Plus d'une centaine de personnes ont accompagné les vaches pour leur transhumance vers l'alpage depuis la ferme du Lautaret, dans les Hautes-Alpes, ce dimanche. Un rituel incontournable pour un grand nombre d'éleveurs qui marque l'arrivée de l'été.
Ce n'était pas un jour comme les autres à la ferme du Lautaret. Des dizaines de curieux ont envahi l'étable, dimanche 26 mai à Villar-d'Arène (Hautes-Alpes). Et surtout, les vaches ont été chouchoutées, brossées, coiffées de couronnes de fleurs pour leur montée en alpage.
Zélie Pic, 14 ans, stagiaire dans cette exploitation, adore ces vaches noires aux longues cornes de race Hérens. "Elles sont super affectueuses et pas trop grandes, donc c'est plus facile de les caresser ou de leur donner à manger", assure-t-elle en prenant soin d'une bête.
C'est le grand jour pour le troupeau, celui de la transhumance. Pendant une heure, tout est permis aux vedettes, y compris de marcher sur la route. Pour leur éleveur, ce rituel est incontournable et bénéfique aux animaux.
"On va aller chercher une herbe très fleurie qui va nous faire un fromage d'une certaine qualité. Et ça nous permet de laisser les prés, en bas, pousser pour faire du foin et en stocker cet hiver", explique Sylvain Protière, exploitant de la ferme du Lautaret. "On suit l'herbe, on suit la météo, on suit la nature."
La reine, indispensable au troupeau
En chemin, les vaches se battent à coups de cornes pour décider qui d'entre elles sera la reine, celle qui rassemblera le troupeau. "Il y a une hiérarchie qui se met en place dans la race Hérens, c'est tout à fait naturel. Une dominante va prendre le pas sur toutes les autres. Ce rôle de reine est très important pour que le troupeau soit calme pour la saison", complète l'éleveur.
Impatientes d'aller paître au grand air après ce long hiver entre quatre murs, les bêtes avancent au pas de charge. Sylvain Protière n'a pas choisi les vaches Hérens par hasard. "C'est une race très proche de l'homme, fusionnelle, il y a un vrai contact humain-animal", affirme l'agriculteur.
"On a choisi les Hérens pour la qualité de leur lait. C'est une vache moins productive que d'autres races qu'on retrouve dans les Alpes comme l'Abondance ou la Tarine (...), mais leur lait est très riche. C'est un lait assez doux qui est fait pour être transformé en fromage", ajoute-t-il.
La "face cachée" des vaches Hérens
Beaucoup de visiteurs, dont certains sont venus exprès de très loin, ont accompagné le troupeau jusqu'à l'alpage. Au-delà du folklore, ils ont appris beaucoup de choses sur le tempérament de ces animaux. "Il y a toute une vie sociale, toute une face cachée qu'on vient de découvrir qui est plutôt chouette", sourit une visiteuse venue accompagner le troupeau.
"C'est féerique et magique, ajoute une randonneuse venue de Lyon. On a besoin de revenir aux sources et de participer (à la transhumance) dans ce cadre magnifique, cette belle vallée, avec des agriculteurs qui travaillent à fond pour nous. C'est une grande émotion."
Les visiteurs partis, le troupeau d'Hérens retrouve la sérénité de l'alpage. Tout à leur plaisir de déguster enfin l'herbe tendre du pré. Et le séjour en altitude ne fait que commencer.