Second tour des municipales : candidats favoris, sortants en péril, impact du coronavirus, tous les enjeux en Isère

Fin juin où à l'automne ? Alors que la réponse du Gouvernement est attendue dans les prochains jours, en Isère le second tour des élections municipales s'annonce assez palpitant. S'il ne concernera qu'une petite partie des communes, le suspens demeure grand.

Evidemment, il y a Grenoble. La capitale des Alpes, plus grande ville écologiste de France, est au centre des attentions. Même si, ici, le suspens s'est quelque peu dissipé. Sauf en ce qui concerne la troisième mi-temps, l'élection à la Métropole qui concentre bon nombre de pouvoirs. Mais, en Isère, les enjeux demeurent néanmoins très nombreux. Sur les 20 villes les plus peuplées du département, 12 verront se jouer un deuxième tour. Les dés sont loin d'être tous jetés. 

A Grenoble, vers un triomphe d'Eric Piolle


Avec plus de 46% des voix en mars dernier, le maire sortant EELV a fait un énorme bond en avant par rapport à son score de 2014 : +17 points. L'adhésion semble donc forte, le succès inévitable : "Il est probable qu'Eric Piolle dépasse les 50% au deuxième tour et obtiennent donc 75 à 80% des sièges au conseil municipal sous l'effet de la prime majoritaire. Le seul enjeu, désormais, est de savoir qui seront ses opposants au sein de ce conseil et s'ils joueront leur rôle : Emilie Chalas, Alain Carignon et Olivier Noblecourt siégeront-ils vraiment durant six dans l'opposition ?", explique le chercheur et politologue Florent Gougou. 

En face, l'ancien maire et candidat DVD Alain Carignon semble avoir atteint son plafond de verre avec 20% des voix. La candidate et députée LREM Emilie Chalas a plutôt bien résisté étant donné le contexte et le poids de son étiquette avec 13.75% des voix, devant le socialiste Olivier Noblecourt à 13.3%. 

Une main tendue du PS, sans réponse 


Le candidat socialiste aurait assez mal vécu ce résultat, selon une source proche de son équipe : "Le 15 mars, il était abattu, il pensait faire jeu égal avec Eric Piolle et les résultats ne sont clairement pas là. On a sans doute payé cher la forte abstention de l'électorat populaire et des personnes âgées", confie cette source qui veut rester anonyme. 

De son côté, Olivier Noblecourt explique : "Nous sommes favorables au rassemblement de la gauche et des écologistes. Nous comprenons que la majorité sortante a dû se mobiliser pour répondre à la situation, ce qui explique sans doute l'absence de réponse d'Eric Piolle à notre main tendue ces derniers mois. Le rassemblement est de sa responsabilité car il est arrivé en tête au premier tour". Pas sûr toutefois que la réponse soit positive. Etant donnée la configuration actuelle, le maire sortant n'a pas vraiment besoin de renforts pour espérer l'emporter. A moins qu'il ne décide d'envoyer un message au-delà de Grenoble : il pourrait alors être la seule figure politique nationale à rassembler largement la gauche, des Insoumis jusqu'au Parti socialiste. 
 


Fontaine et Echirolles : destins contraires pour les bastions communistes 


Juste à côté de Grenoble, la lutte sera aussi intéressante dans deux des trois derniers bastions communistes de l'agglomération : Fontaine et Echirolles. 

Dans cette dernière commune, le sortant Renzo Sulli, en poste depuis 2001, n'a pas vraiment de souci à se faire. Malgré cinq candidatures de gauche lors du premier tour, il est arrivé largement en tête le 15 mars dernier avec 30.4% des voix, se payant même le luxe de faire légèrement reculer le Rassemblement national, arrivé deuxième et historiquement fort dans la commune. 

A l'inverse, son collègue de Fontaine semble, lui, dans une bien mauvaise passe. On voit d'ailleurs mal comment il pourrait échapper à une défaite désormais inéluctable. Plombé par des condamnations et affaires judiciaires, Jean-Paul Trovéro a du faire face également à une candidature issue de son ancienne majorité : celle de l'Insoumise Sophie Roméro. Résultat : Jean-Paul Trovéro n'arrive que deuxième, loin derrière le MoDem Franck Longo (34.1% contre 24.1% au maire sortant). Un candidat MoDem qui devrait pouvoir compter sur l'appui du candidat DVG soutenu par LREM Laurent Thoviste pour l'emporter sans trembler. 
 

