Elections municipales houleuses en perspectives à Firminy, dans la Loire. Marc Petit, maire sortant et exclu du Parti communiste, se représente et brigue un troisième mandat malgré deux condamnations en justice. Il a défendu son bilan face à trois candidats.
Les invités du débat présenté par Claire Exbrayat et Mathilde Montagnon (France Bleu).
- Marc Petit, maire sortant (DVG)
- Julien Luya (Les Républicains)
- Anne-Sophie Putot (PCF - Union de la gauche)
- Christian Bourbon (LREM)
Le débat
Marc Petit est à la tête de la ville de Firminy depuis 2008. Exclu du parti communiste, a envisagé de ne pas se représenter à la mairie mais "sans les Appelous, je ne serais pas là ce soir. Ils savent que ces démêlées judiciaires sont avant tout des démêlées judiciaires", explique le maire sortant. "Je suis innocent, je me battrai jusqu'au bout," a expliqué le maire sortant. Même si la cour de cassation rejette son pourvoi, ce dernier entend rester maire en cas de réélection. "Je suis sûr que mon innocence sera prouvée," insiste Marc Petit.
L'insécurité au coeur des préoccupations à Firminy
Malgré des chiffres de la délinquence en baisse, le sentiment d'insécurité demeure. Pour Christian Bourbon, qui veut être "un maire de combat" et milite pour une tolérance zéro, "il faut que le maire de Firminy reprenne les affaires en main, un maire au-dessus de tous soupçons." "On va devoir agir sur la sécurité résidentielle avec la remise en place de médiateurs. La police municipal doit avoir des moyens. La ville doit être classée en quartier de reconquête républicaine. Enfin, il faut travailler avec le parquet pour avoir un suivi de la délinquance".
Le candidat LR Julien Luya veut "redéfinir le rôle de la police municipale", dans certains quartiers comme Firminy Vert ou Layat. "Il va falloir aller au contact de ces jeunes... il faut que le maire réaffirme son autorité sur le terrain et faire preuve d'une intolérance vis à vis de ces actes."
Le candidat mise sur une "politique de harcèlement" et des sanctions. "Le maire doit affirmer ses pouvoirs de police", précise le candidat LR qui affirme que "les gens ont peur". Une affirmation confirmée par Anne-Sophie Putot. Mais la candidate de la gauche mise aussi sur la prévention et le travail avec les associations. Selon elle, "la police municipale doit travailler en lien avec la police nationale".
Marc Petit retorque à l'adresse de Julien Luya: "qui a supprimé la gendarmerie à Firminy ?".
Pourquoi autant d'insécurité ? Pour Christian Bourdon : "le maire est responsable de cette dérive." Marc Petit convient que la ville manque de policiers nationaux. Julien Luya propose une "mutualisation des caméras à l'échelle de la vallée de l'Ondaine" pour une plus grande efficacité. Pour la candidate de la gauche, la politique de vidéosurveillance et vidéoverbalisation représente du "curatif" et non du "préventif". Christian Bourdon convient que la prévention a un rôle essentiel mais "il faut aussi redonner du travail à ces jeunes et on pourra faire baisser la délinquance".
La transition écologique : les propositions des candidats
Pour Anne-Sophie Putot, "le réchauffement climatique n'est pas un fantasme. On veut développer les modes de déplacement doux (pistes cyclables)." Sur la question des déchets. Sur l'alimentation saine, la candidate va proposer du "maraîchage urbain" avec "les incroyables comestibles", "on élira des éco-délégués dans les conseils de quartiers" et enfin, la candidate vise les transports urbains gratuits.
Marc Petit revient sur le bilan vert de la commune, pionnière en matière de transition écologique dans la Loire. Il évoque notamment la "régie agricole municipale" (qui a produit l'an dernier 6 tonnes de légumes bio pour les cantines et les Ephad), "une réussite exceptionnelle," d'après le maire sortant. Marc Petit prend l'engagement de parvenir à "75% d'alimentation bio ou circuits courts pour les enfants des cantines scolaires".
Sur ce point, le candidat Christian Bourdon dénonce "une ânerie complète", notamment sur le plan financier et agricole. "Elle va nous coûter entre 50 000 et 60 000 euros par an". Il préfère se tourner vers des structures qui font de l'insertion et des "ingénieurs agronomes qui savent faire".
Julien Luya, en accord avec Christian Bourdon sur ce point : "ne voit pas l'utilité pour une mairie de planter les légumes. On est dans une région agricole, on a le Pilat, le Forez, le maraîchage, toute une économie solidaire." Il dénonce une forme de greenwashing :"Il y avait besoin d'une mesure d'affichage". Pour le candidat LR, la transition écologique passe notamment par l'éducation, en lien avec les écoles et "nous n'avancerons pas une politique publique sans un argument écologique".
Anne-Sophie Putot, sur la question de la gratuité des transports : "A Dunkerque, ça fonctionne mais c'est un choix politique fort" qui a eu une incidence sur la baisse de la délinquance.
Manque d'investissements à Firminy, c'est le reproche que font Christian Bourbon et Julien Luya au maire sortant.
Les commerces désertent le centre-ville: comment redynamiser le coeur de Firminy ?
Pour le candidat LR Julien Luya, "il faut soutenir le commerce de centre-ville," notamment avec du stationnement gratuit et grâce à "un projet d'urbanisme ambitieux." "Il va falloir définir un périmètre de coeur de ville et préempter ! Aujourd'hui l'immobilier ne vaut plus rien à Firminy, un fonds de commerce ne vaut plus rien". "La préemption commerciale est un outil fort relancer le commerce, pour garantir une mixité dans l'offre commerciale."
