Réforme des retraites : à 76 ans, un retraité fait don de 6 000 euros aux caisses de grève

À la veille d’une dixième journée de mobilisation contre la réforme des retraites, mardi 28 mars, plus de 4 millions d’euros de dons ont été enregistrés dans les caisses de grève. Le Grenoblois Jean-François Le Dizès, militant de gauche depuis 50 ans, fait partie des gros donateurs. Enseignant à la retraite, il a envoyé deux chèques de 3 000 euros.

"Partageons les richesses, pas la misère", "vive la grève", "personne sous le seuil de pauvreté". Ces slogans s’étalent en grosses lettres sur des autocollants, affichés sur la porte d’entrée d’un petit appartement grenoblois. "Je me bats pour la plupart de ces thèmes depuis 50 ans", affirme fièrement Jean-François Le Dizès, le propriétaire des lieux.

Pendant toute sa carrière, ce professeur de mathématiques a additionné et multiplié les combats associatifs et politiques. De mai 68 à l’apartheid, il a participé à des centaines de manifestations partout dans le monde.

Je crois que c'est la Ve République qui est en jeu.

Jean-François Le Dizès.

Aujourd’hui âgé de 76 ans, le Grenoblois a choisi un nouveau cheval de bataille : la réforme des retraites. "Je n’ai pas loupé une seule manifestation depuis le début de la mobilisation", assure-t-il en réglant sa petite radio, qu’il écoute assidûment pour suivre l’actualité. "Je crois que c'est la Ve République qui est en jeu. Le conflit actuel est fondamental, c’est tout un projet de société qui est en jeu. Le gouvernement se fout du monde et pratique un déni de démocratie. Il se fout de la foule. Le peuple est contre cette réforme, et sa seule réponse, c’est la répression". 

Célibataire sans enfant, Jean-François Le Dizès est propriétaire de son appartement. Chez lui, pas de télévision, de voiture ni de machine à laver. Les murs de son petit logement sont occupés par de lourdes étagères, qui croulent sous les livres de philosophie et de sociologie.

Deux chèques de 3 000 euros 

Avec 1 800 euros de pension de retraite par mois, il a choisi de signer deux chèques de 3 000 euros à l’ordre des caisses de grève de la CGT. "Je suis retraité, je ne peux pas faire grève donc c’est ma façon de soutenir les grévistes. C’est dans mes possibilités, je ne donne pas ça tous les mois non plus", explique-t-il. C'est un encouragement à continuer la grève, pardi !

Comme lui, de nombreux sympathisants du mouvement ont décidé de faire des dons après l’utilisation du 49.3 par le gouvernement. À l’échelle nationale, la caisse de grève de l’intersyndicale a déjà collecté plus de 2,5 millions d’euros depuis le 10 janvier.

Proche du parti politique de gauche Ensemble !, Jean-François Le Dizès explique avoir choisi de soutenir la CGT "par stratégie". "Ce syndicat représente les secteurs qui sont les plus durs dans l’action, comme les travailleurs des raffineries. Ce sont eux qui peuvent bloquer le pays donc il faut qu’ils puissent tenir dans le temps", argumente-t-il.

Parti à la retraite à l’âge de 64 ans, il s’estime malgré tout concerné par cette réforme. "J’étais enseignant et heureux de travailler. Mais je comprends que, pour des gens qui travaillent dans des conditions difficiles, ce soit trop dur d’aller jusqu’à 64 ans. Le problème des retraites est un sujet de société. Au-delà de l’âge de départ, ça pose des questions de partage des richesses, et de l’occupation du temps libre. Tout le monde est concerné, il faut voir plus loin que le bout de son nez".

Mardi 28 mars, Jean-François Le Dizès ira manifester une dixième fois, aux côtés des salariés et des étudiants. "Et si le conflit continue, je ferais un nouveau chèque", promet-il. 

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