Implants contraceptifs Essure : une nouvelle étude menée à Lyon en confirme la toxicité

Une seconde étude réalisée par des chercheurs de Minapath à Lyon, confirme que l’étain utilisé dans les implants Essure, commercialisés par Bayer, est source d'effets secondaires. Pour de nombreuses femmes, "c'est une avancée dans la reconnaissance de leur statut de victime".

Le scandale sanitaire serait-il en train de se confirmer ? Ce mardi 22 décembre 2020, les victimes des implants contraceptifs Essure, oscillent entre une forme de soulagement et un sentiment qui perdure, celui de la colère. Une nouvelle étude, menée à Lyon par les chercheurs de Minapath, confirme qu'au niveau de la soudure du dispositif de contraception, "des particules d'étain pénètrent systématiquement dans la paroi des tissus, entraînant des réactions inflammatoires". Pour Me Caroline Paris, avocate de plusieurs femmes, "c'est une bonne nouvelle. C'est une avancée dans la reconnaissance de leur statut de victime. Mais le deuxième sentiment, c'est encore de la colère, qu'il faille attendre que des scientifiques se saisissent indépendamment de cette cause pour que les choses avancent".

5 cas sur 10 lors de la première étude, 18 cas sur 18 lors de la seconde

Avril 2020, la publication d'une première étude réalisée par une société lyonnaise, met le doigt sur la présence de particules d'étain dans les tissus de cinq femmes sur dix. La seconde, publiée ce 22 décembre 2020, est encore plus catégorique : sur les 18 femmes explantées, toutes présentent le même cas de figure. 

Michel Vincent est le président de la société Minapath, basée à Villeurbanne. Il explique qu'un nouveau protocole a été mis en place pour cette nouvelle étude, "ce qui a permis de regarder de plus près les tissus à la hauteur de la soudure en étain" de l'implant Essure. Et le résultat de ces travaux scientifiques, c'est la confirmation qu'au niveau microscopique, il y a un passage d'étain vers la paroi des trompes.

On sait que l'étain, s'il est transformé, peut devenir toxique, et cela peut expliquer aussi les symptômes locaux et systémiques dont se plaignent les patientes.

Dr Michel Vincent, président de Minapath

L'important pour cette équipe de 4 médecins et 4 chercheurs à l'origine de ces travaux, c'est de "faire connaitre aux victimes l'avancée de nos réflexions". Mais le docteur Michel Vincent, va plus loin, et souhaite d'ores et déjà, une étude à plus grande échelle, sur 500 ou 1.000 patientes qui ont des implants Essure depuis au moins 5 ans. Une étude qui serait réalisée, "pourquoi pas, à la demande de la Direction générale de la Santé". 

 

Que l'État et les autorités sanitaires sortent de l'inertie

Caroline Paris est l'avocate de plusieurs femmes, d'anciennes porteuses d'implants contraceptifs Essure. Et autant dire que les résultats de ces nouveaux travaux scientifiques lui donnent encore un peu plus de grain à moudre. "Aujourd'hui plus rien n'explique, que l'État au travers de l'ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament) notamment, ne prenne pas ce dossier à bras le corps, et reste dans l'inertie la plus totale en ne prenant pas le soin de faire réaliser les études qui manquent".

Pour l'avocate, le lien est désormais établi entre le tableau clinique présenté par les victimes et le dispositif médical Essure. "Les déclarations de bonne intention ne suffisent plus", déclare Caroline Paris. "On demande encore plus fort, sur la base de ces travaux, que l'État et les pouvoirs publics réagissent, que le Parquet poursuive ses investigations, et donne suite aux plaintes déposées".

L'avocate défend des femmes explantées d'Essure, mais qui présentent encore de nombreux effets secondaires indésirables, et notamment des symptômes neurologiques assez graves. Des femmes "à qui on a opposé que tout se passait dans leur tête, qu'elles étaient hystériques, dépressives". Alors, aujourd'hui, forcément la nouvelle étude lyonnaise constitue une bonne nouvelle, et une "avancée dans la reconnaissance de leur statut de victime".

Aujourd'hui, on veut que ces femmes soient suivies, soient soignées, et non plus victimes d'une errance médicale qui a déjà été beaucoup trop longue pour elles (...) Beaucoup vivent encore une épée de Damoclès au-dessus de leur tête. Quand elles apprennent que l'étain peut se transformer et expliquer les troubles neurologiques dont elles souffrent, elles se disent  que va-t-il se passer demain ? Quelle maladie peuvent-elles déclarer ?

Me Caroline Paris, avocate d'anciennes porteuses de l'implant Essure

En septembre 2020, une procédure visant l'État a été déposée auprès du tribunal administratif de Lyon, ville où siège Bayer qui a commercialisé en France l'implant Essure jusqu'en 2017. En avril, près de 70 patientes ont déposé une plainte pénale après des effets indésirables du produit, et leur dossier était en cours d'analyse par le pôle santé du parquet de Paris.

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