Pour Christian Bourdon, le déclin de la ville date du démantèlement de Creusot-Loire. "Les syndicats ont cherché à défendre leur outil de travail. On a acheté la paix sociale et l'outil de travail a été détruit. Firminy n'est plus une ville de salariés. Les retraités avec les gens au chomage représentent près de 50% des habitants. Comment voulez-vous que les commerces fonctionnent à Firminy ? Il y a un problème de pouvoir d'achat. Aujourd'hui il faut faire revenir les entreprises," explique le candidat. "Il faut réindustrialiser la ville", "aller au contact" et "embaucher un responsable économique".
Anne-Sophie Putot milite pour des commerces éphémères : "on use du droit de préemption et on fait venir des entreprises". La candidate qui note que les touristes viennent à Firminy pour le site Le Corbusier mais milite pour des actions permettant d'augmenter cette attractivité, notamment en diversifiant l'offre touristique. Enfin, la candidate a pour ambition de créer une ruche d'entreprises, un espace de co-working.
Pour Marc Petit défend son bilan et évoque l'attractivité de Firminy. "On veut aller plus loin sur la préemption" grâce à une opération de rénovation urbaine.
Julien Luya, la solution : "le patrimoine Le Corbusier peut être un bon vecteur mais je crois en la Métropole". Pour le candidat LR, l'union fait la force : "la Métropole a une caisse de résonnance plus forte (qu'une ville seule) pour faire venir les entrepreneurs".
Si vous êtes élus le 22 mars, quel maire serez-vous ?
"Une maire proche des gens. On les sent abandonnés." (Anne-Sophie Putot),
"Un maire qui va relever le défi de l'emploi. C'est l'économie qui va tirer la ville de son déclin" (Christian Bourbon)
"Je veux rester moi-même. Je veux répondre aux urgences avec mon équipe, redonner de l'espoir et remobiliser les forces vives de la commune, être un lien et un chef d'orchestre," (Julien Luya)
" Les Appelous me connaissent et savent que je serai toujours à leur écoute. Pas de belles paroles." (Marc Petit)
Votre première action ?
"Faire revenir le vivre ensemble"(AS.Putot)
" Le vivre ensemble, le lien social et la lutte contre l'insécurité" (J.Luya)
"Penser au personnel municipal qui actuellement est traumatisé" (C.Bourbon)
"Tous les engagements se battre dès le premier jour pour les mettre en oeuvre" (M.Petit)
Focus sur deux thèmes
Parmi les thèmes qui seront abordés lors de ce débat, un focus sur la question de la lutte contre l'insécurité (cambriolages, trafic de drogue, vols de véhicules, dégradations...etc). Les quatre candidats sont particulièrement attendus par les Appelous. Dans la commune ligérienne, c'est un sentiment d'insécurité qui gagne du terrain malgré les chiffres. On note une baisse de la délinquance entre 2016 et 2019 avec une diminution générale du nombre de faits de 12,1%.Autre thème fort de la soirée : la préservation des commerces du centre-ville. Fin 2019, Fiminy compte 494 établissements de commerce selon la CCI. Ils étaient 465 en 2014. Vitrines mortes, rues désertes, le centre-ville souffre et les Appelous constatent ce phénomène au quotidien. Comment soutenir les commerces du centre-ville ? En améliorant le stationnement ? En permettant l'implantation de start-up? En créant des espaces de co-working ? Autant de questions qui seront posées aux candidats lors du débat.
Firminy en chiffres
A la limite du Parc du Pilat, la commune de Firminy compte 17 135 habitants. C'est la 4e ville du département de la Loire. La ville est traversée par l'Ondaine et par le bassin houiller de la Loire. Mais le dernier puits de mine a disparu de la commune en 1918. A Firminy, le taux de pauvreté s'élève à 20% de la population (contre 14,2% pour le reste de la France). Quant au revenu médian par ménage, il s'élève à 17 820 euros. La ville est connue pour son patrimoine Le Corbusier. La ville regroupe un grand nombre d'oeuvres réalisées entre 1961 et 1968 (une unité d'habitation, une église, la maison de la culture et le stade). C'est son plus grand ensemble architectural en Europe.Les enjeux à Firminy
Quatre candidats à la mairie de Firminy, un nombre de prétendants exceptionnel pour le fauteuil de maire. L’ancien communiste Marc Petit dirige la ville depuis 2008. Le maire sortant brigue aujourd'hui un troisième mandat. Malgré une condamnation pour agression sexuelle en première instance, puis en appel, il a décidé d’être candidat à sa succession. Toujours présumé innocent, Marc Petit n'a pas épuisé tous les recours: il s'est pourvu en cassation. L'affaire n'est donc pas terminée mais elle risque de peser lourd sur la campagne des municipales. Car Marc Petit a été exclu du Parti Communiste après ses démêlés judiciaires. Le PCF a retiré son soutien au maire sortant. Une liste d’union de la gauche (PC, PS, FI, Génération-S) est conduite par Anne-Sophie Putot. Elle n'a jamais été élue. La candidate devra cependant compter avec des sympathisants de gauche qui soutiennent le maire sortant.Encarté chez La République en Marche, Christian Bourdon mène une liste qui a rallié une élue socialiste expérimentée avec Laurence Juban. A droite, c'est le leader du groupe d'opposition municipal Julien Luya qui est tête de liste. Il est également conseiller municipal d'opposition depuis 2014. Enfin, il est attaché parlementaire du député LR Dino Cinieri depuis près de 20 ans.
Concernant le Rassemblement National (RN), arrivé largement en tête aux européennes (28%), il ne présente aucune liste à Firminy.