Témoignage. "On m’a volé ma santé et dix ans de ma vie" : Gaëlle raconte son combat contre l’implant contraceptif Essure

Publié le Mis à jour le Écrit par Olivia Boisson
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Pendant plus de 10 ans, Gaëlle a porté un implant Essure du laboratoire Bayer. Aujourd’hui, l’Iséroise de 57 ans se bat pour faire reconnaître la toxicité de cette méthode de contraception définitive, retirée du marché en 2017. Avec l'association RESIST, elle invite d'autres femmes, qui ont eu recours au même dispositif, à témoigner.

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"Mon corps a été empoisonné à petites doses pendant plus de dix ans et cela a fait de gros dégâts physiques et psychologiques", témoigne Gaëlle, 57 ans. Aujourd’hui, cette Iséroise accepte de dévoiler son combat contre l’implant contraceptif définitif Essure et appelle d'autres femmes victimes de ce scandale sanitaire à témoigner.

Présenté comme un "dispositif médical implantable de stérilisation définitive et irréversible indiqué chez les femmes majeures en âge de procréer", cet implant est "composé d’un ressort expansible en nitinol (nickeltitane) et de fibres de polyéthylène". "Placé au niveau des trompes de Fallope", cet implant, commercialisé à partir de 2002, "a depuis laissé des séquelles à quelques milliers de patientes dont le quotidien se trouve désormais marqué par des effets indésirables invalidants", selon l’INSA. Le dispositif a été retiré de la vente en 2017.

Sept ans d’errance médicale et une vie bouleversée

Gaëlle avait 42 ans lorsqu’on lui a posé cet implant contraceptif. C’était en 2010. "On a refusé de me ligaturer les trompes et on m’a recommandé cette méthode", explique-t-elle précisant qu’aucun test d’allergie au nickel n’avait été effectué à l’époque. "Au début, tout allait bien", poursuit l’Iséroise. Mais trois ans plus tard, en 2013, son quotidien bascule avec "des règles hémorragiques et catastrophiques, des vertiges, des problèmes intestinaux, des douleurs dorsales ou encore articulaires, des problèmes de mémoires, de la fatigue chronique et de l’anxiété".

C’était très compliqué, que ce soit au niveau personnel ou professionnel.

Gaëlle

Une souffrance inexpliquée qui a rendu le quotidien de Gaëlle difficile. Après sept ans d'errance médicale, la vie de Gaëlle bascule en 2020. "J’ai eu de grosses douleurs au niveau du ventre, des contractions et des saignements alors que j’étais ménopausée", énumère-t-elle, ajoutant que tous ses bilans sanguins et scanners étaient "bons". "Mon ostéopathe m’a sauvé la vie en m’expliquant que cela venait de mes trompes", affirme Gaëlle qui passe finalement un test d’allergie au nickel. Ce dernier s’avère positif. Résultat : hystérotomie totale et ablation des trompes, suivie d'une hémorragie. "J’ai cru que j’allais mourir", confie-t-elle.

On m’a volé ma santé et plus de dix ans de ma vie.

Gaëlle

Pendant sa convalescence, les douleurs de Gaëlle s’atténuent et la patiente prend contact avec l’association RESIST qui accompagne les femmes ayant des problèmes avec le dispositif médical de contraception définitif Essure.

De l'étain dans le corps des femmes

Deux mois plus tard, l’Iséroise fait des analyses qui révèlent la présence d’étain, ainsi que d’autres métaux dans le sang. En effet, une étude, menée en 2020 à Lyon par les chercheurs de Minapath, a confirmé que l’étain, utilisé pour faire la soudure entre deux éléments de l'implant Essure, est source d’effets secondaires. Le résultat révélait que "des particules d’étain pénètrent systématiquement dans la paroi des tissus, entraînant des réactions inflammatoires". Aujourd’hui, Gaëlle voit son quotidien bouleversé avec un "terrain allergique développé, des allergies aux métaux et une électro sensibilité". En arrêt de travail depuis 2022, l’Iséroise va passer en retraite anticipée pour invalidité liée en partie à l’implant Essure selon une expertise médicale.

Je vais avoir 57 ans, je perds mon travail et de l’argent par rapport à la retraite que j’aurais normalement touchée.

Gaëlle

Gaëlle, qui compte porter plainte contre le laboratoire Bayer et les professionnels de santé concernés, est aujourd’hui soutenue par l’association RESIST qui représente 1 100 femmes en Auvergne-Rhône-Alpes (et 5 800 au niveau national). Toutes, souhaitent faire reconnaître la toxicité de ce dispositif médical.

200 000 femmes implantées en France

Clara Wauquier, administratrice et référente au niveau régional, explique que depuis 2016, l’association demande qu’un courrier d’information soit envoyé aux femmes porteuses d’implants Essure en France. "Avec ce courrier, je n’aurais peut-être pas attendu 10 ans avant de le faire enlever", souffle Gaëlle.

Aujourd’hui, "on sait que plus de 30 000 femmes ont été explantées selon les chiffres de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM)", selon Clara Wauquier qui affirme que l’association est toujours "dans l’attente" de l’étude ABLES, "financée par le ministère de la Santé et annoncée en décembre 2020". Cette étude, qui démarrerait au premier trimestre 2024, "concerne les femmes qui souhaitent se faire explanter, de suivre l’évolution de leurs symptômes et de voir le lien possible entre ces derniers et les métaux lourds", explique l’administratrice de l’association RESIST.

Il faut que les femmes puissent disposer de leurs corps et de leur état de santé.

Clara Wauquier, administratrice et référente de l'association R.E.S.I.S.T en AURA

"Tous les parcours se ressemblent avec cette errance médicale", poursuit Clara Wauquier, "c’est pour cela que nous sommes là pour informer ces femmes", souvent victimes d’un "manque de reconnaissance médicale et juridique".

Comment contacter l’association RESIST ?

L’association RESIST organise un café-rencontre le samedi 20 janvier, à midi, au bistrot Marsellus, situé place de la gare à Grenoble. Si vous souhaitez y participer, vous pouvez vous rendre directement sur place ou joindre l’association au 07 71 64 78 40 ou via le site internet.

Sachez qu’une permanence téléphonique est organisée tous les premiers samedis du mois, de 10 heures à 16 heures au numéro cité précédemment.

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