Une pétition a été lancée par trois associations pour s'opposer à un projet d'élevage de 666 veaux à Bizonnes, en Isère. Elles promettent de déposer un recours en justice si la préfecture donnait son feu vert.
La contestation fait rage autour d'un projet d'élevage de veaux dans une petite commune de l'Isère. Trois associations militant pour la cause animale font actuellement circuler une pétition en ligne pour s'opposer à ce projet qui pourrait voir le jour à Bizonnes, village de 800 habitants situé non loin de Bourgoin-Jallieu. Environ 10 000 personnes ont signé la pétition ce mercredi 19 août.
La consultation publique lancée par la préfecture s'est achevée fin juillet, les conclusions ne sont pas encore connues mais l'association Dignité animale a fait part de ses observations. Elle dit s'opposer à ce projet d'élevage "pour des raisons éthiques, environnementales et sanitaires". "Il est bien évident que nombre d’arguments et éléments militent contre un tel projet, qui signifie un désastre tant sur le plan environnemental, pris au sens large, que sur le plan du bien-être animal", écrit l'association dans un document transmis aux autorités.
Que prévoit ce projet d'élevage qui suscite tant de remous ? Il s'agirait de construire deux bâtiments où seront élevés 666 veaux destinés à l'abattage. L'exploitant qui a déposé cette demande exerce déjà une activité agricole, mais cette dernière "ne lui permet pas de dégager un revenu suffisant pour vivre", peut-on lire dans le dossier déposé en préfecture. Ce projet qu'il mènerait seul lui permettrait "de travailler à temps plein en agriculture et de pérenniser son exploitation agricole". Contacté par France 3 Alpes, il n'a pas encore répondu à nos sollicitations.
"Mouroir"
Le maire de Bizonnes a pour sa part affirmé "défendre" le projet, sans souhaiter s'exprimer davantage. Les trois associations s'opposant à cet élevage - L214, RHEA et Dignité animale - lui ont écrit pour énoncer leurs arguments contre ce qu'elles qualifient de "mouroir", enjoignant les élus locaux à donner un avis négatif au projet. Elles affirment ne pas avoir reçu de réponse à ce jour. La décision finale reviendra au préfet qui prendra, ou non, un arrêté autorisant cette activité.
Si une telle autorisation était donnée, l'association Dignité animale annonce qu'elle déposerait un recours en justice. Dénonçant une "petite mafia de l'alimentaire qui nuit à l'intérêt général", Jacqueline Pèlerins, juriste au sein de l'association, estime que cet élevage aurait "un impact grave sur les sols alors que le site est à côté d'espaces protégés". Deux Zones naturelles d’intérêt écologique, faunistique et floristique (ZNIEFF) se situent effectivement dans un périmètre de 1 km autour de l'exploitation. Et à une centaine de mètres de cette dernière se trouve une zone classée Natura 2000, la tourbière du Grand Lemps.
"En plus de la pollution des eaux et des sols, les émissions d’odeurs et de poussières ainsi que le bruit (ventilations, camions…) représentent de véritables nuisances pour les habitants vivant à proximité", estiment également les trois associations dans leur pétition. Le trafic est estimé à 18 camions par an, selon le dossier d'enregistrement déposé en préfecture. "La principale menace (...) est la dégradation de la qualité des eaux, essentiellement liée à une mauvaise gestion des effluents d’élevage", peut-on lire dans ce même document. Un argument que l'association Dignité animale compte bien faire valoir dans un éventuel recours en justice.