La station de ski de Chalmazel, seule domaine skiable de la Loire recherche des saisonniers pour la saison qui doit démarrer le 18 décembre 2021.
Dans la petite station familiale de Chalmazel, la neige est au rendez-vous à moins de deux semaines des vacances scolaires. Ces 30 centimètres de flocons laissent présager un bel hiver contrairement aux deux années précédentes pour la station des monts du Forez. Et pourtant ... c'est aujourd'hui le manque de saisonniers qui pourrait compromettre cette saison.
Saisons blanches, saisons noires
Hiver 2019, la station de ski avait pâti du manque de neige. Hiver 2020, Chalmazel avait connu une saison blanche mais cette fois-ci à cause du Covid. Les autorités avaient imposé la fermeture. Hiver 2021, le sort semble s'acharner : la station ligérienne doit faire face cette fois à une pénurie de saisonniers. Elle a besoin d’une quinzaine de saisonniers pour fonctionner normalement pendant la saison d'hiver.
Pour Frédéric Gravier, le Directeur de la station de Chalmazel, cette pénurie de personnel est une situation plutôt inédite. Mais elle est loin d'être surprenante au regard de ce que connaissent les grands domaines alpins. "On savait que ça allait être difficile. Mais de là à se dire que ça allait être si difficile ... non !" explique-t-il.
Quand vous voyez que Tignes ou Val d'Isère ont des problèmes de recrutement, vous imaginez qu'à Chalmazel on a des problèmes aussi !
Frédéric Gravier
Du restaurant de la station à la sécurité sur les pistes, le personnel fait cruellement défaut. Malgré les annonces, Chalmazel est confrontée à une pénurie de pisteurs, de perchistes ou encore de serveurs. Ce sont 10 saisonniers qui manquent encore à l'appel à moins de deux semaines des vacances de Noël : 3 personnes pour le restaurant, 3 pisteurs et 4 perchistes pour le télésiège. Soit un tiers des effectifs.
Quand les saisonniers font la loi
Chalmazel doit officiellement ouvrir le 18 décembre et la date approche à grands pas. Alors face à cette pénurie de personnel, le directeur n'a pas d'autre choix que d'accepter les conditions, parfois inattendues, des rares candidats.
"Je ne tiendrai pas. Je crains vraiment trop le froid, physiquement je ne tiendrais pas le coup," explique au bout du fil au directeur de la station, une candidate sensible au froid et au vent. Ce dernier envisage pour la jeune femme, "un poste en restauration". Aujourd'hui, les saisonniers n'hésitent pas à négocier ferme.
"Certains veulent travailler trois jours ou même une journée... si on ne fait pas ça on ne peut pas ouvrir," déplore Frédéric Gravier. "Il y a quatre ans, si une personne m'avait dit ne vouloir venir travailler qu'une journée, je lui aurais répondu de rester chez elle," ajoute-t-il. Mais depuis quelques années, le vent a tourné et les offres d'emploi sont loin d'être prises d'assaut.
Sur les pistes, les moniteurs de l'EFS qui arborent la fameuse combinaison rouge viennent eux aussi à manquer. La station compte 4 moniteurs au lieu des 8 nécessaires. Alors cette année, tous les cours de ski ne pourront pas être assurés. "Il faut se faire du souci. Le jour où il n'y aura plus qu'un seul moniteur, ça va être dur à gérer. Il ne pourra pas tenir et l'Ecole du Ski Français aura du mal à rester implantée," explique Anne-Flore Rey, directrice de l'ESF de Chalmazel.
Station en péril ?
La situation commence même à inquiéter les habitués de la petite station forézienne. Certains s'interrogent sur cette pénurie de main d'oeuvre et ne comprennent pas. "J'ai cru entendre qu'en 30 ans, un quart des stations alpines ont disparu. Est-ce que Chalmazel sera la prochaine sur la liste? On ne le souhaite pas," avance un skieur. Car c'est bien la menace d'une disparition de la station qui fait peur à certains.
Une préoccupation qui dévale jusqu'au village situé en contrebas des pistes. La fermeture de la station serait une menace pour l'activité économique de la commune. En pleine saison, ce sont près de 2000 skieurs qui dévalent chaque jour les pistes. Une manne pour tous.
La responsable de l'auberge locale fait partie de ceux qui s'inquiètent pour l'avenir. Et à juste titre. La clientèle hivernale d'Anne-Marie Chazelle est en effet composée à 80% de skieurs. Une crainte renforcée par l'incertitude de la cinquième vague de Covid. La restauratrice avait déjà mal vécu la saison blanche imposée par la crise sanitaire l'an dernier. Aujourd'hui, elle redoute une nouvelle fermeture imposée. A Chalmazel, entre pénurie de saisonniers et rebond de la pandémie, l'heure n'est pas à l'optimisme.