Quelques jours après la découverte d'un crâne humain dans le secteur qu'il avait lui-même indiqué, l’homme mis en examen pour le meurtre de Marie-Thérèse Bonfanti en 1986 à Pontcharra, et incarcéré depuis mai dernier à la prison de Grenoble-Varces a soutenu ce jeudi matin une demande de mise en liberté. La décision sera rendue le 10 novembre prochain.
Six mois seulement après sa mise en examen pour le meurtre de Marie-Thérèse Bonfanti, tuée il y a 36 ans, Y.C a demandé, ce jeudi 3 novembre au matin, sa remise en liberté devant la chambre d’instruction de la cour d’appel de Grenoble. Mi-octobre, une première demande de remise en liberté avait été formulée devant le juge des libertés et de la détention, celle-ci avait été refusée.
Le suspect, Y.C était entendu en visio depuis la prison de Varces où il est incarcéré. Il a d’abord décrit sa vie en prison comme étant "un enfer, le début de ses ennuis". Puis il a fait savoir qu’il était prêt à porter un bracelet électronique.
Pour l’avocat de la famille Bonfanti, Maître Bernard Boulloud, cette demande est "légitime mais indécente", rappelant la découverte il y a quelques jours, à La Buissière, dans le secteur indiqué par le suspect, d’un crâne humain. "J’ai plaidé le fait que deux droits s’opposent, le droit à la liberté et le droit à la vie, lui peut toujours caresser l’espoir d’une éventuelle liberté, ce qui n’est pas le cas pour Marie-Thérèse".
Pour l’une des avocates du suspect, Maître Eléonore Cruz, "Y.C ne représente plus un trouble à l’ordre public, d'autant qu'il a eu une promesse d’embauche par une entreprise de terrassement/paysagiste."
Devant la cour d’appel de Grenoble, des membres de la famille de Marie-Thérèse Bonfanti étaient là pour faire savoir leur colère. "Aujourd’hui ce qu’ils veulent, c’est la justice et surtout un procès, et on se battra pour l’avoir", ajoute Maître Boulloud, l’avocat de la famille Bonfanti.
La justice devrait rendre sa décision quant à la demande de remise en liberté d’Y.C le 10 novembre prochain.
Rappel des faits
Pour rappel, le 22 mai 1986, Marie-Thérèse Bonfanti, 25 ans, mariée et mère de deux enfants, disparaissait à Pontcharra (Isère). Elle avait été aperçue pour la dernière fois par une voisine près de l'immeuble situé au 1140 avenue de la gare. Un ensemble de logements désormais détruit.
Vers 15h30, deux témoins, des employés de la SNCF, avaient rapporté avoir entendu des cris "longs et dégressifs". Le soir, Marie-Thérèse Bonfanti n'était pas venue récupérer son enfant de 6 mois chez sa nourrice et n'était pas rentrée à son domicile. Son mari avait donné l'alerte le soir-même. Très vite, la piste criminelle était privilégiée.
Le mis en examen, âgé de 21 ans à l'époque, était le propriétaire de l'immeuble de six logements où Marie-Thérèse Bonfanti, alors livreuse de journaux, effectuait sa tournée. Il était également le propriétaire de la maison mitoyenne, où il logeait. Déjà connu de la justice, Y.C avait été entendu par les enquêteurs. Faute de preuves, de corps et d'éléments concrets, il avait été relâché.
Lors de ses auditions, l'individu a expliqué avoir eu une altercation verbale avec Marie-Thérèse Bonfanti. Après cet accrochage, Marie-Thérèse Bonfanti se serait rendue au domicile du suspect pour lui demander de s'excuser. Y.C l'aurait saisie "par le cou à deux mains" et l'aurait étranglée.
Il aurait ensuite, toujours selon ses déclarations, placé le corps dans le coffre de sa voiture, roulé "quelques kilomètres" et caché le corps "en pleine nature". Suite à ces aveux, Y.C avait coopéré avec les forces de l'ordre afin de retrouver les ossements de la jeune femme.