VIDEO. À Grenoble, l’exposition Egyptomania décode la fascination de l'Occident pour le temps des Pharaons et des Reines du Nil

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L'exposition Egyptomania est à voir au musée Dauphinois à Grenoble ©F3Alpes

Cette année, le département de l'Isère célèbre le bicentenaire du déchiffrement des hiéroglyphes par le Grenoblois Jean-François Champollion. À cette occasion, le Musée Dauphinois dédie une exposition sur le phénomène de fascination pour l’Egypte antique. Cinéma, sculpture, littérature : découvrez comment cette civilisation a inspiré les artistes occidentaux au fil des siècles.

C'est une civilisation née il y a plus de 5000 ans. Et pourtant, aujourd'hui, pharaons et déesses continuent d’inspirer les artistes. En Occident, cette tendance porte un nom : l’égyptomanie.  "L’égyptomanie, c’est l’art de détourner, de récupérer les codes graphiques et symboliques de l’Egypte Ancienne. C’est un phénomène qui existe depuis la Rome antique. Et dans l’exposition 'Egyptomania, la collection Jean-Marcel Humbert', on présente ce phénomène du XVIIIe jusqu’à aujourd’hui", explique Franck Philippeaux, le commissaire de l'exposition au Musée Dauphinois de Grenoble.

Dans le musée, les visiteurs peuvent découvrir plus de 400 objets et documents inspirés de l’Egypte Ancienne. "Ça y ressemble, mais ce n’est pas vraiment de l’Egypte ancienne", explique le commissaire. Cette collection a été amassée pendant 50 ans par Jean-Marcel Humbert, un égyptologue parisien. Preuve que de l'égyptologie à l'égyptomanie, il n'y a qu'un pas.

"Tout y passe"

Dans une vitrine, des assiettes datant des années 90 représentent des hiéroglyphes qui ne veulent rien dire. À côté, un imposant trône doré attire l’œil, mais ce n’est qu’une réplique fabriquée en Chine.

Aucun décor n’a de valeur historique. Mais peu importe, car ce qui plaît, c’est le style égyptien. Des chopes de bières, aux panneaux publicitaires en passant par les horloges et les porcelaines, "tout y passe !, assure Franck Philippeaux. Cette fascination vient du fait que l’Egypte ancienne représente le luxe, la puissance, le grandiose. Ça vient aussi des fortes valeurs symboliques que l’on rattache à l’Egypte ancienne. C’est des notions de grandeur de cette civilisation qui dure plusieurs siècles. C’est aussi le mystère, parce que c’est une civilisation que l’on voit, mais qui cache. On voit la pyramide, mais on ne voit pas le tombeau. On voit la momie, mais pas le cadavre. On voit le hiéroglyphe, mais on n’en comprend pas le code."

À l'orée du XIXe siècle, la campagne d'Égypte de Napoléon Bonaparte renforce l'engouement pour cette civilisation disparue. En 1822, Jean-François Champollion, père de l'égyptologie, déchiffre les hiéroglyphes. Le récit historique enfin accessible nourrit tous les imaginaires. Depuis, les artistes occidentaux n’ont cessé de puiser dans les codes graphiques de la civilisation égyptienne pour orner toute sorte d’objets du quotidien.

Un phénomène d’appropriation culturelle ?

"Le concept d’égyptomanie participe certainement à un phénomène d’appropriation culturelle, reconnaît le commissaire de l’exposition. Il s’agit de toute une production d’objets qui s’inscrit dans l’Orientalisme, qui est un phénomène de construction d’un imaginaire pas toujours en faveur des civilisations, ou des cultures de l’ailleurs, car il y a aussi le domaine colonial. Dans les objets que l’on présente, je ne pense pas que l’on soit dans cette pratique contestable qu’a pu être l’Orientalisme. On voit ici que ce sont des objets du quotidien, possédés pour le plaisir, pour le décor ou l’amusement. Et aujourd’hui, l’égyptomanie sert aussi à des discours militants comme le féminisme ou le black power."

Romanesque, tragique et terrifiante, l’Egypte antique est aussi une source d'inspiration inépuisable pour le cinéma. Des momies aux Reines du Nil, des péplums grandioses aux comédies, elle offre un décor qui s’adapte à tous les genres de film. "On imagine les pharaons, les déesses, le sable, les pyramides, et tout cela a inspiré un grand nombre de réalisateurs", précise Franck Philippeaux, en présentant des portraits de stars de cinéma transformées en Cléopâtre, comme Elizabeth Taylor et Sophia Loren.

Aujourd’hui, la vague néo-égyptienne gagne même le monde de la pop culture. Des clips de Michael Jackson et Katy Perry, aux Action Man en passant par les figurines et les jeux de société, les codes de l’Egypte antique sont partout.

"Egyptomania", au musée Dauphinois de Grenoble jusqu'au 27 novembre 2023

Ouvert tous les jours de 10h à 18h sauf le mardi

Entrée gratuite 

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