Une séance de tirs au but fatale, un envahissement de terrain avec des tirs de fumigènes et des échauffourées en dehors de son stade Geoffroy-Guichard: Saint-Étienne, battu 1 à 1 (5-4 t.a.b.) par Auxerre dimanche 29 mai, a fait ses adieux à la Ligue 1 dans le plus grand chaos. Les échauffourées ont fait une trentaine de blessés légers au total.
Dimanche soir, sitôt le dernier tir au but réussi de l'Auxerrois Birama Touré, synonyme de victoire des Bourguignons qui retrouvent la Ligue 1 après dix ans d'absence, le terrain a été envahi par des milliers de supporters en colère. Certains ont envoyé des engins pyrotechniques en direction de la tribune officielle protégée par les forces de l'ordre.
Les joueurs stéphanois, entourés par les stadiers, se sont aussitôt précipités, comme les autres acteurs du match, vers les vestiaires. "Après le match, j'ai flippé car j'ai pris des bombes lacrymogènes, comme mes joueurs", a commenté l'entraîneur auxerrois, Jean-Marc Furlan. "Nous nous sommes comptés pour savoir s'il n'en manquait pas. Ces incidents sont très tristes."
Selon la préfecture de la Loire, deux joueurs auxerrois ont été légèrement blessés dans les échauffourées et le stade Geoffroy-Guichard risque à nouveau de graves sanctions alors même qu'il se trouve en sursis car multirécidiviste de ce genre d'incidents.
Dimanche, la tribune Snella était fermée à la suite d'incidents à l'occasion de la réception de Monaco, le 23 avril dernier, une sanction qui n'a pas freiné les incidents de la fin du match.
- A l'extérieur du chaudron, la colère des supporters des Verts dimanche soir
- A l'extérieur du stade. La colère du peuple Vert à l'encontre des joueurs et des dirigeants du club.
- Malgré la présence policière, les supporters ont laissé éclaté leur colère
- Lacrymogène et lancer d'eau -
Les forces de l'ordre ont pénétré aussi sur le terrain et lancé des lacrymogènes pour disperser la foule, pendant que des mouvements de panique agitaient les tribunes. Et les affrontements se sont poursuivis à l'extérieur du stade, nécessitant l'usage de gaz lacrymogène et d'un engin lanceur d'eau, a précisé la préfecture ajoutant que les troubles avaient cessé à 23h15.
Le bilan s'établit à 14 blessés légers parmi les forces de l'ordre et 17 parmi les supporters, "dont trois ont été conduits à l'hôpital pour contrôle", selon la préfète de la Loire Catherine Séguin qui condamne "ces actes inacceptables, irresponsables et indignes". Selon elle, l es 1.154 supporters auxerrois puis les joueurs ont pu quitter le stade à partir de minuit sous escorte policière.
La préfecture de la Loire précise que 250 effectifs de police et de gendarmerie avaient été mobilisés pour cette rencontre.
Réaction de l'ASSE
Dans un troisième et bref communiqué diffusé au milieu de la nuit, l'AS Saint-Etienne "condamne fermement ces agissements, apporte son soutien aux personnes touchées".
Le club assure qu'un "dispositif exceptionnel et renforcé" avait été mis en place, avec 500 agents. Malgré ces mesures, " de nombreux supporters ont envahi la pelouse au coup de sifflet final". "Certains se sont ensuite rendus coupables de plusieurs dégradations et d'actes de violences en direction des acteurs du jeu, des agents de sécurité, des forces de l'ordre et du public de la tribune Pierre-Faurand", précise le club stéphanois. Il indique qu'il "entamera les procédures judiciaires qui s'imposent"
- "faillite collective" -
Le maire de Saint-Etienne Gaël Perdriau a exprimé sa "tristesse" provoquée par la "descente en Ligue 2 de l'ASSE" et condamné les "actes dangereux avec des tirs directs de fumigènes visant du public (...), ainsi que les dégradations et actes de vandalisme" . " Le retour au calme et à l’apaisement est nécessaire", a expliqué l'élu dans un communiqué diffusé au milieu de la nuit.
Le maire fait aussi un constat : " Dans ce genre de situation, il faut, en revanche, avoir le courage de dire clairement qu'il s'agit d'une faillite collective", évoquant "des choix sportifs hasardeux, un effectif de qualité mais dont la trop grande jeunesse, aura été préjudiciable, faute d'expérience, aux moments décisifs de la saison".
La relégation vient sanctionner une saison calamiteuse de Saint-Étienne, qui avait arraché in extremis le droit de disputer les barrages après un résultat nul à Nantes (1-1) lors de la 38e et dernière journée du championnat.
Sur la saison, l'ASSE n'a totalisé que 32 points, ce qui aurait pu l'envoyer directement en Ligue 2. Le miracle espéré avec l'arrivée de Pascal Dupraz, qui avait déjà contribué aux sauvetages de Toulouse (2016) ou Évian-Thonon-Gaillard (2014), n'a pas eu l'effet escompté. Sur les huit derniers matches, Saint-Étienne n'en n'a gagné aucun avec 4 défaites et quatre résultats nuls, dont le dernier s'est conclu par une funeste séance de tirs au but.
"Il ne m'appartient pas, en tant que maire de Saint-Etienne et président de Saint-Etienne Métropole, de m'immiscer dans les choix de la direction du club. En revanche, je ne peux pas ne pas rappeler que le club, avant d'appartenir à ses actionnaires, est celui de l'ensemble de la ville, de la Métropole et de ses habitants", ajoute l'élu dans son communiqué.
Gilles Artigues, adjoint au maire de Saint-Etienne, a également réagi sur twitter : " Bien triste soirée pour notre équipe de coeur et toute notre ville"... Il déplore " un naufrage sportif et des violences inacceptables." "Tout est à reconstruire !" ajoute-t-il. Même si "les grands clubs ne meurent jamais".
Le président du Département de la Loire, Georges Ziegler, a également vivement réagi : "je tiens à condamner avec la plus grande fermeté les incidents intolérables intervenus hier soir au stade Geoffroy-Guichard à la suite de la relégation de l’AS Saint-Étienne en Ligue 2. Je reste aujourd’hui abasourdi, profondément choqué et scandalisé par cette attaque préméditée plongeant le Chaudron dans le chaos", explique-t-il dans un communiqué.
- Prochaine vente du club -
Pourtant, les Verts avaient obtenu à l'aller un résultat nul intéressant (1-1) au stade de l'Abbé-Deschamps, avec un but inscrit à l'extérieur par Zaydou Youssouf qui plaçait l'ASSE en position favorable.
Avec cette victoire, Jean-Marc Furlan obtient avec Auxerre sa cinquième accession en Ligue 1 après celles acquises avec Troyes (2005, 2012, 2015) et Brest (2019).
Côté Vert, c'est la descente en Ligue 2 après 18 saisons consécutives en Ligue1. Aucun joueur ne s'est exprimé devant la presse. L'entraîneur Pascal Dupraz, ne s'est pas présenté en conférence de presse.
Sitôt la relégation consommée, un communiqué des actionnaires, dans lequel ils reconnaissent leur responsabilité dans cet échec, annonçait la prochaine vente du club.
Roland Romeyer et Bernard Caïazzo promettent "une nouvelle importante concernant l'avenir du club et le nôtre", ajoutant qu'" une page essentielle de notre vie se tournera". Dans la plus grande confusion.