Entre ruines et rouille, les lieux abandonnés constituent le graal des urbexeurs. Ces photographes, explorateurs du passé, viennent chercher la réponse à cette question : que racontent ces sites de l'histoire de nos sociétés ? Le documentaire "Montagnes d'urbex" d'Anthony Binst nous emmène au cœur des massifs alpin et auvergnat.
Mais que cherchent-ils ces arpenteurs de ruines ? "L'adrénaline", répond instantanément Anthony Binst, réalisateur du film "Montagnes d'urbex". Anthony est urbexeur autrement dit, "explorateur urbain". Son terrain de jeux : les lieux construits et abandonnés par l'homme. Des lieux de préférence inaccessibles et interdits au public. S'y aventurer est parfaitement illégal et passible d'amende et de prison.
Lui qui parcourt la planète appareils de photo et caméra en bandoulière, est allé se perdre dans les massifs alpin et auvergnat : " On n'y pense pas forcément, mais nos massifs sont des tombeaux à ciel ouvert. Entre les stations de ski abandonnées, les colos, les centres de vacances, il y a de quoi faire."
Guidé par Toub, un des pionniers de l'exploration urbaine, le réalisateur nous emmène d'emblée dans ce qui fut une colonie de vacances. De ce lieu de vie, il reste quelques lits, quelques peintures murales. À nous d'imaginer les cris des milliers d'enfants qui y ont séjourné.
Pas de nostalgie pour les photographes, sauf un peu pour Toub. Il fut l'un de ces enfants. Aujourd'hui Anthony et lui témoignent, avec juste une image mais une image juste.
Alors on les suit, chuchotant lors des visites nocturnes, s'émerveillant parfois et se demandant souvent mais pourquoi garder tout ça ? " Parce que la démolition coûte cher, qu'elle est polluante et parce qu'on n’a rien anticipé" disent la plupart des interviewés.
D'autres ont choisi de redonner vie à ces lieux livrés à la végétation. Des projets au long cours voient le jour. Ici dans un village vacances devenu vintage, là dans un sanatorium...
Les infrastructures touristiques délaissées sont recensées par entre autres, Pierre-Alexandre Métral. Un inventaire à la Prévert pour retracer l'histoire des aménagements de la montagne ; " Voilà 6 ans que je me suis attelé à cet inventaire et chaque mois je découvre de nouvelles friches, dit-il. Sur les 400 sites alpins actifs en France, 200 ans sont fermés. Tous ne deviendront pas des friches mais les plus petits..."
Entre ruines et rouille, le documentaire "Montagnes d'urbex" propose une balade dans les montagnes d'Auvergne et des Alpes, souvent loin des paysages enchanteurs. Comme un voyage dans le passé, dans notre passé..
Le temps d'un film, on entre dans ces verrues de béton, on regarde se balancer au gré des vents des télésièges désormais immobiles.
C'est à la fois beau et effrayant. Beau, parce que oui, ces lieux sont des décors magiques pour qui aime l'image. Et effrayant, parce qu'ils rappellent à quel point, l'inconscience d'une époque qui ne savait peut-être pas que les lendemains peuvent déchanter...
Montagnes d'urbex, un documentaire d'Anthony Binst à voir ici