Depuis le 14 décembre, huit jeunes Grenoblois, très éloignés de l'emploi, issus de quartiers défavorisés, ont intégré le programme Terre d'emploi. Une formation intense de dix semaines, qui leur permettra de décrocher un CDI dans une enseigne de restauration rapide.
Sofiane veut ouvrir un restaurant à Montréal. Irfane a des projets artistiques. Vénus souhaite lancer son agence de communication. Auparavant inaccessibles, leurs rêves semblent désormais à portée de main.
Jusqu'à présent, ils étaient "invisibles" par Pôle emploi. Sortis très tôt de l'école, ils passaient à travers les radars des entreprises.
Issus des quartiers défavorisés de l'agglomération, sans qualification ou presque, huit jeunes Grenoblois ont intégré le programme Terre d'emploi, le 14 décembre dernier. Un programme parrainé par le prestigieux footballeur Sonny Anderson.
Cette formation intensive de dix semaines, basée sur le sport collectif, et permettant d'acquérir les "savoir-être" nécessaires en entreprise, débouchera dans l'agglo grenobloise, sur un contrat à durée indéterminée dans une enseigne de restauration rapide, entre 24 et 30 heures par semaine pour commencer.
"Ca m'a appris à me donner de la valeur"
Une chance que ces jeunes sont bien décidés à ne pas laisser passer. "Dans ma vie, j’ai fermé beaucoup de portes. Là, il y en a une qui s’ouvre, je ne vais pas la rater, sourit Sofiane. Je vais l’ouvrir comme Thor ou Hulk, avec plein de force."Les jeunes gens sont encadrés par deux coaches sportifs et un spécialiste en communication, qui travaillent à leur redonner confiance. "Avant, je ne serai pas venue parler devant la caméra, ça c’est sûr ! On me dit souvent que je me cache. Avant, je serai restée dans mon coin, explique Vénus. Mais là, je me suis ouverte. Ça m’a appris à montrer mes valeurs, à me donner de la valeur."
"Maintenant, grâce à ça, je suis bien dans ma peau", reprend Sofiane. "Le formateur nous a beaucoup fait travailler sur notre timidité pour nous libérer mentalement", assure Irfane.
Un suivi en entreprise
Pour s'intégrer sans heurts dans la vie en entreprise, Terre d'emploi assure également un suivi après l'embauche. "Les deux coaches viennent régulièrement pour prendre la température, voir si ça se passe bien et désamorcer éventuellement des problématiques en amont, détaille Jean-Christophe Ciano, gérant des KFC Echirolles et Saint-Martin-d'Hères. Ce sont des choses extrêmement positives qui vont permettre aux jeunes de se révéler petit à petit et de prendre confiance en eux."Si les jeunes y gagnent, les entreprises également. Terre d'emploi leur permet de recruter des employés motivés, alors que ce secteur "en tension" de la restauration souffre d'une pénurie de main d'oeuvre.
En Rhône-Alpes, les entreprises financent cette formation - qui coûte 6 000 euros par stagiaire - grâce à leurs cotisations : le 1% formation, collecté et géré par l'opérateur Akto, et Pôle Emploi.
Dans chaque territoire, un besoin d'emploi est identifié dans les secteurs "en tension" (restauration et sécurité notamment), parallèlement au "casting" de jeunes très éloignés de l'emploi.
300 jeunes formés en Rhône-Alpes
Le programme Terre d'emploi est un succès en Rhône-Alpes : sur 12 jeunes formés à Valence pour l'année 2018-2019, 11 ont obtenu un CDI. Cette année, l'objectif est d'en former 300 non seulement à Valence, mais aussi à Lyon, Saint-Etienne, et bien sûr Grenoble.Même ambition au plan national. Lors de la première édition, dans toute la France, 1 000 ont été formés. 90% ont décroché un CDI, et 3 000 devraient suivre le programme cette année sur tout le territoire, DOM-TOM compris.