Avec l’arrivée de l’automne, les plus belles espèces de champignons refont surface, attirant de nombreux amateurs et curieux. Mais avant de remettre les mains dans les sous-bois cet automne, il est essentiel de respecter quelques bonnes pratiques.
Chaque année, la cueillette des champignons séduit un nombre croissant d'amateurs. En Isère, Savoie et Haute-Savoie, la saison a débuté avec un peu d’avance grâce à l’alternance de pluie et de soleil des derniers mois. "On arrive de forêt et on a déjà ramassé des champignons. Septembre, c’est la bonne période pour rentrer dans le vif du sujet", rassure Fanny Godet.
Alors que les récoltes s’annoncent prometteuses, la technicienne forestière territoriale rappelle l’importance de respecter certaines règles pour identifier les bonnes espèces et préserver l’environnement. "Il y a une règle spécifique qui s’applique à la cueillette des champignons : c’est la cueillette familiale. C’est-à-dire qu’on ne prélève pas plus que ce qu’on peut consommer soi-même ou dans le foyer. La limite est fixée à cinq litres par jour et par personne. C’est la principale réglementation que nous surveillons lors des contrôles en forêt", précise-t-elle.
Jusqu'à 45 000 euros d'amende
La cueillette des champignons doit rester modérée. En principe, elle nécessite même une autorisation préalable, que ce soit sur un domaine public ou privé. Selon l’Office national des forêts (ONF) de Savoie Mont-Blanc, au-delà de cinq litres par personne, soit l’équivalent d’un panier de cinq kilogrammes environ, la cueillette est considérée comme frauduleuse et passible d’une amende de 135 euros.
Cette sanction s’applique dans toutes les forêts et peut être beaucoup plus sévère pour les promeneurs dont la cueillette dépasse les dix litres. "Cela devient un délit passible de trois ans de prison et de 45 000 euros d’amende, selon le code pénal et forestier", avertit Fanny Godet. Elle ajoute : "Les contrôles peuvent avoir lieu dans le cadre de nos missions quotidiennes ou lors de missions spécifiques des polices forestières. Nous avons des journées dédiées à ces contrôles."
Un champignon mature et en bon état se reconnaît rapidement à son aspect et à sa texture.
Fanny Godet, technicienne forestière territoriale.
Si les promeneurs sont souvent peu informés des réglementations en vigueur, "les personnes qui dépassent les limites autorisées sont rares", reconnaît la technicienne forestière territoriale.
Avis aux cueilleurs occasionnels : les champignons comestibles sont généralement faciles à identifier, et vous prenez très peu de risque à les ramasser. "Un champignon mature et en bon état se reconnaît rapidement à son aspect et à sa texture. Souvent, les champignons sont fermes. Mais lorsqu’ils sont ramassés tardivement, ils deviennent mous. Ils perdent leur couleur et sont souvent consommés par les animaux de la forêt", explique Fanny Godet.
Les champignons les plus récoltés et les plus courants dans les forêts de notre région sont les cèpes, les trompettes-de-la-mort et les chanterelles. "Ils poussent aussi bien dans les forêts de moyenne altitude que de haute altitude", précise-t-elle.
Risques d'intoxications
La cueillette des champignons, c’est un peu comme chercher des trésors cachés dans la nature. Mais attention, tous les champignons ne sont pas comestibles. Certains, souvent voisins des bonnes espèces, sont à éviter car ils peuvent provoquer des intoxications.
Certains champignons ne sont pas comestibles mais ils jouent un rôle crucial pour la flore et la faune.
Fanny Godet, technicienne forestière territoriale.
Depuis le 1er juillet 2023, plus de 600 cas d’intoxication ont été recensés en France. Un pic pourrait être observé en octobre, selon l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (Anses).
Les intoxications sont souvent dues à la confusion entre espèces comestibles et toxiques. En Isère, Savoie et Haute-Savoie, l’amanite tue-mouches, reconnaissable à sa couleur rouge tachetée de blanc, est particulièrement à éviter. "Il ne faut pas toucher ce champignon, car un contact suivi d’un geste vers la bouche peut provoquer des réactions", avertit Fanny Godet.
Cueillette possible jusqu'à la mi-octobre
L’Office national des forêts (ONF) déconseille également l’utilisation d’applications de reconnaissance de champignons sur smartphone, jugées peu fiables. En cas de doute, Fanny Godet recommande de faire appel à un guide de montagne ou un expert en mycologie. Certains pharmaciens sont suffisamment formés pour conseiller les cueilleurs.