Le leader du Parti de gauche annonce vendredi 22 août lors des «remue-méninges» sur le campus de Grenoble, son retrait et la mise en place d'une direction collégiale de son mouvement.
Jean-Luc Mélenchon, 63 ans, abandonne la coprésidence du PG mais assure vouloir continuer "le combat" politique autrement après l'échec de la stratégie du Front de gauche, dont il ne cache pas avoir été très affecté.
Ne pas être enterrés avec Hollande
Il quitte la coprésidence du Parti de gauche (PG) né en 2009, mais ne quitte pas la scène politique. Ce retrait s'inscrit dans le cadre d'une réorganisation du parti. "Il n'y a ni crise, ni quoi que ce soit", a insisté Jean-Luc Mélenchon."L'échec politique est tel que nous craignons le pire: que cela tourne mal avant la fin du quinquennat", explique-t-il dans un entretien téléphonique à l'AFP. "Nous ne sommes pas d'accord pour être enterrés avec Hollande", assène encore Jean-Luc Mélenchon.
On se souvient de sa mine déconfite sur les plateaux de télévision le soir des résultats des élections européennes où le FN était arrivé en tête, le Front de gauche ne récoltant que 6,33% des votes.
"Je suis comme ça, je dis, j'écris et quand ça va pas, ça se voit sur ma figure", confie-t-il à l'AFP, "il faut se faire à l'idée que je ne suis pas comme tout le monde".
"Il y a un danger qui s'annonce sur le pays", analyse celui qui avant l'été pronostiquait que Marine Le Pen allait encore gagner du terrain.
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Une profonde déception par rapport au Front de gauche
Cette crainte se double chez l'ancien candidat à la présidence d'une déception profonde concernant le Front de gauche qu'il a aidé à fonder. "Un échec", selon lui. La formation composée principalement du parti de gauche et du Parti communiste français (PCF) a connu une année de déchirements.Jean-Luc Mélenchon n'a pas digéré que les communistes s'allient aux socialistes lors des élections municipales dans certaines villes et principalement à Paris. Lui prônait l'autonomie totale.
"Pour moi, la séquence (du FG) a été écrite entre deux européennes: on a fondé le FG pour les européennes de 2009 et à la suivante on devait passer devant le PS. Tout était en place. Tout ça a été planté pour une poignée de postes aux municipales", selon lui.
Depuis les deux formations peinent à se réconcilier. Le dernier épisode étant celui des université d'été que chaque formation organise de son côté. Pierre Laurent, secrétaire national du PCF se rend même à celles du PS à la Rochelle. "Une erreur", selon Jean-Luc Mélenchon.
-"Je ne boude pas, je ne suis pas fâché" -
Prendre du recul
Avant l'été, il avait donné une longue interview dans laquelle il expliquait vouloir prendre du recul pour que "le niveau de pression sur (lui) baisse". Mais déjà il voulait couper court à ceux qui le disaient sur le départ : "ce n'est pas me mettre en retrait, c'est m'utiliser autrement".Un pas de côté vis-à-vis du Front de gauche ? "Je ne boude pas, je ne suis pas fâché", assure l'homme au "parler dru et cru" dont on connaît les colères et les coups de blues. Il sera même "peut-être" présent à la réunion du FG prévue le samedi 6 septembre.
"La solution ce n'est pas un cartel politique, c'est la mise en mouvement du peuple lui-même", a-t-il dit vendredi, annonçant que la refonte de son parti est "le nouveau dispositif de combat" et la sortie d'un livre "L'ère du peuple" en octobre.
" Le boulot de Jean-Luc Mélenchon ce n'est pas d'être chef de parti, c'est d'être au coeur de la gauche pour s'adresser au pays", abonde Elisa Martin cofondatrice du PG et 1ère adjointe au maire EELV de Grenoble.
L'exemple de Grenoble
Jean-Luc Mélenchon chérit l'alliance PG-Europe Ecologie-Les Verts (EELV) qui a permis de remporter les municipales à Grenoble."Ce qui s'est passé à Grenoble est une anticipation qui me fait rêver. L'anticipation d'une gauche sortie des clous d'une traditionnelle alliance avec le PS (...) on ne doit pas voir ce qui s'est passé à Grenoble comme une simple péripétie locale. C'est un sentiment qui monte au sein des écologistes, je crois", a-t-il dit au Dauphiné Libéré.
La tribune publiée vendredi par l'ancienne candidate EELV à la présidentielle Eva Joly dans Libération appelant pour 2017 à une primaire de la gauche regroupant "Nouvelle Donne, EELV, le FG et les socialistes non-orthodoxes" lui fait écho.