Une centaine d'agents EDF de la centrale hydroélectrique de Livet-et-Gavet ont fait grève jeudi contre le contesté projet Hercule. Ils critiquent la fermeté de la direction et craignent de voir un service public se libéraliser.
C'est un projet qui met le feu aux poudres. Devant la toute nouvelle centrale hydroélectrique de Livet-et-Gavet (Isère), les salariés de l'énergie n'en démordent pas : EDF court à sa perte. Tous pointent du doigt le projet Hercule, présenté comme une réorganisation de l'entreprise. Une posture qui ne convainc pas les syndicats.
"La casse est déjà bien entamée depuis 2004 mais aujourd'hui, avec le projet Hercule, ce serait la fin d'EDF comme tous les utilisateurs peuvent le connaître. L'entreprise serait disloquée entre plusieurs parties", affiche Fabrice Coudour, représentant de la CGT Mines-Énergie (FNME-CGT).
Le projet Hercule vise à scinder EDF en trois entités : une entreprise publique (EDF bleu) pour les centrales nucléaires, une autre (vert) cotée en Bourse pour la distribution d'électricité et les énergies renouvelables, et une troisième (azur) qui coifferait les barrages hydroélectriques dont les concessions seraient remises en concurrence sous la pression de Bruxelles.
Projet opaque
Une centaine d'opposants au projet se sont réuni devant la centrale iséroise jeudi 17 décembre. Plus d'un agent EDF sur quatre a fait grève à l'appel de l'interfédérale pour cette dernière journée de mobilisation de l'année. Ils réclament "un débat politique et démocratique" sur l'avenir du secteur en France. Car ce n'est pas leur statut qui est en jeu, assurent-ils, mais la crainte de voir un service public se libéraliser.
"Ce projet va se concrétiser sur le service qui va être mis en place lorsqu'il y a une tempête, par exemple. Aujourd'hui, un distributeur intervient 24h/24 et 7j/7, on est rétablis extrêmement rapidement. Demain, ce service pourrait devenir payant", explique la représentante CFDT au sein d'EDF Hydro-Alpes, Séverine Courtin.
Les syndicats critiquent la fermeté de la direction d'EDF et l'impossibilité de dialogue social. Ils soulignent également un risque d'augmentation des prix. Et pourtant, le projet débuté en juillet 2019 reste méconnu, même pour les députés. "Aujourd'hui, nous ne savons pas ce qui se négocie. Alors quand il n'y a pas d'informations, quand il y a un tel manque de transparence, évidemment on imagine le pire et on se bat contre le pire", déclare Marie-Noëlle Battistel, députée de la 4e circonscription de l'Isère.
Des députés de toute étiquette politique s'opposent, à une rare unanimité, au projet Hercule. Mais l'Etat, actionnaire majoritaire d'EDF, soutient le projet. Une réorganisation en revanche très surveillée par la Commission européenne. Bruxelles craint qu'Hercule n'entrave le libre jeu de la concurrence.