Christian Prudhomme, directeur du Tour de France depuis 2007, attend impatiemment le départ de la 102e édition, ce samedi 4 juillet, à Utrecht (Pays-Bas), et espère que la course sera "à la hauteur des attentes" avec de beaux passages dans les Alpes du nord.
L'espoir: "Depuis un an, il y a une envie de la confrontation suprême de ceux qu'on appelle aujourd'hui les quatre "fantastiques" et des meilleurs Français. Voir Contador gagner le Giro puis la Route du Sud devant Quintana, Froome remporter le Dauphiné en gagnant les deux dernières étapes de montagne alors qu'il semblait un peu en retrait, Nibali faire une démonstration éblouissante sur la route de Villard-de-Lans, Bardet gagner à Pra-Loup la réplique de l'étape du Tour de France, Pinot remporter les plus belles étapes de montagne du Tour de Romandie puis du Tour de Suisse, tout cela fait qu'on a une formidable envie du Tour. L'espoir de l'organisation, c'est d'avoir une course à la hauteur de ces attentes."La crainte: "C'est l'accident. Le Tour est un événement populaire qui draine des millions de gens au bord de la route. Deux campagnes vont être menées, comme les années précédentes mais de manière encore plus forte. Un clip, avec des coureurs (Nibali, Contador, Kwiatkowski, Pinot, Degenkolb, etc) qui disent 'respectez-nous, faites attention à vos enfants' dans un maximum de langues, passera sur les télévisions, les réseaux sociaux et sur nos écrans géants. Un autre clip fait avec des coureurs et des comédiens explique que la route doit être partagée. Il fait le lien entre la bicyclette de tous les jours et le champion, dont le terrain d'expression est la route."
La sécurité des coureurs: "On va mettre davantage de barrières dans les arrivées en altitude. A l'Alpe d'Huez par exemple, il y aura des sas, 1200 mètres de barrières. Et aussi, au virage des (supporters) néerlandais, des policiers néerlandais en civil pour mieux protéger les coureurs. Dans la course elle-même ? Depuis des années, on plaide pour un peloton plus réduit, avec un coureur de moins par équipe, ce qui rendrait aussi la course plus haletante. Quand on peut réduire le nombre des équipes, comme à Paris-Nice et au Dauphiné, on le fait."
La nouveauté d'une équipe africaine: "La bicyclette est universelle, le vélo de compétition ne l'est pas encore. Là, c'est clairement ouvrir le Tour à un nouveau continent avec une équipe officiellement d'Afrique même si elle a une ossature de coureurs chevronnés venant d'Europe et des Etats-Unis pour protéger dans les dix premiers jours les jeunes coureurs nés en Afrique. J'y vois un vrai message d'espoir. D'un côté, il y a MTN, un grand opérateur de télécommunications, de l'autre Qhubeka, ce mot zoulou qui veut dire progresser, une association qui veut donner des bicyclettes aux enfants pour qu'ils puissent aller à l'école. C'est aussi retrouver les racines du vélo: Poulidor et Anquetil allaient à l'école en bicyclette. Je rêve de voir Kudus ou Teklehaimanot s'échapper dans la montagne, que des gens se disent à des milliers de kilomètres de la France: 'C'est notre champion'."
Le dopage mécanique: "Si je suis préoccupé? Non. Mais j'ai vu avec plaisir arriver les contrôles sur les vélos. Il y aura, l'UCI (Union cycliste internationale) nous l'a indiqué, des contrôles aléatoires et, je l'espère, fréquents. L'organisateur est tenu de prévoir un espace sur la ligne d'arrivée pour qu'ils puissent avoir lieu."
Le dopage: "On est dans la logique de ces dernières années avec des contrôles davantage ciblés. Le ciblage est plus important que le nombre. Au vu du déroulement des derniers Tours, le cyclisme va dans le bon sens mais, je le repète, on n'est pas à l'abri d'un dérapage. L'être humain est ce qu'il est, sachant que toutes les disciplines sportives sont soumises aux mêmes tentations même si certaines sont davantages pointées du doigt médiatiquement."
Le départ d'Utrecht: "Nous allons là où est la passion et elle existe sans aucun doute aux Pays-Bas, qui accueille pour la sixième fois le Grand départ du Tour, un record pour un pays autre que la France. Le roi des Pays-Bas rappelait il y a un an et demi au président de la République française que les Néerlandais aimaient la France, en particulier en juillet. A Utrecht, plus spécifiquement, le vélo participe d'un mode de vie, voire un art de vivre. Dans le plan de développement de la bicyclette sur vingt ans à Utrecht, il y avait la volonté, affichée depuis 2002 et par-delà trois maires différents, d'accueillir un Grand départ du Tour de France."