Derrière les Municipales, la Métropole


Une telle bascule pourrait avoir de lourdes conséquences lors du troisième tour : l'élection du président de la Métropole. Car si Jean-Paul Trovéro siège dans l'actuelle majorité de gauche, avec un gros contingent d'élus (le quatrième par la taille), il est certain que ce ne sera pas le cas de Franck Longo. 

A moins que d'autres communes ne viennent compenser le basculement probable de Fontaine. A l'image de Saint-Egrève, par exemple. Certes bien plus petite, la ville est en passe de passer aux mains d'EELV. Avec 49.3% des voix, Laurent Amadieu a manqué de peu l'élection au premier tour. Porté par une présence dans l'opposition lors de la dernière mandature, par un contexte favorable aux écologistes et bien aidé par les dissensions au sein de l'ancienne majorité. Une véritable guerre des investitures entre PS, LREM et l'ancienne maire, et actuelle députée pourtant LREM, Catherine Kamowski. 
 

Eybens, Sassenage et Seyssinet-Pariset : des situations contrastées


A Seyssinet-Pariset aussi, l'hôtel de ville devrait changer de couleur politique. Fief du DVD Marcel Repellin depuis 1995, qui ne se représentait pas, la commune a très nettement placé le socialiste Guillaume Lissy en tête du premier tour (44.1%). Une bascule à gauche, donc. Sans doute facilitée par la division de l'équipe sortante. Deux hommes revendiquaient en effet l'héritage de Marcel Repellin : Yves Monin (26.1%) et Frédéric Battin (10.4%). Reste à savoir comment se positionnera la candidate écologiste Alice Mollon qui, avec 11.25% des voix, peut se maintenir ou fusionner. 

A Eybens, ville de gauche, et Sassenage, ville de droite, moins de surprise. Les sortants sont en tête. Même si, à Sassenage, un éventuel rapprochement entre le socialiste Yannick Belle, actuel vice-président de la Métropole, et l'écologiste Farid Benzakour pourrait rebattre les cartes et faire basculer la ville.
 

A Vif, la droite dans le dur


Toujours dans la Métropole mais un peu plus loin de son centre, la commune de Vif réserve elle aussi quelques surprises. Le sortant DVD Guy Genet, élu en 2014, est en mauvaise posture (28.8%) en étant nettement devancé par une candidate issue de la société civile mais loin d'être inconnue dans la commune. 

Karine Maurinaux, ancienne porte-parole d'un collectif d'habitants né alors que la ville vivait en 2016 une crise de l'eau contaminée, est arrivée nettement en tête avec 40.7%. Sans réserve de voix évidentes (la troisième liste est ancrée à gauche), le maire sortant ne dispose que de peu d'options. 
 

A Villefontaine et Bourgoin, des sortants favoris


Une situation inverse à celle de son collègue de Bourgoin-Jallieu, Vincent Chriqui. Le Républicain, élu en 2014, arrive en tête du premier tour avec 34.5% des voix, devant une liste de gauche à 30.6%. Une petite prouesse pour l'élu qui faisait face à deux candidatures issues de se propre majorité : celle de Jean-Claude Pardal pour LREM (21.8%) et de Joseph Benedetto pour "Agir" (3.5%). A noter le très faible score du RN, incapable de se maintenir au second tour car à moins de 10%.

Vincent Chriqui, candidat malheureux aux législatives de 2017 après avoir été l'un des tous derniers fidèles d'un François Fillon en pleine déroute, devrait donc rebondir et rempiler pour un second mandat. 

Même optimisme pour Patrick Nicole-Williams à Villefontaine. Le maire centriste depuis 2016 est arrivé en tête le 15 mars avec dix points d'avance sur le candidat de gauche Jean-Noël Salmon (38.5% contre 28.7%). 
 

A l'Isle d'Abeau, le sortant bientôt sorti? 


Non loin de là, à l'inverse, le maire sortant de l'Isle d'Abeau devrait vivre un second tour difficile. Le DVG Alain Jurado, en poste depuis 2015, n'est arrivé qu'en quatrième position à l'issue du premier tour (16.9%), très loin derrière le centriste Cyril Marion (40.4%), grand favori désormais. 

Ne reste alors plus qu'à savoir l'impact qu'aura le Covid-19 sur ce second tour. Difficile d'en imaginer les conséquences pour l'instant : "Cette campagne ne va pas se dérouler de manière optimale. Que ce soit en juin ou en septembre, elle sera même assez bizarre avec, du coup, un avantage aux sortants qui ont beaucoup plus de moyens de communication que les autres candidats. Surtout que les challengers ont été inaudibles depuis deux mois", explique le politologue Florent Gougou. Une campagne hors norme jusqu'au bout, donc. Quelle que soit sa date. 

 
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