Près de 250 manifestants se sont réunis, ce samedi 6 janvier dans plusieurs villes des Alpes dont Chambéry et Grenoble, à l'appel du collectif "No JO". Tous entendaient montrer leur opposition à l'organisation des Jeux olympiques d'hiver 2030 dans les Alpes françaises.
En tenues de ski hautes en couleurs, parées de perruques et de nez rouges, certains skiant sur du goudron. Près de 250 manifestants se sont rassemblés samedi dans trois points des Alpes pour protester contre l'organisation possible des Jeux olympiques d'hiver 2030 dans les régions Auvergne-Rhône-Alpes et PACA.
À Chambéry, ils étaient une centaine dans une ambiance de kermesse, réunis dans un parc non loin du siège du comité départemental olympique et sportif de Savoie. Des militants de différentes associations (Extinction Rebellion, Attac, les Soulèvements de la Terre) ou simples citoyens, étaient réunis à l'appel du collectif "No JO".
Au programme : course de ski et de bobsleigh sur goudron avec remise de "médailles" aux présidents de Région Laurent Wauquiez (Auvergne Rhône-Alpes), Renaud Muselier (Provence Alpes Côte-d'Azur) et au président du Comité national olympique sportif français David Lappartient pour récompenser respectivement leur "autoritarisme", leur "malhonnêteté" et leur "corruption".
Un modèle "questionnable" ?
Notamment dénoncé : le fait qu'une association signataire d'un appel contre la tenue en France des JO 2030 aurait perdu les subventions accordées par la Région AURA en décembre dernier. Une coupe que la région avait démentie en affirmant que rien n'était voté.
"Les JO écolo c'est du pipeau", "Tout schuss vers la cata économique et écologique", "Ski alpin ou ski nautique ?" pouvait-on lire sur les affiches. "JO 2030 : Référendum !", revendiquait une autre.
À Grenoble, une quarantaine de personnes se sont positionnées près d'un rond-point de la nationale montant vers les stations de ski, avec des tenues bariolées de sport alpin pour sensibiliser les touristes. "Ce n'est pas une candidature écolo. Les JO favorisent l'industrie du ski, l'artificialisation des sols. Ça favorise la construction de routes, de logements, de canons à neige et donc des bassines. Ce sont des choses contre lesquelles on lutte, a dénoncé Benoit, un militant des Soulèvements de la Terre. Les JO de Grenoble en 1968 et d'Albertville en 1992 datent d'une autre époque. C'est une époque où l'on croyait encore au modèle de développement des stations de ski. En 2024, on sait que ce modèle est questionnable."
"De plus, les financements des JO vont aller vers les grosses stations de ski qui, pour le moment, ne font pas face aux effets du réchauffement climatique. Ces financements ne vont pas aider les petites stations qui ont besoin d'argent pour leur transition", a-t-il poursuivi.
Nos ressources en eau sont déjà sous tension, ça paraît complètement absurde.
Une manifestante.
"Nos montagnes souffrent. Nous perdons des quantités de neige chaque année. Les stations l'observent déjà, mais on veut tout de même accueillir des sports de neige en 2030 alors qu'on sait que ça nécessitera de la neige artificielle. Nos ressources en eau sont déjà sous tension, ça paraît complètement absurde", a ajouté une manifestante au milieu d'une fanfare.
Dans les Hautes-Alpes, une centaine de militants eux aussi vêtus de tenues bariolées ont profité des embouteillages au rond-point d'une des sorties de l'A51, pour échanger avec les automobilistes dans un climat "festif", selon Stéphane Passeron, membre du collectif No JO, joint par l'AFP.
Seule candidature retenue
L'offre de candidature des Alpes françaises portée par les régions PACA et AURA pour les Jeux d'hiver de 2030 a été la seule retenue par le CIO le 29 novembre dernier, avant décision définitive en juin.
Depuis, des élus et des associations pointent les risques écologique et économique que représente cet événement mondial. Certains plaident pour des Jeux durables permettant de développer les transports notamment ferroviaires dans les Alpes.