Ce mercredi 7 janvier le premier Ministre Jean Castex devrait se prononcer sur l'ouverture des remontées mécaniques. On sait la décision reportée, au grand dam des acteurs de la montagne. La championne du monde de descente en 2013 Marion Rolland interpelle le gouvernement.
"Fille des montagnes, élevée en station de ski, championne du monde de descente en 2013, je me devais de prendre la parole en soutien à notre montagne qui meurt", écrit la skieuse originaire de Saint-Martin-d'Hères, en Isère.
La lettre ouverte que Marion Rolland adresse au gouvernement est forte, et très émotive.
"Vous êtes en train de tuer ma famille, vous êtes en train de tuer mes amis, vous êtes en train de tuer nos stations, vous êtes en train de tuer nos montagnes !", écrit-elle.
La jeune femme dit ne plus avoir confiance dans la politique, "les politiciens de carrière". Elle évoque une situation des stations de ski "catastrophique, tout comme celles des saisonniers, des restaurants, des salles de spectacles et de sport".
"La vie ce n’est pas bloquer un pays tout entier pour protéger les plus vulnérables ! La vie ce n’est pas s’enfermer en attendant que l’orage passe ! La vie c’est la famille, les amis, le travail, les loisirs, réussir, se planter, recommencer et puis mourir un jour aussi !"
— Marion Rolland OLY (@MarionRolland) January 7, 2021
Marion Rolland poursuit : "en tant que femme, je connais la mort depuis toute petite, j’ai perdu ma maman à 11 ans d’un cancer. Je ne me suis pas pour autant enfermée dans une bulle hermétique".
La championne évoque la prise de risque qu'elle connaît bien en tant que sportive de haut niveau. "Je me suis cassé 4 fois les ligaments des 2 genoux. Mais j’ai pris ma décision de continuer, en toute connaissance de cause et en sachant que le risque était toujours là."
La colère est bien là. "Pas les masques ? Les masques ? Mettez en place des mesures pour ouvrir ! Ah bah non : on confine ! On déconfine ? On donne des moyens aux hôpitaux ? Ou pas ? … Soyez cohérents !"
Marion Rolland expose ses arguments, les remontées mécaniques ne sont pas plus dangereuses que les transports en commun, et les repas de Noël à 6.
Elle va même plus loin. "Et si seulement vous montriez l’exemple ?", interroge-t-elle. "Lequel d’entre vous s’est montré solidaire des Français privés de travail, en baissant son très confortable salaire ? Lequel d’entre vous a abandonné un de ses privilèges? Lequel d’entre vous, souvent dans les « critères de personnes à risque » se fera vacciner devant les caméras ?".
Marion Roland exprime son soutien aux élus locaux et aux acteurs de la montagne. Elle exhorte l'exécutif à laisser les territoires s'organiser en local. "Ce sont eux qui ont mis en place l’organisation sanitaire avec les stations de ski et les sociaux-professionnels en début d’hiver avant que vous balayiez tout cela d’un revers de manche."
"Nous ne sommes ni inconscients ni complotistes", ajoute-t-elle, "Nous ne sommes pas demeurés, nous saurons mettre en place des gestes de protection appropriés. Nous ne sommes pas suicidaires, nous voulons juste vivre !" conclut-elle.
Un ton déterminé, sans appel, à quelques heures de l'allocution du premier Ministre Jean Castex qui devrait annoncer le report de la décision d'ouverture des remontées mécaniques.