Plus de 200 personnes sont venues soutenir les grévistes de la centrale hydroélectrique iséroise ce dimanche. Autour d'un repas, elles ont notamment apporté leur appui financier pour qu'ils puissent continuer leur bras de fer avec EDF.
C'est un mouvement invisible pour les particuliers, ou presque. Les opérateurs de 17 centrales hydroélectriques dans les Alpes ont pris, depuis deux semaines, la main sur leurs outils de travail, limitant la production d'électricité au minimum, c'est-à-dire à l'alimentation des usagers.
Les grévistes protestent contre la réforme des retraites, mais aussi contre la privatisation du marché de l'énergie. "Notre ligne de conduite au sein de la CGT Energie c'est qu'aucun usager ne doit être privé d'électricité car l'électricité est un bien de première nécessité", explique Rudy Prepoleski.
Le but de leur action est donc d'impacter des secteurs clés, économiquement. En Isère, ils ont par exemple décidé ce vendredi de débrancher le parc éolien de Saint-Antoine-l'Abbaye et la ferme solaire d'Apprieu, pour empêcher les deux sites de produire de l'énergie.
3000 euros collectés...
Ils estiment que "les exploitants de ces productions d'électricité alternatives se font de l'argent sur le dos des travailleurs", car, disent-ils dans un communiqué, "le prix de revente du MW est de 92 € alors qu'EDF le vend 46 €".
"Aujourd'hui, la grève, cela coûte un milliard d'euros à EDF", estime Rudy Prepoleski.
Mais elle coûte cher, aussi, aux grévistes. Le prix à payer selon eux pour que la réforme des retraites ne passe pas. Ce dimanche, ils ont reçu le soutien d'environ 200 personnes venues des alentours, des habitants du Trièves et de la Matheysine.
"C'est une manière de remercier tous ces gens qui font grève parce qu'ils se battent pour nous. Et aussi pour défendre cette notion de démocratie. On s'exprime et on ne nous écoute pas. Je suis venue aujourd'hui pour participer financièrement", explique une manifestante.
Des caisses de grève ont ainsi été remplies : 3000 euros ont été collectés. Des fonds qui serviront à tous les grévistes de la zone, qu'ils travaillent à EDF ou dans d'autres services publics.
...pour les grévistes d'EDF, et les autres
Caroline Marcel, cheminote gréviste habitant le Trièves, est émue de voir cet élan de solidarité.
"Il y a une caisse de grève locale qui va me permettre de toucher un peu d'argent sur mes jours de grève et qui va me permettre de continuer à lutter. Et c'est grâce à tous les gens qui soutiennent le mouvement, grâce aux initiatives citoyennes. Cela donne vraiment de l'élan, de l'énergie pour continuer plus longtemps", se félicite la jeune mère célibataire.
"Je suis dans un secteur, en tant que cheminote, qui permet de bloquer plus facilement le pays et de faire craquer le gouvernement", poursuit-elle "parce que tous les gens qui sont là, ils sont comme moi, ils n'ont pas envie de travailler jusqu'à la mort".
Des indépendants, des artistes sont également venus montrer leur soutien, des agriculteurs ont, eux, fait don de leurs produits pour concocter ce repas solidaire en faveur des grévistes.
Nombre d'entre eux ont prévu de se mobiliser et de battre le pavé, à nouveau, dès ce lundi 20 mars.