En 2012, leur fille leur était retirée pour suspicions de maltraitance alors qu'elle souffrait d'une maladie héréditaire rare. 9 ans plus tard, Yoan Bombarde et Sabrina Dietsch obtiennent réparation. Le couple vit désormais en Isère. Il a accordé à France 3 Alpes un long entretien.
"On ne croyait plus à la justice, c'est une belle surprise", "on vivait cette bataille, cette guerre, depuis neuf ans. Là, on va enfin pouvoir respirer". Les mots de Yoan Bombarde sont forts. A la hauteur du soulagement. "On est blanchi", confirme Sabrina Dietsch, sa compagne. Le couple sort enfin la tête de l'eau. Il a obtenu gain de cause devant la justice. La faute des médecins experts intervenus dans leur dossier après un signalement pour maltraitance a été reconnue. Ils vont devoir leur payer des dommages et intérêts.
Une maladie prise pour de la violence
Tout a commencé en 2012 à Nancy. Leur fille Louna, alors âgée de trois mois, est hospitalisée aux urgences. Elle présente des hématomes qui seront diagnostiqués comme des marques de coups. En fait, l'enfant, comme sa mère, est atteinte d'angiœdème, une maladie génétique rare et héréditaire qui provoque notamment des gonflements sur le visage.
Leur vie bascule quand des experts médecins confirment ce diagnostic erroné qui a donné lieu à un signalement par le CHU de Nancy. Les parents sont mis en examen et la fillette leur est retirée et placée en famille d'accueil. Il faudra attendre 2015 pour qu'ils puissent la retrouver.
Une lutte pour établir la vérité
"Je me suis effondrée parce que, pour moi, c'était inimaginable qu'on nous accuse de violences sur notre fille. C'était invraisemblable qu'on ait pu faire la moindre violence sur Louna d'autant que dès le début on les a prévenus que j'étais porteuse d'une maladie orpheline".
Et c'est le CHU de Grenoble, centre de référence des angiœdèmes qui établit finalement la maladie. "Le seul pédiatre en France qui connaît parfaitement cette pathologie a décidé de faire une autre contre-expertise pour rétablir la vérité", explique le père de Louna.
140 000 euros de dommages et intérêts : "une somme dérisoire"
La famille a quitté les Vosges et vit désormais en Isère, dans la station de l'Alpe du Grand Serre. Elle va donc toucher 140 000 euros de dommages et intérêts qui seront versés par les deux médecins experts, selon le jugement du tribunal civil de Nancy (100 000 € pour les parents, 30 000 € pour Louna et 10 000 € pour son petit frère).
"Une somme dérisoire" au vu du préjudice. "Les indemnisations qu'ils vont nous verser ne remplaceront absolument pas le temps qu'on a perdu avec Louna et ce temps reste irrécupérable. Le fait qu'ils soient condamnés, ça nous blanchit et ça montre qu'ils reconnaissent qu'il y a eu des erreurs qui ont été faites dans ce dossier", confie Sabrina, la maman de Louna.
Près de quatre ans sans leur fille, neuf ans de "calvaire"
Le soulagement l'emporte mais la colère affleure toujours, après tant d'années de vie mises entre parenthèses pour être innocentés. "C'est toute une machine qui s'est mise en route et c'est une machine qui vous broie", dit-elle. "Je tiens à préciser que pour savoir si Louna était porteuse de cette maladie, c'était juste une prise de sang et ils ne l'ont pas faite. Et ils s'étaient quand même permis de mettre sur leur rapport que Louna n'était pas porteuse de cette pathologie alors qu'ils n'avaient pas fait des tests génétiques qui auraient pu prouver qu'elle était malade".
"C'est trois ans et huit mois de calvaire", renchérit Yoan, le père de Louna. "On a récupéré notre fille de force et on nous a encore collé des procédures derrière. Donc ces sommes d'argent sont presque même ridicules par rapport à ce qu'on a vécu. Nous, on ne fera pas appel de cette décision parce qu'on souhaite passer à autre chose".
Tourner la page
Désormais, le couple attend la décision du tribunal administratif de Nancy, prévue ce jeudi 8 avril, concernant la responsabilité du CHU de Nancy dans le premier signalement de violences.
"Après, on pourra commencer à vraiment tourner la page de cette histoire et surtout à s'occuper de familles qui vivent aussi ce calvaire, parce que malheureusement il y en a quelques centaines en France", conclut Yoan.