La start-up grenobloise Grapheal développe un test salivaire numérique pour détecter le coronavirus, permettant d'obtenir les résultats en quelques minutes. Le prototype sera expérimenté fin février au CHU Grenoble-Alpes.
C'est une innovation qui pourrait représenter un grand pas dans le dépistage du coronavirus. Alors que les tests salivaires ont reçu le feu vert de la Haute autorité de santé (HAS), Grapheal, une start-up de Grenoble, développe un modèle numérique ultra-rapide. Le prototype mis au point doit être reproduit selon le même procédé : il s'agit de sensibiliser un capteur avec des protéines. Elles vont cibler celle du coronavirus, la fameuse Spike.
"Les protéines Spike qui se trouvent en surface vont interagir avec la couche déposée sur le détecteur. Et cette interaction de reconnaissance du virus ciblée par cette protéine va induire un changement de conduction du capteur. C'est ça qui va donner le résultat sur une durée beaucoup plus courte que d'habitude, autour de quelques minutes", explique le PDG de l'entreprise Grapheal, Vincent Bouchiat.
Certains tests salivaires sont déjà commercialisés en France. Ils permettent d'accélérer le dépistage en milieu scolaire, car plus adaptés aux enfants que le prélèvement nasal. La start-up Grapheal, issue du CNRS, s'est inspiré de sa première innovation, un pansement connecté, pour imaginer ce test. Le matériau de base reste le même : le graphène, un composé d'atomes, conducteur électrique et bio-compatible. Idéal pour fixer les protéines extraites des prélèvements.
Début de la phase de test
Pour mettre le test salivaire à l'épreuve, les chercheurs font des essais avec des échantillons de salives issus de patients infectés ou non. "Ils contiennent un virus désactivé qui n'est plus du tout infectieux et qu'on va utiliser pour vérifier que notre test fonctionne sur des échantillons réels", ajoute Charlotte Hurot, ingénieure chercheuse en biochimie.
Le test marie la biochimie et l'électronique. Il peut être connecté à un smartphone, utile en cas de contrôles, notamment dans les aéroports. "Une fois que la personne a fait son test, elle peut conserver le résultat de manière sécurisée, enregistré sur un pass d'accès. Il suffit, sur son smartphone, de valider qu'on est la personne qui a fait le test pour pouvoir lire le contenu", ajoute la directrice informatique de Grapheal, Behnaz Djoharian.
Le prototype sera expérimenté fin février au CHU Grenoble-Alpes. Après une première phase avec 60 volontaires, les essais s'étendront à plusieurs centaines. La start-up espère commercialiser en 2022 son test salivaire numérique.