Même en période de confinement, les rumeurs peuvent prendre de l'ampleur dans une ville moyenne. A Bourg-en-Bresse (Ain), la prise en charge des malades du Covid-19 a ainsi alimenté les discussions ces derniers temps. L'hôpital en ferait-il trop? La clinique pas assez? La vérité est ailleurs.
Dans son édition du 1er avril, Le Monde évoquait encore "la bataille" public/privé autour de la prise en charge des malades. Le quotidien donnait l'exemple d'un hôpital parisien débordé, qui avait du mal à imposer des patients dans les cliniques. Dans le même temps, le journal citait aussi des hôpitaux privés sous-utilisés.
A Bourg-en-Bresse, les deux hypothèses ont couru la ville. Sur place, le bureau de France 3 Rhône-Alpes a autant été contacté par des habitants qui s'indignaient de l'intolérable absence de la Clinique Convert dans cette crise, que par des téléspectateurs qui s'étonnaient que tous les malades soient dirigés vers l'hôpital Fleyriat.
"La polémique n'a vraiment pas lieu d'être, particulièrement en ce moment", s'indigne la directrice de Fleyriat, Frédérique Labro-Gouby. "J'assure le pilotage des ressources territoriales en matière de réanimation, je peux donc même vous dire que ce jeudi (9 avril), en raison des sorties que nous avons eu à Fleyriat, nous avons plus de lits disponibles que la Clinique Convert."
Une information confirmée par la directrice de Convert, Manuela De Oliveira.
"Nous n'avons plus qu'une place dans le secteur dédié aux malades du Covid. On a même envisagé d'ouvrir un deuxième secteur", explique la dirigeante qui a pour l'instant réservé 14 lits pour la maladie contre 27 à l'hôpital public.
Alors d'où vient cette idée d'une opposition entre les 2 établissements de la ville?
"Il y a eu effectivement un moment de doute au début de la crise", avoue Manuela De Oliveira, "on était en ordre de marche, on avait libéré des lits en réanimation mais on sentait que Fleyriat récupérait tous les malades. C'était peut-être lié au travail d'orientation du SMUR. Mais ce n'est plus le cas aujourd'hui, on est bien là pour soulager l'hôpital (...) Je dirais que tout s'est accéléré depuis le week-end du 28-29 mars."
"Nos 2 réas absorbent le flux et c'est ça le plus important"
"Notre première réunion de coopération remonte au 5 mars, avant la vague", détaille à son tour Frédérique Labro-Gouby, "dès le début, il était prévu que nous prendrions en charge les 10 premiers malades du Covid dans l'Ain, pour avoir une certaine expérience de la prise en charge, -particulièrement lourde-, avec des gestes réflexes à acquérir par nos équipes qui doivent se protéger.""Depuis, nos 2 réas absorbent le flux et c'est ça le plus important. En moyenne, le taux de remplissage des lits dédiés au Covid est de 90% à Fleyriat et 80% à Convert", ajoute la directrice de Fleyriat qui évoque une communication quotidienne entre les deux établissements.
Il n'y a donc pas, ou plus, de petite bataille dans la "guerre" déclarée contre la pandémie.