REPLAY - Municipales 2020 : Ce qu'il faut retenir du débat à Roanne dans la Loire

Focus sur Roanne, dans la Loire, où quatre listes vont s'affronter pour le 1er tour des municipales. Le maire sortant Yves Nicolin, avec déjà deux mandats à son actif, est candidat à sa réélection. Parmi les thèmes sensibles de la campagne: le projet d'installation de l'entreprise ID Logistics.

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A Roanne, ce sont quatre listes qui sont en lice pour ce premier tour des élections municipales. Un débat était organisé sur le plateau de France 3 Rhône-Alpes ce mercredi 4 mars avec la présence des quatre têtes de liste. Un débat présenté par Claire Exbrayat (France 3) et Véronique Narboux (France Bleu Saint-Etienne Loire).
 

Les invités : 

  • Yves Nicolin (maire sortant - LR) - Liste Roanne Passionnément
  • Brigitte Dumoulin (PS - Radicaux de gauche et Génération S.) - Liste A Gauche pour Roanne
  • Andrea Iacovella (LREM) - Liste Réussir Roanne Ensemble
  • Franck Beysson (Collectif 88%, EELV, LFI, PC) - Liste Collectif 88%
 

Ce qu'il faut retenir du débat

L'emploi :
Après une longue période de récession, la ville de Roanne renoue enfin avec le dynamisme. Les entreprises recrutent. Pour preuve ce chiffre : 4703 offres d'emplois dans le Roannais pour l'année 2019. Pourtant une offre sur deux est jugée difficile à pourvoir. Des campagnes de communication ont été menée par le candidat sortant pour attirer des candidats et des salariés. Mais quelles sont les propositions aujourd'hui du maire sortant en direction des chômeurs roannais ? Peut-être y a-t-il un problème de qualification pour ces derniers ? 

Le maire sortant Yves Nicolin se réjouit mais souligne un problème d'adéquation entre l'offre et la demande : "c'est une bonne nouvelle que Roanne redécolle et que des emplois se créent par centaines. Aujourd'hui nous avons des demandeurs d'emplois qui restent nombreux et qui n'ont pas les profils adaptés à ce que recherchent les entreprises. Le défi, le challende, de demain est d'agir sur la formation", évoquant à la fois la formation initiale ou la formation continue.  

Sur cette question de la formation, le candidat LREM Andrea Iacovella propose notamment de la formation pour les chômeurs via "e-learning", soit de la formation et l'enseignement à distance par internet. Est-ce adapté pour l'urgence de chômeurs de longue durée et des entreprises avec un besoin en main d'oeuvre industriels ? Pour Andrea Iacovella, "les dispositifs d’apprentissage à distance sont complexes à mettre en oeuvre et doivent être ciblés. Il y a des organismes qui sont spécialisés en particulier pour les gros décrocheurs. Il y a des systèmes mixtes (en e-learning et en présentiel) expérimenté par Pôle Emploi et mis au point par des start-up." Et il précise: "ce type de formations peut être aussi utilisé pour la montée en compétence des entreprises. Cette montée en compétences est nécessaire pour que les entreprises innovent." Enfin, "l'employabilité est aussi un autre facteur important du développement de l'emploi avec des systèmes de formation spécifiques". Andrea Iacovella met l'accent dans son programme sur la constitution d'un pôle de formation à Roanne. 
 
La formation : la proposition du candidat A.Iacovella - 4/3/20 ©France 3 RA

Pour les entreprises qui doivent recruter et qui voient la main d'oeuvre partir vers de grosses entreprises, le candidat LREM a conscience que dans ce bassin d'emplois nécessite une "montée en compétences" de la main d'oeuvre locale peu qualifiée. Et par ailleurs, selon lui, un dispositif permettant de rassurer les investisseurs est une machine à renforcer l'attractivité du Roannais.

