Dans le massif du Taillefer, les habitants du Poursollet n'en peuvent plus. Le parking du hameau, point d'accès au lac Fourchu, est régulièrement saturé et les promeneurs multiplient les incivilités. Les propriétaires locaux voudraient que le site soit classé Espace naturel sensible.
Tous les matins, Jean-Noël Guglielmi se rend aux abords du parking du Poursollet, dans le hameau du même nom. C'est d'ici que partent de nombreux randonneurs pour aller marcher en montagne, dans le massif du Taillefer en Isère. Avant de partir, ils sont accostés par le propriétaire qui gère le site.
"Il est venu nous voir ce matin pour nous expliquer qu'il ne fallait pas laisser traîner de papier par terre, pas faire de feu... La logique des choses quand on est en montagne de toute manière", estime un randonneur. Aller à la rencontre des automobilistes, expliquer que ce parking est privé, qu'il faut respecter les panneaux de signalisation... C'est à cela que Jean-Noël occupe une partie de ses journées. Mais ses avertissements ne sont pas toujours bien accueillis. "Des fois, le ton monte, parfois même beaucoup... C'est à la limite quand même", juge Jean-Noël Guglielmi, président de la Commission syndicale du hameau du Poursollet.
"Le temps nous est compté"
Depuis quatre ans, et plus encore depuis le déconfinement, les touristes sont de plus en plus nombreux sur ce site. Une enquête réalisée en 2016 par le Parc national des Écrins a permis d'estimer que près de 119 personnes montent chaque jour sur le plateau des lacs depuis le Poursollet, sur la commune de Livet-et-Gavet.
Et, peut-on lire dans cette même enquête, plus de 110 véhicules ont été comptés sur le parking du hameau lors des pics de fréquentation. Un point de départ facile pour aller sur le plateau du Taillefer, site classé Natura 2000, et au lac Fourchu. Pour s'y rendre, les promeneurs traversent le hameau et passent sous les fenêtres des propriétaires de chalet, qui n'en peuvent plus.
"On voulait mettre un panneau pour dire : 'Attention, vous entrez dans un village gaulois, à vos risques et périls'. Et puis, on veut pas interdire la montagne, donc on est prêts à accepter des gens qui respectent cette propriété", reprend Jean-Noël Guglielmi. Les propriétaires de chalets ont entamé plusieurs procédures. Ils voudraient que le site soit classé Espace naturel sensible (ENS) et pourquoi pas, un jour, réserve naturelle nationale. Un souhait partagé par les maires du massif.
"Je crois qu'aujourd'hui, on est arrivé à un moment un peu charnière, il est temps d'agir pour le massif du Taillefer. Le temps nous est compté", estime Gilles Strappazzon, maire (PS) de Saint-Barthélemy-de-Séchilienne et conseiller départemental de l'Isère. Prochaine étape importante pour les propriétaires du hameau : la visite des services du Département, le 24 juillet. Ils souhaitent que la collectivité locale aménage la route d'accès au parking et le ferme au public. En 2016 déjà, le parc des Ecrins estimait nécessaire d'engager une réflexion pour "faire évoluer l'accès motorisé au parking du Poursollet".