Les salariés de la clinique psychiatrique du Dauphiné de Seyssins, en Isère, ont entamé un mouvement de grève illimitée pour réclamer une amélioration de leurs conditions de travail. Le début d'un bras de fer contre le groupe Emeis, anciennement Orpéa, qui a racheté l'établissement en 2020.
Les soignants et le personnel administratif de la clinique du Dauphiné se sont mobilisés ce mardi 12 novembre à Seyssins, en Isère. Ils revendiquent une amélioration de leurs conditions de travail et une revalorisation salariale.
Changements d'organisation
Les grévistes étaient une vingtaine ce mardi matin devant le portail de la clinique psychiatrique, qui prend en charge environ 140 patients. Ils sollicitent la direction, réclamant "la prise de mesures pour mettre fin à deux ans de paralysie et de mépris". Dernièrement, la direction a annoncé des changements d'organisation, la goutte d’eau pour ces salariés.
"La direction nous a annoncé qu’elle avait envisagé de changer notre planning. Il faut savoir que l’on est en 12 heures, donc on a un équilibre entre notre vie professionnelle et notre vie personnelle, ce qui nous permet d’être à fond lorsque l’on est ici avec les patients", nous dit Laure Drillat, déléguée syndicale CGT.
Avec cette mesure, le personnel devrait travailler cinq fois sept heures dans la semaine, au lieu de trois fois 12 heures actuellement. "Quand les conditions de travail se dégradent, ce sont les patients qui en pâtissent. Depuis que je suis à la clinique, j’apprécie de travailler en 12 heures et ça me met un peu en colère d’entendre dire que l’on veut toucher à ça. J’habite assez loin et venir moins souvent, c’est quand même plus agréable pour moi, ça me permet d’avoir une vie de famille", ajoute Anne-Claire, une infirmière.
Baisse des effectifs
Parmi les autres mesures annoncées par la direction, une réduction du ratio patients/soignants. Ce qui entraînerait, selon les syndicats, une surcharge de travail pour le personnel devant faire face à des pathologies de plus en plus graves. Les soignants doivent aussi faire face au manque d'effectifs dans la psychiatrie publique en France.
"On accueille des cas de plus en plus lourds. Et ce n’est pas du tout envisageable pour nous de baisser les effectifs. On est trois soignants pour 35 patients le jour, avec des patients qui sont souvent en crise suicidaire, qui ont besoin de parler, qui sont là pour des sevrages d’alcool ou de drogue, donc des patients qui ont vraiment besoin d’une présence constante", explique Anne-Claire.
Revalorisation salariale
Il y a deux ans déjà, le personnel de la clinique s’était mobilisé pour obtenir une revalorisation salariale. Le mouvement avait duré quatre jours et le personnel avait obtenu une hausse de 5 % des salaires (3 % en 2022 et 2 % en 2023). Aujourd’hui, la hausse des salaires fait de nouveau parti de leurs revendications.
Le personnel vient d'annoncer qu'un dialogue avait pu s'ouvrir avec la direction de la clinique qui appartient depuis quelques années au groupe Emeis, le nouveau nom du groupe Orpea qui fut au cœur d'un scandale en 2022. Un scandale qui avait révélé des cas de maltraitance dans de nombreux Ehpad en France.