Le musée Champollion vient d'être inauguré à Vif, près de Grenoble. Un lieu d'histoire et de culture dédié à l’œuvre des frères Champollion et à la naissance de l’égyptologie. C'est l'aboutissement de cinq ans de travaux menés par le conseil départemental de l'Isère.
Un nouveau musée dédié à l'histoire de Jean-François Champollion, déchiffreur des hiéroglyphes en 1822 et père de l'égyptologie moderne, a été inauguré vendredi dans sa maison familiale près de Grenoble. Le musée Champollion situé à Vif, sur les contreforts du Vercors, a ouvert au public. C'est l'aboutissement d'un vieux projet relancé en 2016 par le département de l'Isère, achevé après cinq ans d'études et de travaux, pour un coût de 6, 3 millions d'euros. Un projet accompagné par le musée du Louvre, qui prête 82 objets.
Dans l'intimité des frères Champollion
Le parcours permanent, finement agencé entre les murs de cette ancienne maison bourgeoise, insiste sur l'univers familial du jeune Jean-François (1790-1832) et le "rôle fondateur" de Jacques-Joseph Champollion-Figeac dans les découvertes majeures de son frère cadet, explique Caroline Dugand, la conservatrice du musée. On découvre au fil des salles la curiosité folle de ce chercheur pour l'Orient: une gravure de son nom en hiéroglyphes sur une poutre de la chambre, des ornements d'inspiration égyptienne sur une armoire, son habit égyptien porté lors de sa visite du pays en 1828.
Le rachat des bâtiments par le département, en 2001, a permis l'exposition des collections privées conservées par les descendants de la famille, comme un estampage de la pierre de Rosette ou le "bureau du déchiffrement", un secrétaire en acajou extrait de son appartement parisien de la rue Mazarine où est intervenu, en 1822, cet "Eurêka" fondateur de toute une discipline, l'égyptologie.
Revoir le reportage de Xavier Schmitt et Dominique Semet diffusé jour de l'inauguration du musée sur France 3 Alpes
Quelques objets rapportés des collections du département des antiquités égyptiennes du Louvre rappellent que Champollion, "conscient de faire découvrir une nouvelle civilisation" à Paris et au monde, fut le concepteur, en 1826, des premières salles dédiées à l'Egypte antique au Louvre, explique l'une de ses conservatrices en chef, Florence Gombert-Meurice.
Le musée nous baigne ainsi dans la naissance d'une discipline scientifique permise par le déchiffrement des hiéroglyphes, mais aussi la "Description de l'Egypte", ouvrage monumental tiré des relevés de l'expédition d'Egypte menée par Bonaparte au tournant des 18e et 19e siècles.
Installée dans les dépendances, la première exposition temporaire du musée, gratuit, veut attirer le grand et le jeune public avec les aquarelles de Jean-Claude Golvin, dont la finesse et le souci du détail des grands sites égyptiens qu'il représente sont salués par les spécialistes - et le monde du jeu vidéo, utilisé ici comme support pédagogique.
Cette maison Champollion, demeure du frère Jacques-Joseph, était un lieu de repos pour Jean-François, qui vécut essentiellement à Paris après son lycée à Grenoble et une enfance à Figeac (Lot), où est également installé un Musée Champollion dédié lui aux écritures du monde.
Un 11ème musée pour le département de l'Isère
L'ancienne propriété familiale de l'égyptologue était fermée au public depuis près de dix ans après une ouverture temporaire en 2004 et une première phase de travaux. C'est le conseil départemental de l'Isère, propriétaire des lieux, qui a relancé depuis 2016 la sauvegarde de ce site patrimonial, inscrit à l'inventaire des monuments historiques.
La rénovation et l'agrandissement engagés en 2019 ont duré deux ans. Un chantier un peu retardé par la crise sanitaire et par une découverte sur les murs intérieurs. Sous les papiers peints, les ouvriers ont mis au jour des peintures murales des XVIIème et XVIIIème siècles que Champollion n'a pas pu voir.
Une originalité de plus dans ce musée en forme de parcours, jalonné d'objets surprenants. La réhabilitation a coûté 6,3 millions d'euros, financée principalement par le département de l'Isère.