En marge de l'annonce du Plan Hiver 2020, Lionel Beffre le Préfet de l'Isère, a dit vouloir évacuer le campement de la gare. Il souhaite que le maire de Grenoble "prenne ses responsabilités" et le saisisse. Le Préfet peut également se substituer et intervenir.
On l'appelle le camp de la gare ou bien de l'Estacade. Tristement connu des Grenoblois, qui le traversent toute la journée en vélo pour rejoindre le Cours Berriat.
Situé en bordure de la ligne de tram, il se déploie sur plusieurs dizaines de mètres. Un alignement de très petites tentes, pouvant contenir une à deux personnes. Tout autour, des feux allumés avec des palettes et quelques planches de bois. Température extérieure, 8 degrés.
Ce qui frappe, c'est d'abord le nombre de poussettes et de bébés. Il s'agit pour la plupart de personnes venues des Balkans, Macédoine ou Serbie... Parmi eux, une grande famille d'Albanais, composée de 13 enfants en bas âge. Il y a un mois, ils sont arrivés dans la ville en voiture, acheminés par des passeurs. Ils ont rejoint des parents qui habitent Grenoble depuis trois ans et ont pu être logés à l'hôtel ou dans des structures. Mais eux dorment dans la rue.
Autour du campement, les ordures s'amoncellent. Détritus et cendres, pris d'assaut par des dizaines de pigeons.
Ce mardi soir lors de la conférence de presse dédiée au Plan Hiver 2020, Lionel Beffre le Préfet de l'Isère n'a pas mâché ses mots. Il souhaite évacuer le camp rapidement. Il somme le maire de Grenoble Eric Piolle de "prendre ses responsabilités". Le camp étant situé dans l'espace public, c'est à l'édile de prendre l'arrêté municipal et de le saisir.
Mais s'il ne le fait pas, le Préfet peut se substituer, prendre un arrêté préfectoral et invoquer le concours de la force publique.
Généralement il faut au préalable qu'un diagnostic social soit établi, pour déterminer le statut administratif des sans-abris. Sont-ils demandeurs d'asile ? Ont-ils été déboutés ? Ont-ils entrepris des démarches ou pas du tout ?
En Isère 2278 places sont dédiées au demandeurs d'asile. S'ils ne sont pas dans cette démarche, ils peuvent être accueillis dans les différents centres isérois qui disposent de 2060 places au total (1510 places d'hébergement d'urgence à l'année + 550 places hivernales).
Le Préfet a expliqué qu'il était très difficile d'accorder le droit d'asile à des personnes issues de pays n'ayant plus de conflits armés sur leurs terres.
Dans le campement de la gare, vit également une famille d'Algériens. Le père a demandé le droit d'asile car il dit être réfugié politique. Il est arrivé il y a quelques mois en France, avant que sa femme et ses deux filles le rejoignent. Depuis un mois, ils dorment sous une tente.
"A huit heures on va boire un café au restaurant du coeur", explique la mère. "Après on passe la journée à Grand' Place pour être au chaud, faire notre toilette, recharger nos portables... Des fois les filles dorment."
"C'est dur, il fait froid" ajoute le père. "Mais on attend notre tour, il y a d'autres personnes avant nous".
On ne filmera pas leurs visages. Ils ont peur de représailles dans leur pays où vivent encore quatre de leurs enfants.
Une centaine de places a déjà été pourvue sur les 550 annoncées par le Préfet. Le plan Grand Froid a bien débuté.