Une procédure a été lancée contre l'État par d'anciennes porteuses d'implants contraceptifs Essure. Ce dispositif du groupe Bayer, dont le siège français est à Lyon, leur aurait causé de multiples pathologies. L'ANSM n'aurait pas exercé son rôle de police sanitaire selon les victimes.
« Rien n’est pire que le silence, c’est une forme de dédain, de mépris » dit Sabine Hahner une des quatre patientes victimes des implants de stérilisation ESSURE qui viennent d’engager un recours contre l’état devant le tribunal administratif de Lyon.En février dernier, ces femmes, Françoise Vanmuysen de Villeurbanne (Métropole de Lyon), Sabine Hahner de Versonnex dans l’Ain, Anne-Cécile Groléas de Vénissieux ( Métropole de Lyon) et Brigitte Marty de Narbonne (Aude) avaient ouvertement interpellé le ministre de la santé lors d’une conférence de presse (tenue à Lyon le 10/02/2020) lui demandant de reconnaitre la « faute de l’état dans l’accomplissement de sa mission de contrôle sanitaire et de les indemniser » de prendre aussi en compte leur détresse.
Ces femmes souffrent depuis des années de multiples symptômes et ont payé à leurs frais des analyses qui tendent à prouver la toxicité du dispositif gynécologique. Elles n’ont eu aucune réponse des autorités sanitaires ce qui les a donc poussées huit mois plus tard à attaquer en justice.
"On est moins que des bagnoles"
« Elles ne peuvent pas porter seules le fardeau de ce scandale sanitaire » dit leur avocate Me Caroline Paris « il faut que l’état lance des études, mène une campagne d’information auprès des femmes porteuses de ces implants définitifs et des médecins généralistes pour mieux orienter leurs patientes, il faut aussi former des spécialistes à l’explantation et prévoir un fonds d’indemnisation »
Alternative à une ligature des trompes, les implants Essure, disponibles en France depuis 2002 remboursés depuis 2005 et dont les laboratoires Bayer ont arrêté la commercialisation en 2017, ont été posés dans notre pays sur plus de 200 000 femmes qui souhaitaient un moyen de contraception définitive.
Selon une étude indépendante basée sur les chiffres du Système National de Santé (SNDS), entre 2006 et 2018, 22 233 femmes ont été explantées parce qu’elles présentaient des symptômes sérieux d’effets indésirables graves.
Le retrait des implants peut exiger l’ablation de l’utérus et des trompes de Fallope, un acte médico-chirurgical lourd. Entre 2016 et 2018, 18 femmes sont décédées dans le mois suivant cette opération. Les chiffres pour 2019 et 2020 ne sont pas connus mais ce sont vraisemblablement plusieurs centaines de femmes qui y ont recouru.
«On est moins que des bagnoles, s’indigne Françoise Vanmuysen, pour un problème sur des voitures, on rappelle les véhicules et ont ouvre une enquête et pour nous rien, aucune étude alors qu’il s’agit de vies humaines ! »
L'Etat visé
"L'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a méconnu ses obligations" considère l'avocate des quatre plaignantes Me Caroline Paris. "C'est-à-dire qu'elle n'a pas exercé comme elle le devait son pouvoir de police sanitaire". Selon elle, la toxicité du contraceptif aurait dû être décelée avant sa mise sur le marché.C'est au tribunal administratif de Lyon, ville où siège l'allemand Bayer en France, que la procédure a été déposée. Elle fait suite à l'absence de réponse du ministère de la Santé, interpellé en février par les clientes de Me Paris.
Une procédure a été lancée contre l'État par d'anciennes porteuses d'implants contraceptifs Essure. Ce dispositif du groupe Bayer, dont le siège français est à Lyon, leur aurait causé de multiples pathologies. L'ANSM n'aurait pas exercé son rôle de police sanitaire selon les victimes.
Une étude sur la toxicité des implants
Les requérantes ont fait réaliser une étude auprès du laboratoire Minapath, à Villeurbanne, qui prouve selon elle la toxicité des implants. Ce rapport relève "une désintégration in vivo de la soudure du dispositif et un relargage dans le corps des femmes de fortes particules métalliques dont de l'étain", a affirmé Me Paris.L'avocate a évoqué d'autres expertises médicales à l'appui de cette requête. Elles établiraient "un lien causal manifeste entre le relargage toxique et l'inflammation des tissus qui sont en contact". En avril, près de 70 patientes ont déposé une plainte pénale après des effets indésirables du produit. Le dossier est en cours d'analyse par le pôle santé du parquet de Paris.