La CGT appelle les salariés des secteurs du sanitaire, médico-social et social public et privé à une journée de grève, ce mardi 11 janvier. La mobilisation nationale devrait être suivie en région Auvergne-Rhône-Alpes.
Ils sont aides-soignants, aides médico-psychologiques, manipulateurs radio, infirmiers anesthésistes, sage-femmes, ou encore médecins. De nombreux professionnels de santé et de l’action sociale, du public et du privé, sont en grève ce mardi 11 janvier.
Nombre d’entre eux devraient répondre à l’appel national de la CGT Santé "pour obtenir de véritables améliorations de leurs conditions salariales et de travail", espère le syndicat.
Parmi les revendications : la hausse des salaires, la réouverture de lits, une meilleure formation des salariés et l’embauche de personnels. Cette mobilisation intervient dans un contexte de grande fatigue émotionnelle et physique des soignants, liée aux vagues successives de Covid-19 ces deux dernières années.
Mobilisation à l’hôpital public…
Aux Hospices civils de Lyon (HCL), la grève devrait être suivie. "Il y a une grosse détresse physique et psychologique à l’hôpital public, témoigne Frédérique Dechiron, manipulatrice radio, en détachement syndical à la CGT-UGICT. J’ai vu des professionnels en réunion récemment, des gens aguerris qui aiment leur travail, éclater en sanglots. Pour l’instant ils tiennent, mais peut-être qu’un jour, il n’y aura plus personne."
Celle qui ne cesse d’alerter depuis les années 1990 sur la pénurie de médecins regrette les fermetures de lits et les déprogrammations d’interventions aux HCL. "On demande des bras supplémentaires pour nous aider et des gens formés correctement pour travailler, mais aussi pouvoir se reposer. Car, il y a une usure avec le Covid. Si les soignants finissent en burn-out, qu’est-ce qu’on va faire?", s’interroge-t-elle, inquiète.
… comme dans les établissements privés
A l’EHPAD Korian Saint-François de Vernaison (Rhône), le mouvement devrait être suivi dans sa majorité par tous les corps de métiers. Manon y est aide médico-psychologique (AMP) depuis 8 ans. Elle aussi se dit épuisée sur tous les plans. "On était déjà à flux tendus avant le Covid. Mais depuis, ça a explosé, souffle-t-elle. Il y a un ras-le-bol général."
Dans sa maison de retraite, il y a déjà eu quatre démissions ces derniers jours. "Avec la nouvelle vague, j’ai des collègues qui ont quitté le navire. On a du mal à recruter et à garder les gens car le métier n’est plus du tout attractif. Mais c’est normal : on manque de reconnaissance", insiste la jeune femme.
Si le point d’indice est gelé depuis 10 ans dans le secteur public, les rémunérations dans le privé n’augmentent guère plus. Sans les primes, le salaire moyen d’une AMP dans cet EHPAD est de 1270 euros. "Et, ça n’a pas bougé depuis des années", déplore-t-elle.
La reconnaissance, la soignante l’entend sur le plan salarial, mais pas seulement. "Nous n’avons pas les effectifs suffisants pour faire notre travail correctement, explique-t-elle. C’est compliqué de faire bien avec de moins en moins de bras. On fait du mieux qu’on peut, mais pas correctement. Et ça, ce n’est pas satisfaisant, on a un grand sentiment de culpabilité."
Manon a prévu de manifester toute la journée devant son établissement. Un piquet de grève de plusieurs heures pour faire reconnaître son quotidien difficile et son engagement sans faille depuis le début de la pandémie.