On sait désormais, grâce à un laboratoire lyonnais spécialisé, que les implants contraceptifs Essure "relarguent" du métal dans le corps des porteuses. L'avocat de plusieurs victimes demande à l'Etat de reconnaître "ses manquements dans l'exercice de sa mission de police sanitaire".

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L'Etat a-t-il failli dans sa mission de protection des patientes à qui l'on a prescrit le contraceptif définitif Essure ? C'est en tout cas la conviction de Me Stephen Duval, avocat de 4 d'entre elles qui ont décidé - en plus de plaintes au pénal- d'intenter un recours en responsabilité pour "manquement à l'exercice de sa mission de police sanitaire".
 

Des études inexistantes concernant l'innocuité du produit

C'est une première étape juridique importante dans ce dossier complexe : l'idée est de demander au ministère de la santé de reconnaître qu'il n'a pas suffisamment fait pour protéger les populations, et ainsi ouvrir droit à indemnisation des victimes du contraceptif Essure.

En cause : les études ou plutôt l'absence d'étude demandée par les autorités de santé française concernant l'inévitable dégradation dans le temps du dispositif "définitif". En filigranne, c'est aussi la responsabilité de l'ensemble des organismes de certification et des professionnels de santé qui est mise en cause. Sans oublié, bien sûr, le fabricant allemand, Bayer qui ne fabrique plus le produit.
 

Un best-seller qui vieillit mal

Ces implants, qui se présentent sous la forme de mini-ressorts en polyéthylène et différents métaux, ont été vendus à 1 million d'exemplaires dans le monde et posés sur 175 000 femmes françaises. Présentés comme une contraception définitive, ils étaient posés dans les trompes de Fallope, avec la promesse d'une efficacité de 99,8%, le tout remboursé par la sécurité sociale.

Le problème, c'est que ce corps étranger s'est oxydé au fil du temps chez les porteuses. Une détérioration accompagnée de "relargage" des métaux, un phénomène d'empoisonnement qui a provoqué de très nombreuses adénomyoses (maladie de l'utérus) et -selon les victimes- une avalanche de symptômes : fatigue extrême, troubles de la vue, chute massive des cheveux, etc. 
 

La présence d'étain dans le corps attestée

Le laboratoire indépendant lyonnais spécialisé, Minapath, a effectivement observé sur des implants contraceptifs retirés une zone corrodée, une soudure, composée en grande quantité d'étain. Et il a ensuite fait la démonstration que l'on retrouvait bien de l'étain dans le corps de la trentaine de patientes soumises à des examens poussés.

Et pour le Docteur Michel Vincent, fondateur du laboratoire, sur la mesure des expositions à des particules minérales, il n'y a pas de doute. Il y a bien migration de l'étain depuis la soudure jusque dans l'appareil génital des patientes, "et l'étain, précise-t-il, c'est potentiellement toxique".
 

Une recherche en responsabilité tous azimuts

Une patiente en sait quelque chose : Françoise Vanmuysen, ex-chirurgienne du bassin lyonnais qui a fait réaliser -à ses frais- la première analyse d'implant. Elle, qui a dû abandonner son métier tant les symptômes avaient empoisonné sa vie, veut aujourd'hui aller au bout. C'est pour cela qu'elle a déposé plainte au pénal contre X, notamment pour blessures involontaires. 

Avec le soutien de son avocat Me Duval, qui défend environ 150 patientes, elle a également intenté une action en responsabilité devant la justice civile contre Bayer, le fabricant. Le recours contre l'Etat, révélé aujourd'hui, complète l'arsenal. Pour qu'aucun acteur du dossier, fabricant, organisme certificateur, organisme étatique de contrôle et médecin, n'échappe à la justice. 
 
©France 3
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