VIDEO. Vitrine de la "réindustrialisation", la production de paracétamol fera son retour en Isère en 2024

Le futur site de production de paracétamol de Roussillon, fer de lance du "plan de reconquête sanitaire", entrera en service d'ici fin 2024. Il sera implanté à quelques mètres de la dernière unité de production de paracétamol d'Europe qui a cessé son activité il y a 15 ans.

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Les premières fondations viennent de sortir de terre. Dans quelques mois, deux bâtiments neufs accueilleront une chaîne de fabrication de paracétamol sur une surface de 10 000 m² au cœur de la plateforme chimique des Roches, à Roussillon (Isère). La capacité de production atteindra 15 000 tonnes par an.

"Pour le procédé de fabrication, on sera sur un bâtiment de 45 mètres de hauteur. On aura aussi une partie conditionnement et stockage sur un bâtiment d'une vingtaine de mètres de haut", décrit Jérôme Geneste, directeur des opérations paracétamol et aspirine au sein du groupe Seqens qui se veut, avec ce projet, "leader de la réindustrialisation".

Un projet baptisé Phoenix en interne. Tout un symbole. Car le site se trouve à quelques mètres de l'ancienne usine où Rhodia produisait autrefois ce médicament. L'unité a été démantelée en 2008 malgré les avertissements des salariés.

"Ce serait une hérésie de laisser partir cet outil de travail à l'étranger", alertait devant les caméras le délégué CGT de Rhodia Philippe Chazel fin octobre 2007, alors que les pays européens étaient les plus gros consommateurs mondiaux de paracétamol. Mais la conjecture a eu raison de la dernière unité de production de paracétamol en Europe.

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retour du paracétamol en Isere ©France 3 Alpes

Délocalisation et ruptures d'approvisionnement

Le marché du médicament était alors soumis à une importante pression sur les prix. Une pression qui s'est répercutée sur les fabricants de principe actif - la substance qui confère au médicament ses propriétés thérapeutiques -, également sujets à l'accroissement des exigences réglementaires.

"Il y avait moins de profits et aucune capacité d'investissement, mais l'investissement était impératif, donc cela a conduit à délocaliser et à fermer des usines en France comme en Europe", résume Robert Monti, directeur général des opérations paracétamol et aspirine au sein du groupe Seqens. L'Europe, berceau de la production pharmaceutique, a dès lors perdu la maîtrise de la chaîne du médicament.

"En 10 ans, le nombre de ruptures d'approvisionnement sur des médicaments critiques a été multiplié par 12. Le paracétamol n'a pas échappé à cette règle. Il y a eu de très grosses pénuries, notamment au début du Covid" alors que cet antidouleur était le seul recommandé par l'OMS face à la maladie, rappelle Robert Monti.

Plan de "reconquête sanitaire"

C'est justement la crise sanitaire, révélatrice des limites de la dépendance à l'Asie sur des produits essentiels, qui a induit un changement de cap. Emmanuel Macron a présenté, le 13 juin, une liste de mesures visant à "accélérer la reconquête sanitaire" en investissant notamment dans des projets de relocalisation comme celui de Seqens.

Cette usine, on pourra l'opérer avec 50 à 60 personnes. Pour une usine de taille équivalente en Chine ou en Inde, on parle plutôt de 200 personnes.

Robert Monti, directeur général des opérations paracétamol et aspirine au sein du groupe Seqens

à France 3 Alpes

A Roussillon, l'Etat finance 30 % des 100 millions d'euros investis pour le futur site de production. En plus des nouveaux bâtiments, le sous-traitant pharmaceutique agrandira un laboratoire existant servant au contrôle qualité de l'aspirine dont la production n'a, elle, jamais quitté les lieux. L'enjeu après ces aménagements est de pérenniser toutes ces activités.

"On ne change rien à la molécule mais on a travaillé le procédé pour le rendre plus performant, énonce M. Monti. Cette usine, on pourra l'opérer avec 50 à 60 personnes. Pour une usine de taille équivalente en Chine ou en Inde, on parle plutôt de 200 personnes, donc on compense une partie du surcoût de production lié à la localisation en France. Ensuite, on a beaucoup travaillé sur l'empreinte environnementale de cette unité."

Le nouveau site de production rejettera 75 % d'émissions de CO2 en moins par rapport aux usines chinoises ou indiennes. L'entrée en service est prévue pour fin 2024 avec une livraison des premiers lots début 2026. Roussillon approvisionnera alors la moitié du marché européen en paracétamol.

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