Comment adapter la formation pour faire monter la main d'oeuvre en qualification? Pour Brigitte Dumoulin, candidate socialiste et enseignante depuis 30 ans en lycée professionnel : "nous avons déjà sur le Roannais des formations qui sont liées à l'histoire industrielle de Roanne. Depuis 30 ans, je forme des jeunes dans le textile, dans la productique mécanique, dans la maintenance des équipements industriels." Brigitte Dumoulin souligne l'importance de la défense de ces formations professionnelles: "Ces formations on doit les garder. Elles sont menacées par une répartition peu judicieuse de la formation au niveau du Rectorat," souligne la candidate. Il faut selon elle, "faire connaître" ces formations. la tradition ouvrière de Roanne, nous avons "paradoxalement" des formations "encore peu connues." Et elle va plus loin : "les familles n'ont pas trop envie de voir leurs enfants dans ces formations-là alors que nous avons de belles formations techniques qui permettent un beau parcours professionnel jusqu'à des études hautement qualifiantes." "Les entreprises Roannaises ont besoin de ces jeunes très formés". Pour la candidate, il existe aussi des "dispositifs de remise dans l'emploi" qui doivent être renforcés. 
 
Maintenir et valoriser les formations professionnelles (Brigitte Dumoulin) ©France 3 RA


La question des emplois industriels est un point de rupture entre Brigitte Dumoulin et le candidat Franck Beysson (Collectif 88%). Ce dernier préconise "d'autres types d'emplois avec un modèle économique à construire, basé sur les métiers et les filières nécessaires à la transition écologique." Le constat de Franck Beysson: "depuis 40 ans, il y a un modèle économique libéral, mondialisé, capitaliste qui détruit l’emploi sur le roannais (industrie, textile)". Le candidat ne soutient pas le projet de la plateforme ID Logistics (projet qui doit s'installer à Bonvert), "dans la presse on va entendre qu'on est contre l'emploi pour préserver des terrains." Pour Franck Beysson," ID Logistics est une entreprise qui soutient la grande distribution et le e-commerce. Ces filières développées depuis 40 ans sur le Roannais ont détruit trois emplois quand elles en créaient un. Elles viennent concurrencer les petits commerçants et le tissu local (....) Notre position: stop à cette économie destructrice de l’emploi, qui casse l’humain et qui est destructrice de l'écologie." 
Réaction du maire sortant aux propos du candidat du Collectif 88% qui affirme que le modèle détruit de l'emploi depuis plusieurs décennies: "on prouve au contraire que dans le Roannais on est en train d'en créer. Nous avons 300 emplois qui arrivent et un candidat dit aux Roannais -nous ne voulons pas de 300 emplois ! " "Nous ne voulons pas de la destruction des emplois collatéraux," retorque Franck Beysson. Le maire sortant réplique: "il faut se mettre à la place de celles et ceux qui sont au chômage et leur dire - Je refuse que vous trouviez un emploi chez ID Logistics - vous êtes peut-être en rupture avec ce type d'emplois, je pense qu'il y a de la place pour tout le monde.".
 
A propos de l'implantation de l'entreprise ID Logistics à Roanne... Yves Nicolin s'oppose à Franck Beysson (extrait) ©France 3 RA
"Heureusement que Mme Dumoulin et le PS ont été en rupture avec vous, ce qui prouve qu'il y a un peu de bon sens dans cette gauche!" assène le maire sortant. De son côté, Franck Beysson évoque "une entreprise qui envisage de la robotisation"... et dénonce une entreprise qui participe à un modèle qui cherche à faire des profits. Pour Brigitte Dumoulin, qui pense aussi aux salariés seniors, "il faut garder des emplois industriels, c'est une réalité de notre territoire".

