Hervé Breuil, candidat du RN de la deuxième circonscription de la Loire, a été pris à partie ce jeudi 20 juin, alors qu'il tractait en fin de matinée sur un marché de Saint-Étienne. Une enquête pour "violence en réunion" a été ouverte à Saint-Etienne, selon le parquet de la ville. Dans cette circonscription, le RN suspend sa campagne.
La fédération départementale du Rassemblement National a décidé de suspendre la campagne dans la 2e circonscription de la Loire, a indiqué Michel Lucas, joint par téléphone ce vendredi matin. La sécurité n'étant plus assurée, a indiqué le responsable. Il est demandé à tous les militants RN de ne plus faire campagne dans cette circonscription. Une décision radicale qui fait suite aux événéments survenus la veille sur un marché de la Ville. Un candidat du RN a été pris à partie lors d'une opération de tractage.
Ce que l'on sait au lendemain des faits
Dans un communiqué du vendredi 21 juin, le procureur de la République confirme que quatre membres ou sympathisants du Rassemblement National, dont Hervé Breuil, ont été "pris à partie" lors d'une opération de tractage sur le marché Albert-Thomas, près de la Bourse du travail, à Saint-Etienne.
Le magistrat est revenu sur les faits : "Après une première altercation verbale sans conséquence, une seconde mettait aux prises ces personnes avec 4 individus au cours de laquelle des insultes étaient proférées et un coup de pied au postérieur était porté à M.Breuil".
Le plaignant a fourni des vidéos et produit un certificat médical lui accordant 2 jours d’ITT. "Un examen par l’UMJ a été requis pour confirmation des conséquences médico-légales de ces faits le concernant," a précisé le procureur.
Hervé Breuil a été hospitalisé car son état de santé, "antérieur aux faits", "justifie des examens approfondis pour évaluer le retentissement que ceux-ci ont pu avoir sur sa personne", a indiqué le procureur David Charmatz. Le septuagénaire doit être entendu par les enquêteurs du service interdépartemental de police judiciaire, ce vendredi 21 juin, au CHU où il reste hospitalisé.
L'enquête se poursuit pour caractériser les faits et identifier les mis en cause, indique le magistrat. Ce dernier souligne que "les deux autres victimes potentielles" ont indiqué vouloir déposer plainte lundi.
Des individus "en repérage"
Hervé Breuil, 70 ans et candidat dans la 2e circonscription de la Loire, a affirmé qu'il avait été "agressé" par "un groupe d'individus masqués".
Contacté ce vendredi matin, Romain, un militant RN de 23 ans donne sa version des faits. Il raconte qu'il se trouvait ce matin-là avec quatre autres militants. Selon lui, alors qu'un groupe de militants LFI tractait sur ce marché stéphanois, des personnes étaient "en repérage". Le jeune militant explique que plusieurs individus, têtes couvertes et visages dissimulés, se sont précipités en hurlant sur le petit comité présent autour du candidat. Ils auraient été bousculés et visés par des jets de légumes pourris. Selon son récit, en quelques minutes, la police appelée par des commerçants et des clients, est arrivée. Les individus avaient déjà pris la fuite.
Porteur d'un pacemaker, Hervé Breuil s'est rendu aux urgences du CHU où il a passé des examens. Les militants qui l'accompagnaient ont appris que leur candidat resterait hospitalisé. Ce vendredi matin, le responsable de la fédération départementale du RN indiquait que l'hospitalisation d'Hervé Breuil devrait durer huit jours. Le candidat ayant fait un AVC après l'agression, a-t-il précisé.
Réactions
Marine Le Pen, la cheffe de file d'extrême droite a accusé "les milices d'ultragauche, soutiens du Nouveau Front populaire", d'avoir "lâchement agressé" le candidat du Rassemblement national. "Une campagne électorale dans une démocratie ne saurait admettre ce déchaînement d'ultraviolence d'une extrême gauche prête à tout pour semer le chaos", a précisé l'ancienne candidate à l'élection présidentielle sur le réseau social X (ex-twitter).
Lâchement agressé par les milices d’ultra-gauche, soutiens du Nouveau Front Populaire, Hervé Breuil, notre candidat à Saint-Etienne, est ce soir toujours hospitalisé. Une campagne électorale dans une démocratie ne saurait admettre ce déchaînement d’ultraviolence d’une… https://t.co/ntkRBU8Kmf
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) June 20, 2024
De son côté, toujours sur le réseau social X, Andrée Taurinya, la députée LFI sortante de cette circonscription, qui se représente sous la bannière du Nouveau Front populaire, a également réagi ce jeudi. "À La France Insoumise, nous bannissons la violence physique en politique. Jamais on ne s'en prendra à un candidat," a écrit la candidate.
Aucune action n'était prévue aujourd'hui au marché Albert Thomas. Nos militants étaient sur le marché Saint-Roch à ce moment là.
— Andrée Taurinya (@AndreeTaurinya) June 20, 2024
A la France Insoumise, nous bannissons la violence physique en politique. Jamais on ne s'en prendra à un candidat. https://t.co/UyI08mVqgi pic.twitter.com/UKFe20K88E
Andrée Taurinya indique également dans son message qu'"aucune action n'était prévue au marché Albert Thomas". "Nos militants étaient sur le marché Saint-Roch," ajoute-t-elle. Cette dernière a publié l'agenda prévu ce jour-là.
Campagne électorale sous tension
Une campagne électorale suspendue dans la 2e circonscription de la Loire, des candidats du RN qui font régulièrement appel au DPS (service d'ordre du parti de Marine Le Pen). L'ambiance qui précède ce premier tour des élections législatives est particulièrement tendue. Elle l'était déjà depuis le début de la campagne des élections européennes, selon Michel Lucas. Depuis cette date, il affirme que six plaintes ont été déposées dans la Loire pour insultes, menaces et agressions. Romain, le jeune militant RN témoin de la bousculade du marché, tempère. L'ambiance avec les militants LFI était plutôt calme durant la campagne des européennes. Selon lui, les rapports se sont tendus avec le lancement des élections législatives. Pour les faits survenus jeudi, ce dernier va porter plainte.