Isère : malgré le début des vacances, quatre fois moins de touristes dans les stations de ski

Le début des vacances scolaires de la zone A ce samedi 6 février faisait espérer aux professionnels du tourisme en montagne une arrivée de vacanciers. A l'Alpe-d'Huez, en Isère, les réservations sont pourtant quatre fois moins nombreuses que d'habitude.

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Enfin les vacances scolaires de février, cette période où les stations de ski des Alpes font le plein de vacanciers et garantissent leur chiffre d'affaires annuel. Et cette année, les vacances scolaires de la zone A (Auvergne-Rhône-Alpes, Nouvelle Aquitaine et Bourgogne-Franche-Comté) ont débuté ce samedi 6 février sous de bonnes augures. Dès ce matin, plusieurs zones de bouchons étaient recensées sur les grands axes des Alpes. Comme ici à Grenoble, sur la route de l'Oisans :

Mais à y regarder de plus près, quelque chose semble clocher. Les voitures sont presque toutes immatriculées des Alpes ou de la région lyonnaise - les plaques étrangères croisées entre l'Alpe-d'Huez et Grenoble se comptent sur les doigts d'une main - et les paires de ski se font rares sur les toits des voitures. 

Et effectivement, en altitude, la marée de touristes espérée par les professionnels se fait toujours attendre. A l'Alpe-d'Huez en Isère, on est loin de l'affluence des grands jours. A l'hôtel du Chamois d'Or, établissement 5 étoiles, le directeur accueille les clients au compte-gouttes. Sur les 45 chambres que compte le bâtiment, seules six seront ocupées ce soir. "On avait un certain nombre de réservations pour les vacances mais la majorité de nos clients ont annulé", explique Thibaut Lassarat, qui estime que "les gens ne peuvent plus se projeter". 

Un chiffre d'affaires divisé

Alors, voir complètement vide sa grande salle de restauration, qui peut accueillir 120 personnes simultanément, lui "donne des frissons". "Sans le service de restauration et le service de terrasse, l'hôtel ne peut pas avoir la même atmosphère, concède le gérant. La majorité de nos clients verra le Chamois dans un état un peu glauque". 

Entre restrictions frontalières et fermeture des remontées mécaniques, la pandémie de Covid-19 fait beaucoup de mal à l'Alpe-d'Huez, et Thibaut Lassarat estime que son chiffre d'affaires de février sera divisé par 10 par rapport à la même période en 2020.

Un constat partagé sur l'ensemble de la station. "La semaine qui commence, c'est 20% de remplissage au lieu de 80 dans la station, et la semaine prochaine ça sera 30 au lieu de 90", précise François Badjily, directeur de l'office de tourisme de l'Alpe-d'Huez. "C'est très compliqué. On essaie d'avoir le sourire pour accueillir les vacanciers dans les meilleures conditions, mais pour nous c'est une catastrophe", avoue-t-il.

D'autant que l'imprévisibilité qu'impose la pandémie décourage les longs séjours, et la majorité des vacanciers de la station réservent simplement pour quelques jours. A en croire, Thibaut Lassarat du Chamois d'Or, "on ne peut pas appeler ça des vacances, ce sont des gens qui font des petits breaks en montagne."

Mais pour lui, le plus dur, c'est "le fait que nos clients fidèles ne viennent pas". "On voit leurs enfants tous les ans, ce sont des couples qui deviennent des amis", ajoute-t-il. Alors forcément, quand "certains clients nous font l'honneur de venir, ça nous fait le plus grand bien".

La montagne au-delà du ski

Des clients fidèles comme Mike, venu en famille depuis Bagnols-sur-Cèze dans le Gard. Ce samedi, il arrive à l'Alpe-d'Huez "comme chaque année, au même endroit à la même heure". Et l'impossibilité de faire du ski sur les pistes ne lui fait pas peur : "On va essayer de profiter autrement. On va faire des raquettes, des chiens de traineau... Tout ce qui sera possible de faire. On bosse toute l'année, donc une semaine l'hiver c'est important."

Cette diversification, Mike n'est pas le seul à y avoir pensé. Au pied des remontées mécaniques à l'arrêt, Michaël Mesas s'occupe de ses nombreux chiens de traîneau, pris d'assault. "Ce matin, c'était la cohue, se réjouit-il. Ca n'arrête pas de se remplir, on a du mal à bien faire face." Pour lui, cette afluence "est une bonne nouvelle, ça montre que les gens ont besoin de sortir et de prendre un vrai bol d'air", même sans le ski, activité reine de la montagne.

Mais cette diversification a aussi ses limites. Notamment économiques, comme l'explique le directeur de l'office de tourisme François Badjily :

D'habitude, on a déjà ces activités complémentaires : ski de fond, raquette, ski de rando, chiens de traîneaux... Mais si on a les moyens d'offrir ce type de prestations, c'est parce qu'on a l'économie du ski à côté. Sur ces vacances, on a que des dépenses et pas de recettes. On a la chance d'avoir des aides, mais il y a quand même des trous dans la raquette.

François Badjily, directeur de l'office tourisme de l'Alpe-d'Huez

Comme tous leurs homologues du reste des Alpes, les professionnels de l'Alpe-d'Huez prient pour un retour à la normale sanitaire, afin de retrouver leurs fidèles vacanciers. Ils espèrent aussi une arrivée importante de Parisiens, en vacances dans une semaine, regrettant avec nostalgie les insupportables embouteillages.

 

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