Le groupe Casino a présenté ce lundi aux délégués du personnel lors d'un comité central extraordinaire, la liste des 119 supermarchés et hypermarchés qu'il va vendre à Intermarché. 4 000 salariés seraient concernés. Le fief historique de la marque en Auvergne-Rhône-Alpes serait peu concerné.
Le distributeur va vendre 119 de ses magasins, principalement -par odre d'importance- en Occitanie, en Nouvelle-Aquitaine et en PACA, Auvergne-Rhône-Alpes et Franche-Compté, a appris FranceInfo du syndicat Force Ouvrière.
En revanche, le géant de la distribution compterait garder ses magasins historiques de la région Auvergne-Rhône-Alpes où le groupe a encore son siège à Saint-Etienne. Il va aussi conserver ceux de Provence-Alpes-Côte d'Azur et d’Île-de-France où il souhaite recentrer son activité.
Plus de 4000 salariés concernés
Cette vente intervient alors que l'enseigne Casino est plombée par une dette colossale de plus de 6 milliards d’euros, consécutive à une mauvaise gestion et des rachats successifs. Le 26 mai, le distributeur avait officialisé son entrée dans une procédure de conciliation pour une période de quatre mois afin de renégocier son important endettement. Il avait également partagé sa volonté de céder une centaine de ses magasins au groupement Intermarché, mais cet accord de rapprochement ne règle pas le problème de sa dette.
Au total, plus de 4 000 salariés sont concernés par cette cession, ce qui représenterait jusqu’à 1 milliard d’euros de chiffre d’affaires. Casino emploie 200 000 salariés dans le monde dont 56 000 en France.
Force ouvrière promet d'être attentif sur l'avenir des salariés concernés par ces sessions, essentiellement sur les avantages que ceux-ci sont susceptibles de perdre, car Intermarché est un groupement d'indépendants et n'offre pas les mêmes garanties que Casino. Une attention toute particulière est portée sur les congés, la prévoyance ou encore sur l'intéressement de ces futurs employés d'Intermarché. La CGT dénonce "un carnage" et s'inquiète de possibles suppressions d'emploi.
Quel avenir pour Casino ?
- InVivo et sa fillière Teract sortent de la danse
La semaine dernière, les holdings InVivo et Teract ont finalement renoncé à se rapprocher de Casino alors qu'ils étaient en négociations avancées depuis des mois. Néanmoins, de très nombreux acteurs vont tenter de s'entendre durant les 4 prochains mois lors de la procédure de conciliation ouverte pour sauver le géant de la distribution, ou prendre ce qu'il y aura à prendre.
- Intermarché pas encore rassasié
Si Intermarché a déjà obtenu une centaine de magasins, le distributeur entend aussi participer à un "futur tour de table" pour recapitaliser Casino mais à un petit niveau (100 millions d'euros). Les deux groupes ont dès à présent renforcé leurs partenariats en matière d'approvisionnements.
- Le PDG de Casino veut rester aux manettes
Le PDG de Casino Jean-Charles Naouri entend rester l'un des acteurs majeurs de cette conciliation. Cette dernière et l'accord avec Intermarché "participent de notre stratégie pour construire l'avenir de Casino", a-t-il écrit dans un récent courrier aux salariés du groupe.
Depuis toutefois, le dirigeant de 74 ans a passé une journée en garde à vue dans une affaire de manipulation de cours et délits d'initié présumés. S'il a finalement été remis en liberté sans charge retenue contre lui à ce stade, son image en a été affectée.
- L'actionnaire minoritaire qui veut prendre le contrôle
Le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, qui entend prendre le contrôle de Casino, a proposé à certains créanciers de tirer un trait sur une partie de la dette en échange, soit de liquidités, soit d'actions, soit des deux. Et ce, à hauteur d'environ 40% des créances.
De nouvelles cessions d'actifs, notamment en Amérique latine ou le e-commerçant CDiscount, pourraient aussi contribuer au désendettement.
- Des anciens prétendants reviennent à la charge
Les cofondateurs de Teract, Xavier Niel (Free), le banquier d'affaires Matthieu Pigasse et le spécialiste de la distribution Moez-Alexandre Zouari, ont décidé, en leur nom et après le départ d'InVivo, de créer un véhicule financier abondé à hauteur de 300 millions d'euros pour monter au capital de Casino. Ils appellent d'autres acteurs à se joindre à eux.
Selon Le Figaro, Auchan se serait invité dans les discussions en proposant une fusion avec le groupe Casino une fois conclue l'éventuelle prise de contrôle du distributeur en difficulté par M. Kretinsky. Sollicités par l'AFP, l'Association familiale Mulliez (propriétaire d'Auchan) et Auchan France n'ont pas souhaité faire de commentaire.
Les Echos affirment eux que le distributeur nordiste aurait également approché le trio Niel-Pigasse-Zouari.
Quelles compétences pour les conciliateurs nommés par la justice ?
Dans ce dossier très sensible, les conciliateurs ont pour mission d'assurer la pérennité du groupe Casino, dans une forme qui reste à déterminer. "La question pour eux n'est pas de savoir dans l'absolu combien il faudrait écraser de dette mais combien le groupe va générer de liquidités" pour pérenniser son activité et faire face aux échéances futures, observe un connaisseur du dossier auprès de l'AFP.
Ils disposent de quatre mois, plus un optionnel, pour trouver un accord satisfaisant pour tous, sous le regard inquiet des salariés, la CGT appelant les décideurs politiques à "éviter la casse sociale".