En attendant la réouverture des lieux culturels, le musée de la Révolution française, à Vizille en Isère, inventorie et restaure ses précieux ouvrages. Il compte plusieurs milliers de livres dans sa collection dont certains ont été imprimés cinq siècles en arrière.
C'est l'histoire d'une bibliothèque qui fit office de bureau présidentiel. Un bureau qu'ont occupé Jean-Casimir-Perier, sixième président de la République, Albert Lebrun ou encore René Coty. Dans cette pièce du musée de la Révolution française, au château de Vizille (Isère), trône une bibliothèque garnie de quelque 4 000 ouvrages dont les plus anciens remontent au XVIe siècle. Autant dire qu'elle regorge de petits trésors.
Véronique Despine, chargée des collections du musée, saisit un imposant ouvrage : Le Moniteur. "Au XIXe siècle, il relatait toute la vie politique de la France. C'était l'ancêtre du journal officiel", décrit-elle. On y trouve également les incunables, des ouvrages imprimés avant 1501, ou encore les cartes de Cassini, premières cartes du royaume de France datant du XVIIIe siècle. Le tout arborant l'estampille "présidence de la République".
En attendant la réouverture
Depuis novembre, de petites mains s'activent pour redonner à ces illustres ouvrages leur éclat d'antan. "Nous les aspirons sur toutes les faces. On vérifie à l'intérieur qu'il n'y a pas de saletés, explique Véronique Abat-Belli, agent du patrimoine aux archives départementales de l'Isère. Ensuite, ma collègue les savonne avec un savon de sellerie." Puis les livres sont séchés, cirés et lustrés. Les gestes sont minutieux, car ces ouvrages sont aussi fragiles que précieux.
C'est aussi l'occasion de procéder à un inventaire, appelé récolement. Date, édition, état ou encore localisation : tout est soigneusement consigné. Une entreprise de taille facilitée par la fermeture des lieux culturels. "Ca permet de faire cette opération sans que le public voie qu'il y a des trous dans la bibliothèque, ce qui enlève un petit peu de l'esthétique. Et on peut faire les allées et venues beaucoup plus facilement parce que sinon, on aurait été obligé de faire ça avant l'ouverture du musée", ajoute la chargée des collections. Jusqu'au mois de mars, une cinquantaine d'ouvrages seront nettoyés et récolés chaque jour pour être admirés de nouveau par les visiteurs au moment de la réouverture.