Collectif d'artistes grenoblois spécialisé dans la création cinématographique, le Dispel est menacé d'expulsion. En toile de fond, un imbroglio politique entre la Métropole et la ville de Grenoble et un projet patrimonial autour d'une maison historique, La Casamaures.
Les locaux du collectif Dispel regorgent de trésors qui ont fait l'histoire du cinéma. Parmi eux, une caméra projecteur "qui a servi à faire les trucages de Star Wars et après, tous les films de science-fiction", raconte Loïc Verdillon, membre l'association MTK.
Il partage les 750 m² de la friche industrielle Peldis, à Grenoble, avec quatre autres associations : Cinex, Culture Ailleurs, Laps et Octobre. Toutes dédiées à la création artistique. "On fabrique tous de l'image en mouvement et de l'image fixe. Il y a un lien de fait entre toutes les associations", poursuit Loïc qui peine à imaginer comment déménager tout le matériel accumulé.
Car le collectif est menacé d'expulsion, sans vraiment comprendre pourquoi. Jusqu'en 2018, les 15 salariés du Dispel disposaient du bâtiment grâce à une convention entre la ville de Grenoble et la Métropole. Depuis, ils sont ballotés entre des promesses de relogement de la municipalité et les menaces d'expulsion de Grenoble-Alpes métropole. Cette dernière, propriétaire des lieux, a mis en demeure la ville d'offrir une solution de relogement au collectif d'artistes avant le 27 décembre.
"On n'a jamais été concertés"
"C'est étonnant de choisir cette période pour essayer de régler ces questions. Des questions qu'on n'aborde que par le versant des politiques d'aménagement et de la politique sécuritaire. C'est assez fou", s'étonne Djamila Daddi-Addoun, membre de l'association Cinex. "On a un vrai problème pour accueillir ce type de structure qui fonctionne de manière autonome et qui nécessite un espace assez vaste pour pouvoir continuer à fabriquer comme on le fait, mais aussi à transmettre nos pratiques", complète-t-elle.
Les membres du collectif, qui occupent les locaux depuis 22 ans, ont multiplié les rencontres avec les élus locaux. Ils affirment n'avoir reçu aucune proposition de relogement. Mais les déboires ne s'arrêtent pas là. La commune de Saint-Martin-le-Vinoux, où est implanté le bâtiment, le juge insalubre et a saisi le préfet. Le collectif, lui, se sent abandonné.
"On nous met devant le fait accompli, on n'a jamais été concertés. La Métro ne s'est jamais intéressée à ce qui se pratiquait ici (...) Ce lieu tient encore debout, on pourrait le réhabiliter sans problème", juge Christophe Cardoen, membre de l'association Laps. Une dernière ombre plane juste au-dessus des artistes, la Villa Casamaures. Récente lauréate du Loto du patrimoine de Stéphane Berne, elle rêve de voir disparaître la friche Peldis afin d'étendre ses propres jardins.