Sciences Po Grenoble : des syndicats appellent à la grève contre "l'externalisation du nettoyage et la répression des étudiants"

Après plusieurs semaines de blocage par des étudiants de l'Institut d'études politiques (IEP) de Grenoble opposés au projet d'externalisation des services d'entretien, les syndicats CGT et SUD Éducation souhaitent amplifier la mobilisation. Ils appellent les personnels de l'établissement à une journée de grève ce mardi 12 mars.

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La mobilisation en faveur des agents d'entretien de Sciences Po Grenoble va franchir une nouvelle étape ce mardi 12 mars, après les nombreux blocages de l'intersyndicale étudiante. Dans un communiqué, les organisations syndicales CGT et SUD Éducation appellent à une journée de grève pour dénoncer "l'externalisation du nettoyage, la pression sur les personnels et la répression contre les étudiants"

Alors que le préavis, déposé de commun accord par les principaux syndicats de l'établissement auprès de la direction, court depuis le 4 mars, et ce, jusqu'au 15 du même mois, il s'agit de la toute première journée de grève effective du personnel en rapport avec ce projet d'externalisation. La date n'a pas été choisie au hasard : ce mardi, Sciences Po Grenoble tient son Conseil d'administration, une occasion pour les syndicats de se faire entendre.

"Nous avons prévu un rassemblement à 9 heures parce que c'est l'heure à laquelle le Conseil d'administration va se réunir et n'a pas à son ordre du jour la question du marché public d'externalisation du nettoyage. Parce que, vraisemblablement, tel que le marché a été envisagé, on serait en dessous des seuils pour lesquels le CA doit délibérer. Et nous, ce qu'on souhaite, c'est qu'il y ait une délibération au Conseil d'administration pour qu'il puisse y avoir une vraie discussion avec les acteurs concernés", explique Marie-Julie Bernard, enseignante-chercheuse à l'IEP et membre de la CGT-FERC-Sup (Fédération de l’éducation, de la recherche et de la culture).

Un second temps de rassemblement est prévu à 12h30 "pour que tout le monde, même les non-grévistes - notamment les personnes en précarité financière et les contractuels qui ont peur de faire grève - puissent se joindre à nous, prendre des informations et s'exprimer", poursuit Marie-Julie Bernard, également membre du Comité social d'administration.

Des députées en soutien 

Depuis plus de trois semaines, des étudiants, soutenus par l'Organisation universitaire pour la représentation syndicale étudiante (Ourse), entreprennent des blocages de l'établissement pour s'opposer au choix de la direction de confier les services d'entretien à une entreprise privée. 

Après un blocage le mercredi 6 mars, l'Ourse et une centaine d'étudiants se sont symboliquement rassemblés devant Sciences Po Grenoble le vendredi 8 mars, pour marquer leur solidarité à l'équipe d'entretien menacée par ce projet d'externalisation. A leur côté, deux invitées de prestige : Rachel Keke et Elisa Martin, députées La France insoumise du Val-de-Marne et de l’Isère.

Une réunion entre la direction et les syndicats

"Pour la première fois depuis le début de la mobilisation portée par les étudiants, une réunion a été accordée aux syndicats mardi après-midi. Ce qui est une promesse de vraies négociations", se réjouit Maël Mesplou, membre de l'intersyndicale étudiante. Si les syndicats étudiants ne sont pas conviés autour de la table des discussions, "la grève des personnels prévue ce mardi pourrait rajouter une couche dans le rapport de force déjà engagé. Nous, les étudiants, on n'a pas réussi à établir un vrai dialogue et c'est bien que le personnel s'en saisisse pleinement". 

En dépit "d'une annulation du projet d'externalisation", le syndicat Sup-CGT qui prendra part aux discussions "espère une suspension qui permettrait vraiment de travailler les choses à l'intérieur, en vérifiant vraiment quels sont les besoins de l'établissement. Nous voulons vraiment nous engager dans ce processus-là. Or, la direction est partie pour signer ce marché."

Par ailleurs, le syndicat promet d'exiger mardi la levée totale des mesures prises par l'établissement à l'encontre de trois étudiants à la suite du blocage du mercredi 21 février. "Il reste un étudiant qui a toujours l'interdiction d'approcher Sciences Po à l'heure actuelle alors qu'il est élu au sein de notre établissement. On réclame la levée immédiate de cette sanction. Il n'y a plus à se poser de question sur le pourquoi et le comment ", souligne Marie-Julie Bernard.

La direction dénonce "une récupération politique"

Dans un communiqué de Sciences Po Grenoble-UGA rendu public le 8 mars, la direction de l'établissement qualifie les mesures prises à l'encontre des étudiants comme étant "temporaires et conservatoires" dans le but de "mettre fin au désordre causé à l'établissement". Si le communiqué confirme bien la levée des mesures pour deux des étudiants concernés, celui-ci ne fait pas allusion au troisième. 

Selon Sciences Po Grenoble, "la direction œuvre à mettre en place une démarche de dialogue et d'ouverture avec les représentants syndicaux". Elle déplore tout de même "une récupération politique qui nuit aux efforts de compromis (...), annihile tout débat et paralyse le fonctionnement de l’institution", ce qui "pénalise en premier lieu les étudiants et étudiantes eux-mêmes."

En cas d'absence de résolution concrète à la sortie de cette rencontre, les syndicats Sup-CGT et SUD Éducation promettent de maintenir leur préavis de grève. De son côté, l'organisation syndicale étudiante Ourse se prépare déjà pour un nouveau blocage ce mercredi.

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