VIDÉOS. Mister Mat et Cheyenne, rencontre avec deux musiciens isérois impatients de retrouver la scène

Le bluesman chartrousin Mister Mat a sorti son nouvel album le 20 mars, celui de la chanteuse grenobloise Cheyenne est dévoilé ce 15 mai en version numérique avant sa sortie physique dans un mois. Rencontre avec deux musiciens stoppés net en pleine ascension.

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Le coup de frein est rude. Surtout dans la dernière ligne droite. La naissance d’un album concrétise toujours un long voyage, des mois d’une virée sinueuse entre écriture, répétitions, enregistrement et production. Sa sortie est synonyme de tournées, de retrouvailles avec le public.

« Désespérément optimiste », le nouveau bébé de Mister Mat, est sorti le 20 mars, trois jours après le début du confinement. Pour lancer la promo de cet album Universal co-produit par le chanteur Gaëtan Roussel qui lui a écrit trois titres, le bluesman isérois a décroché un Taratata chez Nagui diffusé le 13 mars. "L’émission a eu un écho énorme. J’avais aussi des invitations pour l’émission de Ruquier « On n’est pas couchés » et « C à vous », finalement avortées. On a eu de très belles critiques. Le clip de la chanson titre est passé sur plusieurs télés. Je sortais de huit jours de répétition avec mes musiciens, on préparait des dates, notamment un concert à la Maroquinerie à Paris en avril et la pandémie a éclaté avec le confinement annoncé le 17 mars. L’album est sorti trois jours plus tard".

Mister Mat encaisse mal l’uppercut, mais pas question pour lui de rester dans les cordes. Avec des centaines de concerts au compteur, dont dix ans avec son duo Mountain Men, le bluesman quadra à la voix somptueusement rauque entretient un rapport charnel avec le public. Au comptoir d’un café, seul avec sa Gibson ou sur les plus grosses scènes françaises, le live est son carburant. Habitué à vivre sur les routes le temps de longues tournées, il se retrouve cloîtré chez lui à Voiron en Isère, au pied de la Chartreuse, non loin du célèbre monastère. Mais Mat n’est pas du genre à faire le moine et méditer dans sa cellule.

"J’ai décidé de ne pas me laisser mourir, s'exclame-t-il. J’ai beaucoup écrit, bossé et j’ai surtout eu envie de rester au contact du public". Chaque soir, à 18 heures, il donne rendez-vous aux internautes sur sa page Facebook et interprète un morceau, parfois une chanson de son nouvel album, le plus souvent des reprises. Au total, Mat va livrer quarante-cinq chansons depuis son canapé : "J’ai commencé le premier jour du confinement et très vite, des milliers de gens ont suivi. Ma reprise de Love of my life de Queen a fait 35 000 vues ! Ca m’a fait du bien et ça m’a beaucoup touché de faire du bien aux gens".
 
Devant ce succès, Mat décide de faire voter son public. Les quatre meilleures reprises, des chansons de Dylan, Johnny Cash, Motorhead et Queen vont faire l’objet d’un EP « Lockdown session », morceaux confinés disponibles en téléchargement.

 

"Plus de retours qu'en temps normal"


Ce 15 mai, sort également en numérique « Surprends-moi » le nouvel album de Cheyenne. Une date attendue depuis des mois par cette jeune chanteuse grenobloise et ses trois musiciens. "Notre album aurait dû sortir physiquement aujourd’hui. Il est reporté d’un mois à cause du retard de pressage mais on a décidé de le mettre en ligne ce jour symbolique. Ce qui est étrange avec internet et les réseaux sociaux, c’est qu’on a eu plus de retours qu’en temps normal. La presse a répondu, les critiques confinés ont été plus dispos, et les gens écoutent les morceaux".

« Surprends-moi » est un bel album, neuf morceaux pop-rock aux accents parfois punk et électrique chantés en français ou en anglais dont le hit So bad qui a fait l’objet d’un superbe clip salué en deux semaines par près de 50 000 vues. On retrouve les influences des Anglais Garbage et Muse, artistes fétiches de Cheyenne. "Les deux langues se sont imposées naturellement. Et puis, c’est un vrai travail collectif. On est vraiment contents du résultat. Toutes nos identités sont dedans, le son aussi !"
 

Pendant deux mois, l'artiste est restée "à l’abri" dans son appartement au centre-ville de Grenoble et a plutôt bien vécu cette parenthèse. "Je suis à peine sortie, trois fois peut-être pour faire les courses. On est restés très soudés à distance avec mes musiciens Nico, Swan et Christophe : on a beaucoup joué, réalisé quelques vidéos, ça faisait du bien de se voir via l’écran. J’en ai profité pour écrire aussi. Et puis, plutôt que de chanter seule et d’embêter mes voisins, j’ai partagé avec eux les prestations régulières sous nos fenêtres de très jeunes musiciens, c’était des moments chouettes !" Un confinement bénéfique ? "Pour les artistes, c’est dur financièrement mais du point de vue artistique, on a besoin de temps chez soi pour créer, et de ce point de vue, je l’ai plutôt bien vécu."

 

"Incertitude totale"


Pour Mister Mat comme pour Cheyenne, l’inquiétude est pourtant réelle. Avec les annulations des festivals, l’interdiction des rassemblements et la distanciation, difficile d’envisager des concerts avant l’automne. Au mieux. Comme Cheyenne, Mat a vu plusieurs concerts annulés ou reportés. "J’avoue que je ne suis pas hyper serein. On est dans l’incertitude totale, sans vision de l’avenir. Et pas de dates signifie pas de rentrées d’argent ! Actuellement je gagne à peine un Smic... Heureusement j’avais le gros de ma tournée prévue à partir de l’automne. Mais pour cet été c’est raté. J’espère au moins ressortir mon album, peut-être en version deluxe, avec trois nouveaux titres..."
 

Cheyenne et son groupe avaient eux aussi de belles dates bookées cet été et un lancement prévu de leur album vendredi 15 mai sur la scène rock de l’Ampérage à Grenoble. "Pour l’instant on a quelques reports de concerts vers septembre mais c’est sûr, il y aura des restrictions. On sait qu’il est impossible d’imaginer un mètre de distance entre chaque personne d’un public dans une salle de concert. Alors mieux vaut patienter plutôt que de prendre des risques. On appréciera encore plus de se retrouver". En attendant, la jeune chanteuse, bientôt 25 ans, travaille avec ses musiciens les maquettes de leur second album. Elle vient de poster sur Youtube un nouveau clip « Quand je danse » tourné trois semaines avant le confinement à Hambourg, sa ville fétiche.

"J’adore cette ville, son ambiance... Et les Beatles y ont tellement joué ! Quand on a tourné le clip dans les rues, les gens dansaient, se prêtaient au jeu. Les Allemands ont été très réceptifs à notre musique. J’espère qu’on ira jouer chez eux un jour prochain". En attendant, Cheyenne est impatiente de retrouver ses complices. "On se retrouve au plus tard le 5 juin pour répéter. Après ces longues semaines sans se voir, je rêve d’une soirée avec eux, on va se mettre une sacrée taule ! Mais ça tu ne l’écris pas dans l’article, hein"... Oups !

 
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