Une nouvelle grève pour le climat a eu lieu ce vendredi 19 mars à Grenoble, accompagnée d'une manifestation rassemblant plusieurs centaines de jeunes. Les grévistes de ce "Friday for Future" veulent remettre le social au centre de l'enjeu environnemental.
"Je sèche, comme la planète". Voilà l'un des slogans désabusés de la jeunesse iséroise, rassemblée sur les heures de cours ce vendredi 19 mars pour une manifestation réclamant la sauvegarde du climat. Depuis le lancement du mouvement en août 2018 par la militante suédoise Greta Thunberg, les "grèves pour le climat" se sont multipliées partout dans le monde, y compris en France et à Grenoble.
Partis à 14h30 du parvis de la gare à l'appel du mouvement Fridays for Future, des centaines de jeunes se revendiquent "l'avenir d'un monde à l'agonie", dénonçant un futur incertain sur une planète bientôt invivable. Faustine participe aux grèves pour le climat grenobloises depuis "plusieurs années", et continue de venir "parce que j'ai encore un petit espoir, mais il est vraiment très petit" :
On est des jeunes, on ne sait même pas si on a envie d'avoir des enfants ou ce qu'on veut faire dans la vie, parce qu'on ne crois plus en l'avenir.
"Notre dernier cri d'appel à l'aide"
Pour elle, ces grèves sont "notre dernier cri d'appel à l'aide". Car, pour cette jeunesse, rien ne semble avoir bougé. Elle critique une loi climat insipide, qui ne reprend pas les mesures de la convention citoyenne, qu'Emmanuel Macron avait promis de reprendre "sans filtre". Résultat : seules 10 propositions sur 149 se retrouvent sans filtre dans le texte législatif final, que les manifestants jugent très insuffisant : "Ce que la science demande ne peut pas être atteint", assène Robin Jullian, militant du mouvement Friday for Future.
Alors, après deux ans et demi de manifestatons sans relâche, il concède que "notre génération n'a plus du tout confiance dans le gouvernement". Désormais, les objectifs sont, pour lui, d'"unir notre génération et construire le monde de demain nous-mêmes".
Un monde à construire en dépassant le syndrôme de l'inaction. "Les générations d'avant se disaient que ça ne retomberait que sur les générations futures, donc forcément on procrastine", théorise Faustine. Sauf que la crise climatique n'est plus qu'une menace dans un futur lointain, "elle est très actuelle".
"On est tous un peu coupables"
Pour les manifestants, il devient donc nécessaire de remettre en cause nos modes de vie et de consommation. Clémence défile, la tête dans un carton percé, sur lequel est marqué en anglais : "Wanted, hypocrite human for destroying the biosphere", soit "Recherché, humain hypocrite destructeur de biosphère", comme une affiche placardée sur un saloon au far west. "On est tous un peu coupables, explique-t-elle. J'ai un téléphone dans ma poche, de temps en temps j'achète des trucs neufs... Il faut qu'on se rende compte qu'on a tous une part de responsabilité."
Retrouvez le reportage de Vincent Habran et Dominique Semet :
Nouveauté de cette manifestation : le discours se fait plus social, plus politique aussi, dénonçant pauvreté, précarité et détresse de la jeunesse. "On s'est rendu compte que la cause est bien plus large, et qu'on ne peut pas juste militer pour le climat et laisser de côté le social", affirme Marcel, lui aussi venu manifester. Un constat que partage Robin Jullian, pour qui, en plus de la crise climatique, la jeunesse actuelle "doit aller manger aux Restos du Coeur, n'en peut plus au niveau mental et ne peut même pas étudier".
Si bien que, au-delà du seul problème environnemental, Marcel estime que "c'est tout un système en place qu'on doit combattre, modifier en tout cas, pour faire changer les choses". Un système qui selon certains ne permet pas d'atteindre les objectifs en matière de neutralité carbone. Mercredi, la France avait dépassé en moins de trois mois ce qu'elle est supposée émettre en une année à l'horizon 2050 pour respecter ses engagements en matière de neutralité carbone.