L'audience sur la remise en liberté d'un homme, mis en examen dans l'affaire du meurtre d'Adrien Perez, s'est tenue ce mercredi à Grenoble. Le suspect a exprimé ses regrets, mais l'avocat des parties civiles a estimé que sa sortie de détention serait une "décision incompréhensible".
L'un des meurtriers présumés d'Adrien Perez va-t-il être remis en liberté ? L'audience s'est déroulée mercredi 29 juillet devant la Chambre de l'instruction de la cour d'appel de Grenoble qui a mis son jugement en délibéré à jeudi. Elle actera la remise en liberté, ou non, de cet homme de 21 ans, mis en examen notamment pour "homicide volontaire" dans cette affaire.
Adrien Perez, 26 ans, a été tué sur le parking d'une boite de nuit de Meylan (Isère) en 2018 lors d'un affrontement. Une violente altercation qui a éclaté entre deux groupes de jeunes à cause d'une mauvaise parole prononcée à l'encontre d'une fille du groupe des victimes. Voulant défendre son amie, Adrien Perez a reçu un coup de couteau en plein cœur. Le jeune homme est décédé des suites de ses blessures, l'un de ses amis a été grièvement blessé.
Trois hommes, âgés de 19 à 21 ans, sont mis en examen dans cette affaire et deux se trouvent en détention provisoire dans l'attente du procès. Le juge des libertés et de la détention a ordonné la libération de l'un d'entre eux et son placement sous contrôle judiciaire. Une décision contestée en appel par le parquet de Grenoble. Lors de l'audience, l'avocat général a estimé que la remise en liberté du suspect nuirait "à la sérénité des débats lors du procès d'assises".
Les regrets du suspect
Me Arnaud Levy-Soussan, l'avocat de l'une des victimes grièvement blessée lors de l'affrontement, a parlé d'une "décision incompréhensible" suggérant que le suspect a eu "une responsabilité périphérique" dans la mort d'Adrien Perez. Il a décrit la vidéo prise par une caméra de surveillance le soir du drame, parlant d'images "effroyables de clarté et de violence". L'avocat des parents d'Adrien Perez a, lui, affirmé que ses clients "sombrent dans un abîme empli de souffrance au fond duquel se trouve le corps froid et sans vie d'Adrien". Citant une expertise psychologique du suspect qui a démontré son "impulsivité", il a jugé que sa remise en liberté ne serait "pas de nature à respecter le deuil de la famille" et "prouverait que la violence est plus forte que l'Etat de droit".
Pour l'avocat du suspect toutefois, le "déferlement médiatique" qui entoure cette affaire exerce une "pression" sur la justice. "On diabolise ce garçon qui n'est pas directement à l'origine de la mort" d'Adrien Perez, a-t-il estimé. Me Julien Charle a ajouté que son client a une promesse d'embauche dans le cas où il serait libéré et pourrait résider en dehors du département de l'Isère, comme son contrôle judiciaire le prévoit. Il propose même de l'équiper d'un bracelet électronique pour offrir des garanties à la famille.
Le suspect, qui est intervenu en visioconférence depuis la maison d'arrêt de Saint-Quentin-Fallavier où il est détenu, s'est dit "conscient de la gravité des faits" et "regrette qu'une vie ait été enlevée". Le jeune homme a mis en avant de "réels projets de réinsertion" et souhaite "retrouver une vie normale". L'avocat des parents d'Adrien Perez a objecté que ce n'était "pas le temps de la réinsertion, mais le temps de l'introspection". La décision de la Chambre de l'instruction de la cour d'appel de Grenoble sera connue jeudi 30 juillet à 14 heures. Le procès ne devrait pas se tenir avant la fin de l'année 2021.