L'association Dentexia qui regroupe six centres dentaires low cost en France a été mise en liquidation sans cession vendredi. Un collectif lyonnais fédère les plaintes des patients dans plusieurs villes dont Marseille pour des soins payés d'avance, mal faits ou non réalisés.
Le tribunal de grande instance d'Aix-en-Provence a prononcé ce vendredi 4 mars au matin la liquidation sans cession de l'association de centres dentaires low cost Dentexia.
La première chambre civile du tribunal de grande d'instance d'Aix-en-Provence a rejeté le plan de reprise de la société Adental Hodling, qui détient d'autres centres associatifs --les centres Dentego--, et prononcé la liquidation de l'association.
Avant même cette décision de justice, Dentexia, en redressement judiciaire, était sur la sellette après la fermeture de plusieurs de ses centres pour des problèmes d'hygiène et les procédures de centaines de patients qui s'estimaient lésés.
Selon "Collectif contre Dentexia", beaucoup de prestations n'ont pas été réalisées jusqu'au bout et certaines ont été mal faites.
"J'ai tout payé en avance (13.000 euros de soins). Or l'intégralité du devis n'a pas été réalisée et tout est à refaire car mes vis d'implants, laissées en l'état, ont commencé à s'infecter", témoigne Abdel Aouacheria, à l'origine du "Collectif contre Dentexia", créé à Lyon en janvier qui recense sur son site 1777 victimes. "Il va désormais y avoir beaucoup de plaintes de personnes du collectif qui attendaient la décision d'aujourd'hui pour savoir si elles allaient plus loin", déclare Abdel Aouacheria. Le collectif qu'il a crée doit d'ailleurs se retrouver demain, samedi 5 mars, autour d'un avocat pour étudier les suites judiciaires à donner.
"C'est une décision ahurissante. Qu'est-ce qu'on va faire de tous ces patients qui vont être laissés pour compte ?", a commenté l'avocat de Dentexia, Me Philippe Rudyard Bessis. "Il y a des centres de santé autour de moi qui sont prêts à prendre en charge les patients en cours de traitement, même gratuitement", a complété l'avocat, qui a lui-même été dentiste 30 ans et promet d'organiser cette prise en charge rapidement.
Dans ses motivations, le tribunal estime que la "liquidation judiciaire est inévitable quelle que soit l'option choisie". Il met également en cause le mode de fonctionnement des centres low cost Dentexia, et qui devait être appliqué à l'identique, selon le tribunal, par Dentego.
"Cette offre s'inspire singulièrement du modèle d'organisation mis en place" par Pascal Steichen (le fondateur de Dentexia) "lors de la création de Dentexia et enseigné par ce dernier à l'occasion de séminaires destinés aux dirigeants de centres dentaires", et visant principalement à améliorer la rentabilité, relève la justice.
L'offre "ne fait pas état de la qualité des soins susceptibles d'être réservés à des patients démunis ni aux soins de premiers secours", poursuivent les juges, qui estiment que "les grands principes ayant gouverné la loi Bachelot semblent avoir été oubliés au profit d'une organisation mercantile".
Dentexia a été créé par un consultant, Pascal Steichen, sous la forme d'une association. Son concept: salarier les dentistes, les concentrer sur les soins grâce à l'emploi en nombre d'assistantes et rationaliser les actes, en regroupant notamment en un seul rendez-vous ce qui pourrait être fait en plusieurs. Au plus fort de son activité, Dentexia avait des centres à Paris, Chalon-sur-Saône et Lyon.
Mardi dernier, 1er mars, l'Agence régionale de santé (ARS) Bourgogne-Franche-Comté avait décidé de suspendre le centre de Chalon pour "insuffisance des mesures d'hygiène et de désinfection".
Début février, l'ARS Auvergne-Rhône-Alpes avait fait de même avec le centre Dentexia "Tête d'or" à Lyon. En conséquence, il n'y avait plus que deux centres en activité, un à Lyon, l'autre en banlieue lyonnaise, à Vaulx-en-Velin.