L'écologie:

Le programme du maire sortant Yves Nicolin parle de mise en place de poubelles jaunes pour les déchets recyclables. "On en est encore là, pas seulement à Roanne, mais partout en France. 70% de ce que vous avez dans votre poubelle ne devrait pas y être. Quelque soient les modèles de tri ou de collecte, on a des progrès à faire partout"…Après étude,"on se rend compte que la plus grande pertinence est la collecte en porte à porte (du papier et des emballages), grâce à la poubelle jaune". Un dispositif pour "mieux trier"Yves Nicolin revient sur son bilan écologique: "depuis 2014, l’agglomération de Roanne a coché toutes les cases en matière de développement durable (isolation, production d'énergie verte). Nous avons déjà fait beaucoup de chose...On va passer à la vitesse supérieure. Et il n'y aura pas que les déchets."
La candidate socialiste veut "afficher Roanne comme une ville agricole. Nous sommes un espace urbain qui doit mesurer la richesse de sa ruralité." Et concernant le monde rural roannais: "il faut faire connaître nos produits. Notre marché de producteurs de proximité est exceptionnel; il faut les promouvoir, et promouvoir la ruralité."
Le candidat Andrea Iacovella mise sur l'usage du vélo et s'est interrogé sur la cohabitation avec la voiture. Il faut "introduire la mixité des modes de déplacement." Il faut aussi " accompagner et inciter." Comme méthode de travail, le candidat LREM veut faire appel à des simulations. Il est nécessaire selon lui de s'appuyer sur des débat citoyens, des concertations citoyennes. 
Pour Yves Nicolin, la concertation est menée depuis plusieurs années. Dans les projets du maire sortant: la création de 50 km de pistes cyclables. "Nous avons mis en place une aide à l'acquisition de vélos à assistance électrique... nous avons mis en place le plus grand réseau de la Loire de bornes de recharge pour les véhicules électriques." Le maire mise sur une "écologie incitative et non punitive".
Pour Franck Beysson, il faut réduire le nombre de voitures. La production de véhicules électriques à l'échelle mondiale est impossible selon le candidat. Il faut développer transports et les déplacements à vélo. "On ne peut pas dire qu'on fait de l'écologie, alors que l'on soutient l'extension d'un golf de
30 hectares, on ne peut soutenir ID Logistic et l'artificialisation des sols...."
énonce le candidat de Collectif 88%.
La voiture électrique n'est pas une solution pour le candidat Franck Beysson - 4/2/20 ©France 3 RA


Redynamiser le centre-ville de Roanne:

Le taux de vacance des commerces reste modéré (moins de 10%) mais de nombreuses boutiques ont baissé le rideau. Le maire sortant soutient le projet de requalification de l'îlot Foch-Sully, à l'entrée du centre-ville. Un projet de 28 000 m² avec commerces, logements et un hôtel qui ne fait pas l'unanimité. 
Franck Beysson évoque un projet qui rime avec destruction du patrimoine. Le candidat ne soutient pas le projet sur le fond évoquant "un désastre" et "un projet sur-dimensionné". 
Brigitte Dumoulin évoque également son inquiétude concernant la concurrence entre le projet Foch-Sully et les commerçants du centre-ville. Le projet inquiète selon elle les Roannais: "on ne voit pas comment on va le lier au quartier Bourgogne, comment va s’amménager le projet et se passer les flux liés à ce projet." 
Pour Yves Nicolin, ce projet a été voulu par les commerçants et soutenu par la chambre de commerce. Le but : "empêcher que le commerce se développe en périphérie". Le projet avance bien selon l'ancien maire "avec une enveloppe de 25 millions déjà financée.". Quant à Andrea Iacovella, il est "assez favorable" au projet Foch-Sully. 
 

Voir le débat 

 

Les thèmes de la soirée

L'emploi et la formation,
l'écologie
la redynamisation du centre-ville

Roanne en chiffres

Roanne est la commune la plus dense de la Loire. C'est également la troisième commune du département en nombre d'habitants après Saint-Étienne et Saint-Chamond. La ville compte 34 366 habitants, selon le dernier recensement. Une ville marquée par une population qui décroît. En 1975, la ville comptait en effet 20 000 habitants de plus. Le taux de pauvreté à Roanne est de 23%, soit 9 points de plus que la moyenne nationale (14,2%). Le revenu médian de la commune se situe autour des 15 900 € par an. La ville est traversée par la Loire et 1993, le port de commerce s'est reconverti en port de plaisance. 
L'industrie textile était très présente dans le Roannais dès le début du 19e siècle. Le textile est encore aujourd'hui l’un des piliers de l’économie locale. Roanne est également une terre de gastronomie, berceau de la maison étoilée Troisgros depuis 1930. 
 

