Procès du meurtrier présumé de Julie : il a "toujours cherché de l'affection"

Le procès de Simon Thirel s'est poursuivi, pour la 2e journée, ce mardi 12 juin 2018, devant la cour d'Assises de l'Isère. La personnalité de l'accusé, et ses rapports avec sa victime, la jeune Julie, ont été au coeur des débats.

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Il avait accumulé colères et frustrations depuis des années. La personnalité de Simon Thirel, jeune homme au visage sage et à la vie familiale plutôt banale, occupait ce mardi 12 juin 2018, la seconde journée de son procès pour l'assassinat son ex-petite amie.

"Tout est de ma faute". C'est la confession d'un accusé de 22 ans, à l'allure encore adolescente, lors de son interrogatoire par le président de la cour, Jean-Pierre Pradier.

Devant les assises de l'Isère, il s'exprime posément, avec détails, sans se dédouaner et plein d'admiration pour sa victime. Tout cela devant sa famille, un peu seule sur son banc, et devant celle de Julie, bien entourée.

Le 2 octobre 2015 au matin, à Saint-Jean-de-Moirans (Isère), Simon Thirel s'était introduit, sans y être invité, dans la maison familiale de son ex-petite amie. Il s'était rendu à l'étage, dans la chambre de l'adolescente de 17 ans. Tout juste éveillée, surprise et fâchée de le voir là, elle l'aurait giflé. En réponse, il l'avait étranglée, pendant quinze minutes, jusqu'à étouffement, et lui avait asséné une vingtaine de coups de couteau, principalement à la tête et au cou.

La mère de la victime était entrée dans la chambre à ce moment-là, avait tenté d'éloigner le jeune homme, puis s'était battu avec lui. Simon Thirel avait ensuite pris la fuite et appelé lui-même les secours. Il avait été interpellé dans les minutes suivant les faits, sans opposer de résistance, alors que Julie décédait à l'hôpital une heure plus tard.

L'histoire sentimentale entre Simon Thirel et Julie avait commencé en octobre 2013, discrètement. "Cette relation a été réparatrice pour moi", a expliqué l'accusé. "Julie m'a remis sur les rails". Le jeune garçon avait alors un passé chaotique, touché lors des années collège par plusieurs épisodes dépressifs, répétés au lycée. "Bouc-émissaire" de certains de ses camarades, mal dans sa peau ("je n'ai jamais eu une bonne image de moi"), phobique scolaire, introverti, Simon Thirel a "toujours recherché de l'affection".

L'arrivée de Julie l'avait transformé : "J'ai eu mon bac grâce à Julie, mon IUT aussi. Elle a été ma béquille. Elle m'a porté. Elle m'a donné confiance". Pourtant, après leur séparation un peu moins de deux ans plus tard, il lui fera subir un harcèlement incessant. Jusqu'au drame.

"Quand Julie est arrivée, on a un peu respiré", avait admis à la barre, lundi, le père de l'accusé. "Une gamine arrivait à le sortir des soucis alors que nous, les adultes, ses parents, on n'y était pas arrivé". Effondré, il poursuivait: "J'ai peut-être eu une attitude égoïste; je me suis dit que ça allait le faire".

Ingénieur de profession, d'abord absent la semaine, puis noyant ses problèmes conjugaux dans le travail, il n'avait pas été très présent pour son fils. "J'aurais peut-être eu besoin d'un père plus présent", a ensuite estimé l'accusé. Avant de relativiser : "Mais c'est toujours facile de dire ça après".

Interrogée mardi, la mère de l'accusé, sage-femme, a raconté les difficultés rencontrées dans l'éducation de son fils et dans sa vie de famille, les thérapies familiales et conjugales engagées. Mais, a-t-elle admis, "je n'ai pas le mode d'emploi".

Les experts psychiatres et psychologues se sont succédé à la barre mardi, dépeignant l'accusé globalement de la même manière, et sa relation avec la victime "investie de manière totale, idéale et réparatrice".

"Une vulnérabilité narcissique et dépressive" existe chez le jeune homme, selon le Dr François Renault, expert psychiatre à Lyon. Pour lui, comme pour les autres, l'accusé n'est pas atteint de maladie mentale, mais d'un grave trouble de la personnalité. Tous reconnaissent une altération de son discernement.

Simon Thirel, dont le casier judiciaire est vierge, risque la réclusion criminelle à perpétuité. Le verdict est attendu mercredi.


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