, certains pourraient quitter l'université.
C'est une entrée en matière qui fera date. Fraîchement nommée à la tête du Centre national des œuvres universitaires et scolaires (Cnous), Bénédicte Durand a annoncé une hausse de 3,5 % "maximum" des loyers des logements Crous, dans un entretien au Parisien. Elle table sur une augmentation "entre 2 et 6 euros par étudiant, par mois, une fois les APL pris en compte".
Selon la présidente, cette majoration des tarifs doit permettre de financer la rénovation du parc locatif du Crous. Objectif : "12 000 rénovations d'ici à 2027." L'Union étudiante de Grenoble (UEG) a immédiatement dénoncé "une honte", "alors que la précarité étudiante n’a jamais été aussi importante".
Une chambre pour douze étudiants
"C’est une décision gouvernementale assez symptomatique de la manière dont l’État considère l'enseignement supérieur et les services publics depuis plusieurs années, tempête Camille Pagiras, secrétaire générale de l'UEG. Le gouvernement estime que c'est aux étudiants de payer pour que le Crous soit autosuffisant."
Premier poste de dépenses des étudiants, le logement est soumis à une forte tension depuis plusieurs années. "Aujourd'hui, la moyenne nationale est d'une chambre Crous pour dix-sept étudiants, contre une pour trois par le passé, poursuit la syndicaliste. À Grenoble, nous sommes à une chambre pour douze étudiants. C'est encore insuffisant."
La résidence la moins chère de la ville, sur les vingt-six que compte Grenoble, devrait fermer ses portes "en 2025 ou 2026". "Le loyer y est actuellement de 177 euros par mois pour une chambre de 9 mètres carrés. Les locataires devront ensuite se rabattre sur des appartements à 286 euros minimum."
Première cause d'abandon
D'autant que d'après les calculs du syndicat étudiant, "à Grenoble, la hausse globale des loyers ne serait pas de 2 à 6 euros par mois, mais d'environ 15 euros", avance Camille Pagiras. "Cette réforme va encore augmenter la sélection à l'entrée de l'université. La précarité est la première cause d'abandon en licence." En France, près d'un étudiant sur deux a déjà sauté un repas à cause de l'inflation.
Une enquête réalisée par l'UEG, à Grenoble, en 2023, montrait qu'un étudiant sur dix vit dans un logement non décent. Plus de 10 % des répondants considéraient également que leur logement "a un effet négatif ou très négatif sur leurs conditions d’études", dont 25 % sont résidents du Crous.
🔴 Augmentation de 3,5% des loyers CROUS : nous ne paierons pas !
— L’Union Étudiante (@unionetudiante_) February 29, 2024
Les étudiant·es ne paieront pas le désengagement du gouvernement, qui préfère enfermer les jeunes dans la pauvreté.
Contre la précarité et cette hausse de loyer, signez la pétition : https://t.co/C2s2oQ6PN5 pic.twitter.com/xGEpH42Vuk
L'UEG n'envisage pas de mobilisation pour le moment. En septembre, le syndicat avait proposé l'idée d'un revenu étudiant, “pour faire en sorte que tous puissent être indépendants de leur famille et du salariat”. À l'échelle nationale, une pétition a été lancée par l'Union étudiante pour l'abandon de la hausse des loyers Crous. Camille Pagiras espère qu'elle "recrutera un maximum de soutien, y compris des parlementaires".