Les enjeux à Roanne

Quatre listes sont en lice à Roanne pour ce premier tour des élections municipales 2020. On note qu'il n'y aura pas d'union de la gauche dans cet ancien bastion socialiste. Une gauche qui apparaît divisée et fragilisée. Les socialistes partent seuls, ils n’ont pas réussi à faire entente avec le parti communiste, les Verts et le Collectif 88%. A l'origine de la discorde à gauche: le projet de la zone d'activité Bonvert avec l'implantation d'une plateforme logistique. 

C'est Brigitte Dumoulin, encartée au Parti Socialiste, conseillère départementale et conseillère municipale d'opposition, qui a été investie par le PS et sa liste est soutenue par Génération S. La liste rassemble aussi des citoyens non encartés et des Radicaux de gauche. 

De son côté, Franck Beysson est éducateur à l'environnement (sans étiquette). Il conduit la liste citoyenne Collectif 88%. Il rassemble des militants communistes, écologistes et non encartés. Ce collectif est né en 2017 pour dénoncer de manière humoristique et satirique la hausse des indemnités d'élu d'Yves Nicolin à la mairie et la collectivité Roannais Agglomération.

Le candidat Andrea Iacovella, qui a été maire de la commune ligérienne de Sainte-Colombe-du Gand de 2008 à 2012,  est candidat sous l'étiquette LREM. L'ingénieur informatique à la retraite a été désigné par la commission nationale d'investiture. Il est peu connu à Roanne. 

Ancien bastion socialiste, Roanne a connu l'alternance au cours des trois dernières élections municipales. En 2001, le député Yves Nicolin avait emporté la ville détenue depuis 1977 (4 mandats successifs) par le socialiste et ancien ministre du Travail Jean Auroux. C'est ensuite Laure Déroche qui avait réussi à faire revenir Roanne dans l'escarcelle du PS en 2008, avant de la perdre aux dernières municipales de 2014.
Le maire sortant LR Yves Nicolin, qui a lancé sa campagne depuis début octobre, a donc déjà l'expérience de deux mandats dans cette ville: de 2014 à 2020 et de 2001 à 2008. Yves Nicolin brigue un troisième mandat de maire à Roanne. Egalement président de Roannais Agglomération, il part grand favori de ce scrutin. Il avait annoncé une liste renouvelée à 60%. Promesse quasiment tenue avec 56,5% de nouveaux colistiers (17 adjoints ou conseillers municipaux sortants et 22 nouveaux venus). Yves Nicolin a également été député de la 5e circonscription de la Loire de 1993 à 2017. 

Pas de liste pour Michel Lucas (Rassemblement National) et Jean-François Vial (sans étiquette). Le secrétaire départemental RN s'était lancé dans la bataille après le retrait de la candidature de Norbert Chetail. Le Rassemblement National sera donc absent de la course à la mairie de Roanne. 

Retour sur les municipales 2014

En 2014, c'est Yves Nicolin (liste Union de la Droite) qui s'était imposé au premier tour avec 43,27% des voix devant la candidate et maire sortante socialiste Laure Déroche créditée de 29,41% des suffrages. La liste Front National conduite par Sarah Brosset avec dépassé les 15% et s'était maintenue. Au deuxième tour, c'est donc une triangulaire qui avait eu lieu à Roanne, remportée par Yves Nicolin avec 50, 92% des voix, loin devant Laure Déroche (34,88%) et le Font National (14,19%). 
 

Retrouvez l'ensemble des débats sur la carte



 
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